L’élevage en France : pour un modèle plus soutenable
L’intensification des pratiques d’élevage a profondément transformé le paysage agricole français depuis la seconde moitié du XXème siècle. Les conséquences néfastes pour les écosystèmes et les agriculteurs ont plongé le secteur de l’élevage dans de nombreuses crises. Le WWF se mobilise pour faire évoluer les pratiques des professionnels et des consommateurs vers des modes plus durables.
Un système qui s’effondre
La consommation de viande et de lait mobilise plus de 80% de la surface agricole utile nécessaire à la production de notre alimentation. L’utilisation massive d’intrants chimiques, la conversion d’écosystèmes uniques ou la concentration d’animaux en bâtiments dégradent directement ou indirectement les sols, les milieux aquatiques et l’air. Avec eux, la biodiversité présente sur les parcelles agricoles et les fermes s’en trouve affectée. Partout dans le monde, on observe les impacts désastreux de ce système à bout de souffle. En France, on observe par exemple le déclin des populations d’alouettes des champs. Au Cerrado, c’est le tapir des savanes du Cerrado qui disparaît.
L’intensification de l’élevage a conduit à la mise en place de pratiques cherchant d’abord la rentabilité économique par l’augmentation de la productivité. En plus des dégâts naturels engendrés, l’élevage intensif s’est fait au détriment de la santé des humains et aux dépens des conditions de travail et de vie des éleveurs et du bien-être des animaux d’élevage. C’est la double peine !
Vers la transition agro-écologique
Pour le secteur agricole, limiter le réchauffement climatique à 1,5°C se traduit par une réduction d’au moins 50% de la consommation et de la production des produits animaux d’ici 2050, tout en favorisant des pratiques agroécologiques.
C’est pourquoi le WWF se mobilise pour préserver la biodiversité, réduire les émissions de gaz à effet de serre issues du secteur, tout en garantissant un revenu décent aux éleveurs et une alimentation accessible à tous !
Nous encourageons la transition du système d’élevage vers :
- la diminution de la production et de la consommation de produits animaux ;
- le passage à des modèles de production plus vertueux sur le plan environnemental, socio-économique et du bien-être des humains et des animaux.
Avec des régimes alimentaires moins carnés, l'élevage s'adapte et la taille des cheptels diminue. Tournés vers davantage de pâturage, de plein air et de bio, ces systèmes présentent un intérêt pour favoriser la biodiversité et le stockage de carbone. En parallèle, grâce à l'autonomie protéique des fermes, l’importation de soja réduit mécaniquement, et avec elle la déforestation importée. Grâce à ce cycle vertueux, on réduit la pression sur les écosystèmes naturels en Amérique du Sud.
Pour y arriver, nous encourageons les consommateurs à végétaliser leurs assiettes. Nous faisons pression sur les décideurs pour qu’ils mettent en cohérence les politiques publiques alimentaires et agricoles (PNAN, Plan Autonomie protéique, SNBC, etc.). Enfin, nous mobilisons les acteurs de la chaîne agro-alimentaire (industries et distributeurs) pour soutenir la transition des agriculteurs vers l’agroécologie et une meilleure répartition de la valeur au sein des filières.
Des solutions concrètes
Pour favoriser la mutation agroécologique des modèles d’élevage français, nous avons à cœur de prendre en compte les spécificités des territoires et des filières.
Depuis 2017, nous travaillons avec le réseau CIVAM (Centres d’Initiatives pour Valoriser l’Agriculture et le Milieu rural) pour démontrer la pertinence socio-économique des exploitations en agriculture durable. Dans une étude conjointe menée en 2017 puis en 2018, nous avons observé que les exploitations en Agriculture Durable en bovin lait, lorsqu'elles ont largement recours au pâturage, sont globalement plus performantes sur le plan économique et social que les exploitations laitières conventionnelles, et ce malgré une production de lait moins importante.
En 2020, nous avons réalisé une étude pour mieux comprendre les modes de production existants et leurs impacts avérés.
En parallèle, nous nous associons à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire pour subventionner l’agroforesterie. Notre objectif est de sensibiliser les acteurs agricoles sur l’importance de l’arbre pour leur exploitation, d’un point de vue écologique (restauration de la fertilité des sols, diversification de la production des parcelles, amélioration de la qualité de l’eau et des niveaux de biodiversité) mais aussi économique ! Ce suivi rapproché s’accompagne de formations techniques et d’échanges entre agriculteurs pour la plantation et l’entretien des arbres. D’ici 2023, plus de 40 000 arbres seront plantés entre les parcelles agricoles, sous formes de haies, de bosquets et d’arbres fruitiers.