Initiative "Logistique & Transport"
Des entreprises de la logistique et du transport rejoignent le WWF France pour répondre aux enjeux du commerce illégal d'espèces sauvages, quatrième activité transnationale organisée la plus lucrative après le trafic de drogues, de biens contrefaits et d’êtres humains.
Pour approfondir le sujet :
Criminalité, Levier d'action : transformer les marchés, Wildlife Crime InitiativeFaire obstacle au commerce illégal d'espèces sauvages, qui menace la biodiversité
C’est en moyenne le nombre de constatations portant sur des espèces protégées par la CITES réalisées chaque année par la douane française.
Le commerce illégal d'espèces sauvages est une activité prospère, désormais orchestrée par des groupes criminels organisés à l’échelle transnationale. Structurés pour répondre à la demande de spécimens issus de la faune et de la flore sauvages, ils tirent profit des liaisons commerciales existantes (maritimes, aériennes, postales, etc) au travers de méthodes de dissimulation et de fraude multiples et parfois sophistiquées.
Sur les itinéraires du commerce illégal d'espèces sauvages, la France apparaît comme un pays de transit et de consommation important, mais également comme un pays source pour certains spécimens (comme par exemple, les anguilles européennes) : depuis 2003, la douane française réalise en moyenne chaque année 536 constatations portant sur des espèces protégées par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES). Parmi les saisies réalisées en France entre 2006 et 2017, 44% ont eu lieu dans les aéroports, 12% sur des courriers ou colis et 6% dans les ports[1] .
A l’échelle internationale, le secteur du transport maritime est particulièrement impacté par le commerce illégal d’espèces sauvages. A titre d’exemple, au moins 54% des saisies d’écailles de pangolin ayant eu lieu entre 2016 et 2019 (soit 206,4 tonnes) ont été réalisées sur le secteur maritime[2].
C’est pourquoi le WWF France a souhaité construire une démarche collaborative cherchant à accompagner des entreprises françaises de la logistique et du transport dans la prise en compte des risques liés au commerce illégal d’espèces sauvages, et à les appuyer dans la sensibilisation de leurs parties prenantes.
Une initiative pour adapter les pratiques du secteur de la logistique et du transport
Sept entreprises du secteur français de la logistique et du transport ont choisi d’associer leurs expériences et leurs expertises à celle du WWF France : Air France, Aircalin, Aéroport de Lyon, Paris Aéroport, la Compagnie Fruitière, CMA CGM, et le Groupe La Poste. Pendant un an, ce groupe de travail mettra en œuvre une feuille de route commune avec l’objectif de diminuer le risque que le commerce illégal d’espèces sauvages exploite leurs liaisons commerciales, et de rendre cette activité plus difficile à mettre en œuvre pour les réseaux criminels qui l’organisent.
Concrètement, l’initiative permettra de favoriser la diffusion d’informations sur le commerce illégal d’espèces sauvages, d’identifier de potentielles zones de vulnérabilité sur les chaînes de transport, et de développer des outils qui permettront d’atténuer les risques que les trafiquants les exploitent, en mobilisant les parties prenantes pertinentes au sein de chaque organisation, en particulier les collaborateurs au sein de l’entreprise. L’ambition de ce groupe d’acteurs moteurs sur ce sujet est également de sensibiliser le secteur et d’entraîner d’autres acteurs dans leur sillage.
« La mobilisation des acteurs de la logistique et du transport est cruciale pour faire face aux trafics qui exploitent les itinéraires commerciaux. L’adoption récente de Lignes directrices de l’Organisation Maritime Internationale destinée à renforcer la lutte contre le commerce illégal d'espèces sauvages est une illustration de l’attention croissante accordée à ce sujet dans l’agenda politique et au sein du secteur. Cependant, si la problématique du commerce illégal d'espèces sauvages est de mieux en mieux appréhendée par le secteur, il est nécessaire de renforcer le passage à l’action et que des entreprises démontrent leur leadership dans l’adoption de mesures pour la prévention et la détection de cette activité illégale. Cette initiative va agir comme catalyseur en la matière. » Stéphane Ringuet, Responsable du Programme Commerce des Espèces Sauvages du WWF France.
Visionnez la vidéo en anglais : https://youtu.be/ZdI95-eEwTI
[1] WWF France (2020). Rapport Break the chain – Comment le secteur français de la logistique et du transport peut lutter contre le commerce illégal d'espèces sauvages
[2] Wildlife Justice Commission (2020). Scaling up: The Rapid Growth in the Industrial Scale Trafficking of Pangolin Scales 2016-2019