Cap sur la restauration
Aujourd’hui, il ne s’agit plus seulement de protéger la nature. Nous devons aussi nous efforcer de restaurer les milieux déjà dégradés et les espèces menacées. A l’aube des votes au Parlement européen qui auront lieu entre mai et juillet prochain, le WWF appelle à l’adoption d’une loi ambitieuse pour tenter d’inverser la perte de la biodiversité dans l’UE et atténuer ainsi les effets du réchauffement climatique. Cap sur le vivant !
Pour approfondir le sujet :
Nos champs d'actionDonner un second souffle à la nature
81% des habitats protégés sont dans un état de conservation mauvais ou moyen.
Notre planète est abîmée.
En Europe, 81% des habitats protégés et 63% des espèces sont dans un état de conservation mauvais ou moyen. Heureusement, la nature dispose d’une immense résilience, autrement dit, d’une formidable capacité à se remettre des chocs. Après un incendie, une tempête ou une pollution chimique, les sols feront de nouveau naître la végétation et les espèces recoloniseront petit à petit l’endroit. Dans la plupart des cas, pourvu qu’on lui en laisse le temps, la nature cicatrise et renaît.
Mais du temps, il nous en reste peu justement. Actuellement, le rythme d'extinction est 100 à 1000 fois supérieur au taux naturel. Si nous voulons que la vie sauvage reprenne ses droits là où nous avons contribué à son déclin, nous devons l’aider. Au WWF, nous le savons bien. Alors que la biodiversité s’effondre, nos équipes s’efforcent de restaurer la vie.
Réintroduire des espèces dans leurs milieux originels, replanter des propagules de palétuviers pour faire renaître les forêts de mangroves ou encore reconstituer des prairies sous-marines dans les océans… chacun de ces projets de restauration écologique suscite un nouvel espoir.
Nos projets de restauration
Pour une loi européenne ambitieuse
La France doit jouer un rôle pionnier dans l'adoption d'une loi européenne forte sur la restauration et commencer dès maintenant à restaurer les écosystèmes de notre pays.
En juin dernier, la Commission européenne a présenté un projet de loi sur la restauration de la nature. Par son ambition, cette proposition législative constitue un jalon historique pour non seulement mettre fin à la perte de la biodiversité en Europe et permettre sa régénération, mais aussi pour atténuer le changement climatique et mieux s’adapter à ses effets alors que les évènements climatiques extrêmes se multiplient. Pour la première fois, un objectif contraignant de restauration sur 20% des terres et mers européennes en 2030 est posé. Il sera décliné dans des plans nationaux obligatoires.
MAIS IL FAUT ALLER ENCORE PLUS LOIN !
Aujourd’hui, nous appelons le Parlement et les Etats membres à adopter, d’ici fin 2023, une loi qui soit à la hauteur des défis et de l’urgence, et qui réponde aux engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat et de l’Accord de Kunming-Montréal sur la biodiversité. Pour cela, nous les appelons à soutenir et à renforcer cette proposition, notamment en réhaussant l’ambition des objectifs de restauration des cours d’eau et des écosystèmes agricoles, ainsi qu’en renforçant le mécanisme de suivi et de redevabilité pour une mise en œuvre à la hauteur de l’urgence. La France doit jouer un rôle pionnier dans l'adoption d'une loi européenne forte sur la restauration et commencer dès maintenant à restaurer les écosystèmes de notre pays.
Nos principales demandes
- D’ici 2030 une restauration à grande échelle de la nature est lancée dans toute l’Union européenne, avec des objectifs contraignants et des budgets ambitieux associés.
- Des mesures de restauration sont mises en place sur tous les écosystèmes dégradés en 2040 au plus tard pour pouvoir atteindre la neutralité carbone en 2050 et éviter de franchir des points de bascule irréversibles.
- La continuité écologique d’au moins 15% des rivières est restaurée en supprimant les obstacles physiques.
- En 2030, au-moins 10% de la surface agricole utile nationale abrite des éléments du paysage à haute biodiversité, tels les haies, leur rôle majeur étant reconnu dans le maintien de la biodiversité, l’atténuation du changement climatique et la résilience des systèmes agricoles.
- Les efforts de restauration sont couplés avec des objectifs de protection pour empêcher la dégradation des écosystèmes restaurés et/ou encore intacts.
Restaurer la nature, c’est restaurer notre meilleur allié pour faire face à la crise climatique.
La restauration, qu'est-ce que c'est ?
Alors que les pressions sont croissantes sur les espaces et les espèces, la seule protection des écosystèmes ne suffit plus. La restauration écologique apparaît alors comme un outil complémentaire à la conservation. Restaurer la nature, c’est améliorer l’état écologique d’espaces ayant été dégradés, endommagés ou détruits et ramener en général plus de nature et de biodiversité dans tous les écosystèmes : terres agricoles, forêts, environnements marins et même les villes.
Quelle différence entre restauration active et passive ?
Deux approches, un même objectif. La restauration passive consiste à supprimer la source de dégradation et à faire en sorte que les organismes vivants puissent récupérer leur place et leurs fonctions. On parle aussi d’action légère. Tandis que la restauration active est dirigée par des interventions humaines et requiert des méthodes de génie écologique, on parle d’action lourde. Mais toutes deux ont la même finalité : assister l'auto-réparation d’un écosystème qui a été dégradé, endommagé ou détruit.
Les bénéficiaires de la restauration
CLIMAT
On estime que les solutions fondées sur la nature, telles que la restauration des forêts naturelles et la remise en eau des tourbières, pourraient fournir jusqu’à un tiers des mesures d’atténuation du changement climatique nécessaires pour atteindre les objectifs de l'accord de Paris. Les forêts sont de loin les plus grands réservoirs terrestres de carbone, mais la déforestation et la dégradation de la forêt représentent jusqu'à 11 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Si les habitats remarquables couverts par le projet de règlement européen (à l'exclusion des habitats à végétation clairsemée et des habitats marins) étaient restaurés (47,2 Mha), ils pourraient séquestrer jusqu'à 84 millions de tonnes de carbone (MtC) - soit environ 300 millions de tonnes d'équivalent dioxyde de carbone (CO2) - par an. Cela équivaut à peu près aux émissions annuelles de GES de l'Espagne ou aux émissions combinées des pays du Benelux.
SANTÉ
La destruction de l'environnement contribue à l’émergence de zoonoses, ces épidémies issues de germes provenant des animaux et transmises à l’homme. Chaque jour, les activités humaines grignotent les écosystèmes naturels, réduisant le territoire des espèces sauvages qui sont amenées à se rapprocher des populations humaines, augmentant ainsi les risques de contamination.
Restaurer les écosystèmes naturels c’est rétablir l'équilibre écologique qui contrôle les micro-organismes responsables de certaines maladies, équilibre dont la perturbation crée des conditions favorables à leur propagation. C’est aussi permettre le maintien de services écologiques indispensables à la vie : approvisionnement en air, en eau, en nourriture, régulation de la température, de l’érosion, épuration de l’air, de l’eau…
La destruction de l'environnement contribue à l’émergence de zoonoses, ces épidémies issues de germes provenant des animaux et transmises à l’homme.
ÉCONOMIE
Au total, plus de 40 % de notre économie dépend des services écosystémiques rendus par la nature : photosynthèse, pollinisation, matières premières, qualité de l’air... L’OCDE estime la valeur économique des services écosystémiques entre 125 et 140 000 milliards de dollars par an, soit presque le double du PIB mondial. Selon le rapport “Global Futures”, si rien n’est fait pour enrayer la disparition de la nature, cela coûtera au moins 479 milliards de dollars par an au niveau mondial, soit près de 10 000 milliards de dollars d'ici 2050, l'équivalent des économies du Royaume-Uni, de la France, de l'Inde et du Brésil cumulées.