Portrait d’un repenti
Pêcheur sur la côte ouest de Madagascar, « Mamy » a scié des branches de mangroves pendant 5 ans, avant de changer de camp. Aujourd’hui, il replante des propagules de palétuviers pour faire renaître les forêts bleues.
La tentation de l’illicite
Ecosystème en danger
La région concentre environ 50 000 hectares de mangroves sur les 320 000 que compte toute l’île, mais aujourd’hui, une grande partie de cet écosystème est menacée.
Près du village de Beanjavilo, entre mer et mangroves, il relève ses filets à crabes, manœuvrant sa pirogue avec adresse entre les palétuviers. Clément Joseph Rabenandrasana, dit « Mamy », raconte : « pendant la haute saison, c’était facile d’attraper des crabes, mais pendant la basse saison, c’est devenu de plus en plus difficile ».
A cause du changement climatique et de la déforestation, la mer s’est rapprochée et les crustacés se sont faits plus rares. Alors, pour arrondir les fins de mois devenues difficiles, il s’est trouvé un deuxième emploi, mais pas vraiment légal celui-là. « En dehors du village, il y a des gens qui achètent le bois des mangroves pour construire leurs maisons, du coup, je coupais le bois pour leur vendre ».
En 2014, face à la dégradation du biotope, le gouvernement malgache publie même un arrêté interministériel pour interdire l’exploitation des bois de mangroves sur le territoire national. Mais le trafic devenant de plus en plus lucratif, il semblerait que les coupes illégales se soient accentuées…
De la coupe illégale… à la restauration
En parallèle des actions de restauration, le WWF incite les pêcheurs à ramasser les crabes de plus de 10 centimètres, qui se vendront mieux, en épargnant les petits et les femelles avec des œufs.
Campés sur la terre meuble, des villageois malgaches progressent à reculons et plantent d'un geste ferme une tige verte dans le sol. Ils participent à un programme de replantation de la mangrove, indispensable à leur économie et pour lutter contre le réchauffement climatique.
La campagne de reboisement a duré deux jours à Amboanio, un hameau d'une cinquantaine d'habitants de la région de Melaky, dans l'ouest de l'île. Parmi les volontaires, « Mamy » ! Sensibilisé par le WWF, il a renoncé à l’exploitation illégale. C’est que le pêcheur a réalisé l’importance des mangroves et le lien étroit entre leur bonne santé et l’abondance des ressources halieutiques.
Les forêts bleues protègent les rivages contre le vent, les vagues et les courants, conservent la diversité biologique, servent de rempart aux récifs de corail, aux herbiers et aux routes maritimes contre l’envasement. Mais surtout, elles fournissent un habitat, des frayères et des éléments nutritifs à tout un tas de poissons et de crustacés, y compris des espèces commerciales comme… le crabe !
En parallèle des actions de restauration, le WWF incite les pêcheurs à ramasser les crabes de plus de 10 centimètres, qui se vendront mieux, en épargnant les petits et les femelles avec des œufs. Réunis en coopérative pour avoir plus de poids, ils les vendent ensuite à la société industrielle Copefrito à un prix négocié. Résultat, Clément Joseph Rabenandrasana a vu le prix de vente de ses crabes multiplié par quatre.