Macro-corridor Alpes – Apennins
Le macro-corridor Alpes – Apennins s’étend entre la façade méditerranéenne et les Alpes françaises et italiennes. C’est un espace de transit crucial pour les espèces qui se déplacent vers l’Ouest et le Nord, fuyant le réchauffement climatique et cloisonnées par l’espace totalement artificialisé de la plaine du Pô. Sa conservation est un enjeu primordial pour la biodiversité : une continuité écologique entre les deux régions doit être maintenue.
Carrefour de la biodiversité européenne
Un site indispensable pour la conservation d’une flore spontanée
Le macro-corridor Alpes – Apennins abrite 55% des espèces italiennes.
S’étendant sur plus de 2 200 000 hectares entre la France et l’Italie, le macro-corridor Alpes – Apennins est d’une richesse incomparable. Sur sa partie italienne, plus vaste, il abrite environ 63 000 espèces dont 5 600 de plantes vasculaires, 56 170 d’invertébrés et 1 176 de vertébrés. Par ailleurs, il jouit d’un climat unique puisqu’il est au carrefour des climats méditerranéens, alpins et continentaux. C’est notamment cette diversité de climat qui attire les innombrables espèces que cet espace recèle.
Au-delà de sa biodiversité exceptionnelle, le macro-corridor Alpes – Apennins est également un lieu de transit pour les espèces qui fuient leur milieu naturel, en direction du Nord et de l’Ouest, en raison des bouleversements climatiques. L’exemple du loup illustre parfaitement ce phénomène : dans les années 1970 et 1980, les populations de loups des Apennins étaient concentrées dans le centre de l’Italie puis, peu à peu, des meutes sont remontées vers le Nord-Ouest du pays jusqu’à atteindre, à la fin du siècle dernier, les Alpes et la frontière française en passant par le corridor.
Comme pour le loup, le corridor représente donc la seule alternative des espèces de ces régions, puisqu’il permet de rejoindre des espaces au climat plus propice, grâce à une latitude et une altitude plus importantes. Le site est donc stratégique pour la conservation de ces espèces menacées.
Pour la biodiversité de l’arc alpin français, ce corridor joue également un rôle majeur. Tout d’abord, il représente le meilleur lien avec le vivier de biodiversité italien. Par ailleurs, il est crucial pour la connectivité entre elles des aires de conservation prioritaires isolées comme le parc du Mercantour, le massif des Écrins ou encore le Mont Ventoux. En ce sens, le corridor est un moyen efficace de contribuer à la mise en œuvre de la "Trame verte et bleue”, aux échelles locale et régionale.
Un corridor sous pression
Le macro-corridor Alpes – Apennins, lieu stratégique pour la biodiversité européenne, est aujourd’hui menacé par de multiples pressions et l’homme n’y est pas étranger. En effet, ce site est devenu le seul espace où les espèces peuvent se déplacer dans la partie Nord de l’Italie. Auparavant, la plaine du Pô, qui s’étend sur une grande moitié septentrionale de l’Italie, représentait une zone de passage importante pour les espèces migrant vers le Nord. Or, désormais, cette région est densément peuplée et industrialisée, ce qui la rend infranchissable, obligeant les espèces animales et végétales à la contourner par l’Ouest via le macro-corridor Alpes – Apennins.
Ce dernier est aujourd’hui menacé par les mêmes phénomènes qui ont touché la vallée du Pô. Ainsi, la construction de nombreuses routes et d’infrastructures majeures sont prévues. De plus, l’étalement urbain s’accélère et s’engouffre dans le fond des vallées, ce qui provoque, avec la canalisation des ruisseaux et des rivières, la disparition de nombreux milieux ouverts semi-naturels.
Protéger le dernier couloir de transit pour les espèces entre l’Italie et la France
Conscient des enjeux que représente le macro-corridor Alpes – Apennins, le WWF participe activement à la conservation et à la restauration de cet espace indispensable à l’échelle de la biodiversité européenne. Il met en oeuvre un projet qui concerne de nombreux acteurs, dont les régions de la Ligurie et du Piémont en Italie et de Provence-Alpes-Côte d’Azur en France. Ce projet se divise en quatre étapes.
La première consiste à identifier et mobiliser les réseaux scientifiques puis à organiser des sessions de travail afin de déterminer des espèces cibles pour les enjeux de connectivité. Par la suite, nous créerons une cartographie des corridors écologiques secondaires les plus importants et étudierons les difficultés de connectivité principales avant de formuler des propositions de gestion. Les résultats obtenus seront présentés aux différents acteurs institutionnels et aux collectivités locales lors de la troisième étape. Le but est de les impliquer dans un protocole de protection des continuités sur la zone d’étude. Enfin, grâce à tout ce travail préalable, nous développerons des projets de terrain en fonction des priorités établies.