Rapport Planète Vivante 2024
Depuis 1998, nous publions tous les deux ans le Rapport Planète Vivante qui mesure l'état de la biodiversité sur la planète. Or, le verdict de cette dernière édition est sans équivoque : nous avons cinq ans pour mettre le monde sur une trajectoire durable avant que la dégradation de la nature et du climat ne nous conduisent tous vers des points de bascule irréversibles.
Le déclin de la nature se poursuit
Entre 1970 et 2020, la taille moyenne des populations d’animaux sauvages suivies a diminué de 73 %
Au cours des cinquante dernières années (1970-2020), la taille moyenne des populations d’animaux sauvages suivies a diminué de 73 %, comme le montre l’Indice Planète Vivante (IPV).
Les populations d’espèces d’eau douce affichent le plus fort déclin, avec une baisse de 85 %, suivies des populations d’espèces terrestres (69 %) et marines (56 %). Au niveau régional, les déclins les plus rapides ont été observés en Amérique latine et dans les Caraïbes — avec une baisse inquiétante de 95 % — suivis par l’Afrique (76 %), l’Asie et le Pacifique (60 %).
Si les déclins ont été moins spectaculaires en Europe et en Asie centrale (35 %) et en Amérique du Nord (39 %), c’est seulement parce que des impacts à grande échelle sur la nature étaient déjà visibles avant 1970 dans ces régions et que certaines populations se sont stabilisées, voire développées grâce aux efforts de conservation et à la réintroduction d’espèces.
Partout dans le monde, les effectifs d’espèces emblématiques, aussi précieuses qu’indispensables à l’équilibre de nos écosystèmes, sont en chute libre.
Pourtant, lorsque la population d’une espèce descend sous un certain seuil, cette dernière peut ne plus être en mesure de jouer son rôle habituel dans l'écosystème, qu'il s'agisse de contribuer à la dispersion des graines, à la pollinisation, au pâturage, au recyclage des nutriments ou aux nombreux autres processus qui assurent le fonctionnement des écosystèmes. Un déclin des populations, comme le montre l'IPV mondial, affaiblit la résilience et menace le fonctionnement écosystémique. Les services que les écosystèmes procurent aux humains sont ainsi compromis.
De dangereux points de bascule à l'horizon
L'IPV et d'autres indicateurs similaires montrent tous que la nature disparaît à un rythme inquiétant. Quand les impacts se cumulent et atteignent un certain seuil, le changement s’auto-alimente, provoquant alors un bouleversement considérable, souvent brutal et potentiellement irréversible. C'est ce qu'on appelle un point de bascule.
Or, des signaux d’alerte précoce montrent que plusieurs points de bascule mondiaux risquant d’endommager les systèmes vitaux de la Terre et de déstabiliser les sociétés se rapprochent dangereusement. A titre d’exemple, la disparition massive des récifs coralliens détruirait la pêche et empêcherait la protection de centaines de millions de personnes vivant sur les côtes contre les tempêtes. Quant au point de bascule de la forêt amazonienne, il libérerait des tonnes de carbone dans l'atmosphère et perturberait les régimes climatiques du monde entier.
Nous n’exagérons pas quand nous affirmons que ce qui se passera dans les cinq prochaines années déterminera l'avenir de la vie sur Terre. Nous avons cinq ans pour mettre le monde sur une trajectoire durable avant que la dégradation de la nature et du climat ne nous conduisent tous vers des points de bascule incontrôlables.
L'ampleur du défi exige un véritable changement !
Pour préserver une planète vivante où les humains et la nature s'épanouissent, nous devons multiplier les efforts de conservation et les rendre plus efficaces, tout en nous attaquant systématiquement aux principaux facteurs de perte de la nature. Il faudra, pour cela, transformer nos systèmes alimentaires, énergétiques et financiers.
Nous devons tous - gouvernements, entreprises, organisations, individus - passer à l’action et demander de rendre des comptes à ceux qui ne le font pas.
« Ensemble, nous devons réussir. Nous n'avons qu'une seule planète vivante et une chance unique de bien faire les choses. »
Le rapport Planète Vivante, version Jeunesse !
Le Rapport Planète Vivante 2024 a aussi son édition jeunesse ! Une version condensée, adaptée au jeune public pour lui partager l’essentiel sur l’état de la biodiversité de la planète. Inscrivez-vous ci-dessous pour la recevoir en exclusivité au moment de sa sortie début novembre.