Agissons ensemble pour une agriculture durable
La construction du Plan Stratégique National (PSN), déclinaison de la PAC en France, entre dans sa phase finale ! Le gouvernement propose de maintenir un modèle agricole à bout de souffle qui détruit l’environnement et les emplois agricoles. Le WWF se mobilise pour faire entendre la voix des scientifiques et des citoyens.
Un système agricole à bout de souffle
400 millions d’oiseaux des champs ont disparu des campagnes européennes ces trente dernières années.
Le modèle agricole dominant est en crise. Il est responsable de 17 % des émissions de gaz à effet de serre en France, provoque le recul de la biodiversité (chute des populations d’oiseaux, d’insectes...) et détruit l’emploi agricole (1 exploitant sur 3 n’est pas remplacé). L’une des principales responsables de cette situation est la Politique Agricole Commune (PAC) qui encourage depuis des décennies l’intensification des pratiques agricoles, contribuant ainsi à l’accélération du dérèglement climatique, l’effondrement de la biodiversité et la disparition de milliers d’emplois dans nos campagnes. Bien que très critiquée, cette politique représentera encore un tiers du budget européen, soit environ 9 milliards d’euros par an de financements publics pour la France dans les prochaines années. Il est indispensable que les citoyens puissent s’exprimer sur la nécessité d’orienter ces fonds vers l’accompagnement de la transition agro-écologique.
Les scientifiques alertent sur le besoin d’agir urgemment
Le secteur agricole est le deuxième secteur émetteur de GES en France et contribue à environ 1/5e des émissions de notre pays.
Afin d’éviter de répéter les erreurs du passé, des milliers de scientifiques prennent la parole pour avertir des conséquences catastrophiques à venir en cas de statu quo. Les nombreuses évaluations réalisées par les institutions et scientifiques européens convergent pour dire que la précédente PAC n'a pas permis d'atteindre nos objectifs environnementaux. La France est particulièrement concernée car le secteur agricole français est l’un des principaux secteurs émetteurs et n’est toujours pas engagé sur la trajectoire bas carbone.
Les conséquences de certaines pratiques sur la biodiversité et la pollution des milieux sont également largement documentées (raréfaction de l'eau, érosion des sols, émissions d'ammoniac, émissions de particules fines, etc.). Pourtant, la France ne respecte pas non plus ses engagements en matière de réduction d’utilisation des produits phytosanitaires ou de surfaces agricoles cultivées en agriculture biologique.
La société civile réclame la transition agro-écologique
Les citoyens portent déjà la transition écologique en adoptant des choix de consommation bons pour la planète. Ils sont de plus en plus nombreux à réduire leur consommation de viande, à manger bio et de saison et à privilégier les circuits courts. Ils demandent par ailleurs que ces systèmes, qui profitent à l’intérêt général, bénéficient du soutien des pouvoirs publics. Lors du débat public organisé en 2020 par la Commission Nationale du Débat public, les citoyens français ont pu s’exprimer sur le modèle agricole qu’ils souhaitaient.
Dix objectifs étaient à classer selon l’importance qu’ils devaient avoir dans le PSN français et ce sont les trois critères relatifs à la protection de l’environnement qui ont été plébiscités en étant considérés comme très prioritaires à plus de 85 % en moyenne. Malheureusement, bien que le ministère de l’Agriculture se soit engagé à suivre les priorités identifiées par les citoyens, cette expression démocratique a été ignorée.
Dernière possibilité d’agir pour un plan français ambitieux !
Le WWF se mobilise, aux côtés de la plateforme Pour une autre PAC, pour demander une réorientation de l’argent public vers le financement des systèmes qui préservent l’environnement et maintiennent les emplois agricoles. Nous demandons en particulier :
- Un transfert de crédits du premier vers le second pilier de la PAC afin de disposer de fonds suffisants pour accompagner nos agriculteurs dans leur transition vers un système durable. C’est le choix fait par l’Allemagne qui a annoncé un taux de transfert de 10 % en 2023 et 15 % en 2026.
- Un éco-régime, outil majeur de la future PAC, sélectif et ambitieux. Celui-ci doit permettre de financer les pratiques réellement efficaces pour protéger l’environnement (infrastructures agro-écologiques, agriculture biologique, etc.), et de soutenir davantage celles qui offrent le plus d’externalités positives.
- Une redistribution des aides dans un esprit de justice sociale : en soutenant davantage les petites fermes ou certaines exploitations délaissées.
Avant d’être adopté définitivement, le PSN sera soumis à l’avis de l’autorité environnementale et de la Commission européenne. Nous restons mobilisés et appelons le gouvernement à reprendre ces arbitrages pour tenir compte des recommandations scientifiques et des attentes citoyennes, et à proposer un PSN qui accélère réellement la transition agro-écologique.
Le projet de politique agricole de la France (PSN) va être remis à la Commission européenne à la fin de l’année 2021. En l’état, il ne nous permettra pas de soutenir la transition écologique du secteur agricole. L’avis de l’autorité environnementale conclut que : “la trajectoire tracée par le futur PSN ne rejoindra pas d’ici 2030 celle de la stratégie nationale bas carbone (SNBC), ni celle du plan biodiversité, ni celle de la directive cadre sur l’eau (DCE)”.
C’est pourquoi il nous faut agir. Nous pouvons une dernière fois faire entendre notre voix en participant à la consultation publique qui se tient du 13 novembre au 12 décembre. Ensemble, mobilisons-nous via cette consultation pour dénoncer la faiblesse du PSN français et demander des mesures plus fortes pour le climat et la biodiversité !