Accord France-Brésil de lutte contre l’or illégal : Une situation au point mort
Six ans après sa signature, un an après sa ratification par le Brésil, tel qu’annoncée par le Président François Hollande lors de sa dernière visite présidentielle en Guyane, l’accord de coopération entre la France et le Brésil n’est toujours pas entré en vigueur. L’histoire de cet outil, pourtant indispensable à une lutte efficace, soulève de sérieux doutes quant à la volonté des Etats d’en finir avec le fléau de l’orpaillage illégal en Guyane.
Un contenu bien pensé
L’accord signé par les Ministres des Affaires Etrangères brésilien et français en décembre 2008 repose sur un contrôle coordonné du fleuve frontière Oyapock, véritable échine logistique de l’orpaillage illégal, sur la mise en place d’un dispositif de traçabilité de l’or et des moyens nécessaires à sa production, ainsi que sur la promotion et le soutien à un développement économique alternatif au nord Brésil. Sur le papier, ce vaste et ambitieux programme semblait répondre avec acuité à la complexité du phénomène d’exploitation aurifère illégale en Guyane !
Réticence à la coopération assumée en Amapá
Ce volontarisme des gouvernements respectifs s’est cependant heurté, dans l’Etat de l’Amapá au Brésil, aux résistances de certaines formations politiques œuvrant activement au maintien des trafics d’or illégal. Ainsi, bien que ratifié par le parlement français en 2010, l’accord est resté gelé au Brésil…jusqu’à la faveur d’une visite du Président de la République française, François Hollande, en décembre 2013.
Une ratification par le parlement brésilien annoncée par le Président de la République française
Le sentiment d’inaction des pouvoirs publics face à la lutte contre l’orpaillage illégal et les nombreux impacts que génère cette activité (violences, paludisme, vols, pollutions, destruction de l’environnement, etc.), ont amené à la création d’un collectif citoyen, les « Hurleurs de Guyane », quelques semaines avant la visite présidentielle française au Brésil de décembre 2013 et grâce au travail de fond mené par le WWF depuis de nombreuses années. François Hollande avait annoncé lors de cette visite, la ratification de l’accord par le parlement brésilien.
Et depuis ?
Alors qu’à la COP 20 au Pérou les délégués ne cessent de rappeler le rôle essentiel pour le climat de la forêt amazonienne, le WWF regrette vivement qu’aucune évolution réelle n’ait eu lieu sur le terrain, douze mois après cette rencontre franco-brésilienne au sommet, pour lutter contre les effets environnementaux, mais également sociaux et sanitaires dévastateurs de l’orpaillage illégal.
Pire, en dépit de l’annonce officielle du Président de la République française, l’accord n’est toujours pas promulgué au Brésil.
Le WWF demande donc aux autorités françaises et brésiliennes de protéger les forêts et de prendre leurs responsabilités pour mettre en œuvre et déployer, sur le terrain, cet accord commun de lutte contre l’or illégal, qui ne cesse de gangréner le dynamisme des relations franco-brésiliennes.