Conférence internationale de la Guadeloupe sur la biodiversité et le changement climatique dans les outre-mer européens
Le WWF a participé à la Conférence Internationale sur la Biodiversité et le Changement climatique dans les Outre-mer européens, qui s’est tenue en Guadeloupe du 22 au 25 octobre 2014. Si le WWF salue les engagements pris par la France pour protéger la biodiversité dans les Outre-mer français et se félicite de la prise en compte de nouvelles thématiques dans les échanges (adaptation au changement climatique, services rendus par les écosystèmes, etc.), il regrette en revanche que cette Conférence n’ait pas abouti à la formulation de propositions concrètes d’actions.
Tout reste donc à réaliser. Le WWF France sera un partenaire actif qui prendra sa part dans la mise en œuvre du « Message de la Guadeloupe » et qui restera vigilant quant à la traduction concrète des ambitions affichées.
Les Ultra-marins en première ligne de la lutte contre les changements climatiques et la protection de la biodiversité
Les Outre-mer européens sont particulièrement exposés aux impacts de ces deux phénomènes interdépendants que sont le déclin de la biodiversité et le changement climatique. Deux phénomènes dont la dernière édition du rapport Planète Vivante a montré l’importance.
En 2008, la « Conférence de la Réunion » avait constitué une étape importante dans la définition d’une stratégie pour ces territoires dans les domaines de la protection de la biodiversité et de l’adaptation aux changements climatiques.
Six ans après, la « Conférence de Guadeloupe » a de nouveau porté la voix commune des RUP (Régions Ultrapériphériques) et des PTOM (Pays et Territoires d’Outre-mer) auprès de la Commission Européenne et des Etats membres. Cette édition avait pour ambition d’entrer davantage dans l’opérationnalité, en proposant des actions concrètes et en réfléchissant aux modalités de nouveaux outils financiers pérennes et innovants afin d’aboutir à une feuille de route pour les 5 à venir.
Pour le WWF France, la « Conférence de Guadeloupe » a été marquée par la montée en puissance d’approches concrètes et de conceptions plus innovantes et transversales de la préservation de la biodiversité en Outre-mer : développement de stratégies d’adaptation et d’atténuation au changement climatique qui s’appuient sur des solutions fondées sur la nature ; appel au renforcement des connectivités écologiques et à la gestion effective des aires protégées; promotion de l’importance des services rendus par la nature et de leur valorisation par la mise en place de mécanismes de paiements pour services écosystémiques (PSE) ; etc.
Des engagements qui doivent désormais se concrétiser
Le WWF France salue les engagements pris par la Ministre française de l’Ecologie dans son message « Message de la Guadeloupe » délivré à l’ensemble des participants vendredi 24 Octobre. Parmi les annonces faîtes par Ségolène Royal qui ont retenu l’attention du WWF France, on peut noter :
- La généralisation de la méthode EFESE (Evaluation Française des Ecosystèmes et Services Ecosystémiques) à l’ensemble des Outre-mer français comme « outil concret d’aide à la décision » ;
- L’appui annoncé du gouvernement français au gouvernement calédonien pour l’établissement du plan de gestion du Parc naturel de la Mer de Corail et auquel le WWF participe ;
- L’examen attentif que la Ministre de l’Ecologie donnera au projet de création d’un Parc national «zone humide » sur les marais de Kaw en Guyane française et que le WWF France soutient ;
- La mise en place d’une coopération renforcée entre les aires marines protégées de Crozet (France) et des Iles Edwards (Afrique du Sud), que le WWF porte depuis le déplacement du Président Hollande en Afrique du Sud en Octobre 2013 et auquel Philippe Germa, directeur général du WWF France, avait participé.
Les espoirs déçus de la Conférence
En revanche, le WWF France regrette fortement que le « Message de la Guadeloupe » se cantonne à l’édiction de principes encore trop généraux et peu opérationnels. Les réflexions autour de la mise en place de mécanismes de financements pérennes et adaptés aux Outre-mer n’ont pas abouti, ce qui soulève de vives inquiétudes au sein de la société civile.
Bien que la Ministre de l’Ecologie ait indiqué sa vigilance « sur la cohérence des investissements publics et de leurs impacts sur l’environnement », la prise en compte des enjeux climatiques et de biodiversité dans toutes les politiques publiques, schémas d’aménagement et de planification n’a pas été réaffirmé dans la feuille de route de la Conférence.
Si la « Conférence de la Guadeloupe » permettra peut-être de resserrer les liens entre les Outre-mer européens, elle laisse derrière elle un sentiment d’inachevé et révèle l’ampleur de la tâche et du chemin qui restent à parcourir pour faire de la préservation de la biodiversité des Outre-mer un pilier de développement durable des territoires ultramarins.