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27. juin 2022 — Communiqué de presse

COP15 : il faut sauver l’accord mondial sur la biodiversité

La session de négociations pour la biodiversité, convoquée par l’ONU à Nairobi, s’est clôturée dimanche 26 juin, sans avoir entériné de progrès. Face à l’impasse des négociations entre les délégations du monde entier, le WWF France appelle les chefs d’Etat à la mobilisation générale pour sauver, d’ici la COP15, l’adoption d’un accord mondial capable d’enrayer et d’inverser, d’ici 2030, l’effondrement de la biodiversité. 

Des progrès très limités, un texte encore illisible et des risques de reculs pour la biodiversité

Pour être crédible à la COP15, dans son rôle de pays ambitieux, la France doit encore renoncer à l’exploitation des fonds marins et supprimer sans tarder ses financements publics dommageables à la biodiversité.

La session de Nairobi s’était ouverte ce mardi 21 juin avec l’espoir de voir s’accélérer les négociations internationales sur la biodiversité : l’annonce très attendue des dates de la COP15, confirmée du 5 au 17 décembre 2022 à Montréal devait enfin permettre aux Etats de jouer cartes sur table et de dépasser les postures observées lors de la précédente session de négociations, en mars à Genève. 

 

Selon Arnaud Gilles, chargé de la diplomatie environnementale au WWF France : « C’est une déception. Cette semaine à Nairobi, nous attendions des négociations qu’elles s’accélèrent, elles ont plutôt patiné. Le texte sur la table pour la COP15 n’a progressé qu’à la marge : il reste truffé de demi-mesures et de reculs. Pire, tout l’accord risque de capoter sur la question du financement de la biodiversité. Ce résultat préoccupant doit sonner la mobilisation générale pour les chefs d’Etat, qui doivent supprimer d’urgence les milliards de dépenses publiques qui détruisent la biodiversité, réduire drastiquement l’empreinte écologique dans tous les secteurs ou encore déployer massivement l’agroécologie. Pour être crédible à la COP15, dans son rôle de pays ambitieux, la France doit encore renoncer à l’exploitation des fonds marins et supprimer sans tarder ses financements publics dommageables à la biodiversité. »

 

La session de négociations pour la biodiversité, convoquée par l’ONU à Nairobi, s’est clôturée dimanche 26 juin

Les négociations ne peuvent pas patiner plus longtemps : la biodiversité s’effondre à toute vitesse

La population de vertébrés a chuté de 68 % entre 1970 et 2016.

L’accord mondial sur la biodiversité qui doit être adopté à Montréal en décembre, ne peut pas attendre davantage : la biodiversité s’effondre à toute vitesse, la population de vertébrés a chuté de 68 % entre 1970 et 2016 (selon l’indice planète vivante du WWF), 75 % des récifs de coraux sont menacés, la moitié des forêts tropicales humides, qui abritent les deux tiers de la biodiversité terrestre de la planète, ont été éradiquées en 20 ans et un tiers des populations de poissons sont aujourd’hui victimes de surpêche. Surtout, les crises éprouvées ces deux dernières années n’ont pas cessé de le marteler : pas d’humains en bonne santé sur une planète abîmée, pas de sécurité alimentaire sans biodiversité, pas d’économie stable sans limites planétaires respectées.

Face au blocage des négociations, le WWF France sonne la mobilisation générale pour les chefs d’Etat

Si nous voulons avoir une chance de survivre aux changements environnementaux radicaux que les activités humaines entraînent à l'échelle mondiale, la nature dont nous dépendons doit rester productive et résiliente

Marco Lambertini, Directeur général du WWF International

Ce que les négociateurs n’ont pas été en mesure d’acter, il revient désormais aux chefs d’Etat de le débloquer. Le WWF appelle les chefs d’Etat et de gouvernement à prendre le relais pour sauver l’accord mondial sur la biodiversité qui doivent supprimer d’urgence les milliards de dépenses publiques qui détruisent la biodiversité, réduire drastiquement l’empreinte écologique dans tous les secteurs ou encore déployer massivement l’agroécologie. La France de son côté, pour être crédible dans son rôle de pays “ambitieux”, doit :

  • renoncer à l’exploitation minière des fonds marins; 
  • se remobiliser pour identifier et supprimer d’urgence les financements publics dommageables à la biodiversité;
  • déployer massivement l’agroécologie.

 

D’après Marco Lambertini, Directeur Général du WWF International,  "Face à la perte catastrophique de la biodiversité et à ses conséquences tragiques pour l'humanité, les pays n’ont pas pris conscience de l'urgence de la situation. C'est un jour sans fin à Nairobi où toutes les décisions cruciales ont encore été repoussées. Il y a énormément de travail à faire à la COP15. Nous sommes au même niveau d'avancement qu’à Genève, et si nous voulons aboutir à un succès à Montréal, il est essentiel que les dirigeants accordent une priorité beaucoup plus grande aux négociations.

Si nous voulons avoir une chance de survivre aux changements environnementaux radicaux que les activités humaines entraînent à l'échelle mondiale, la nature dont nous dépendons doit rester productive et résiliente - pour atténuer les effets du changement climatique, accroître la sécurité alimentaire et réduire notre vulnérabilité aux pandémies. Nous avons besoin de leaders pour contrer l'influence d'un petit nombre de pays, le Brésil en premier lieu, qui s'emploient activement à saper les négociations. Les chefs d'État qui ont approuvé l'« Engagement des dirigeants pour la nature », pour inverser la perte de biodiversité d'ici 2030, doivent maintenant faire preuve d'ambition pour obtenir un accord profond et positif pour la nature à Montréal. Sinon, la perspective d'un échec à la COP15 est bien réelle."