COP15 : un moment décisif pour la biodiversité et l’humanité
Le 7 décembre 2022, la COP15 Biodiversité débute à Montréal pour 15 jours de négociations. Un rendez-vous mondial décisif que les Etats se sont eux-mêmes fixé en 2020 pour conclure un accord. Après deux ans de multiples reports, l’humanité se trouve à un carrefour. En effet, plus des ¾ des terres et ⅔ de l’océan sont aujourd’hui dégradés et impactés par les activités humaines et plus d’un million d’espèces d’animaux et de plantes sont menacées de disparition. Le WWF appelle les 196 Etats parties à la Convention sur la diversité biologique (CBD) à enrayer et infléchir la courbe de perte de biodiversité afin que nous ayons en 2030 plus de nature qu’aujourd’hui.
Quels seront les éléments clés d’un accord réussi ?
“De ce nouveau cadre dépend une décennie d’action pour sauver la biodiversité. Plus tard, il sera trop tard ! ”
“La communauté internationale ne dispose plus aujourd’hui de cadre pour pouvoir faire face à l’effondrement de la biodiversité. C’est pourquoi les 196 Etats parties devront s’accorder pour cette COP15 sur un cadre mondial efficace et robuste afin de protéger la nature menacée, la restaurer durablement là où elle est abîmée, transformer notre économie et lutter contre toutes les pressions qui pèsent sur la biodiversité : déforestations, agriculture intensive, surpêche, pollutions. Cet accord ambitieux devra permettre d’enrayer la perte de biodiversité et d’inverser la tendance en plaçant sous protection au moins 30% des espaces naturels terrestres et marins et diviser par deux l’empreinte écologique de nos modes de consommation et de nos modèles de production. L’objectif: avoir en 2030 plus de nature qu’aujourd’hui. L’humanité ne pourra pas vivre sur une planète malade, pauvre en biodiversité. Nous regarderons de près les dirigeants politiques ces prochains jours. De ce nouveau cadre dépend une décennie d’action pour sauver la biodiversité. Plus tard, il sera trop tard ! ”
Durant les quinze prochains jours, les négociations doivent s’appuyer sur les différents engagements politiques pris depuis 2 ans et sur ces 5 éléments clés :
- La préservation des habitats naturels avec des objectifs chiffrés de conservation et de restauration des écosystèmes. Les pays doivent s’entendre sur un objectif de conservation d'au moins 30% des terres, des eaux intérieures et des océans de la planète d'ici 2030, par le biais d'une approche qui reconnaît les droits des peuples autochtones et des communautés locales.
- La réduction de l’empreinte écologique de consommation et de production à travers un engagement à réduire de 50% l'empreinte de la production et de la consommation d'ici à 2030.
- Reconnaître l’importance des solutions basées sur la nature qui sont essentielles pour protéger et restaurer la biodiversité mais aussi dans l’atténuation du dérèglement climatique. L’accord doit faire référence aux solutions fondées sur la nature avec une approche basée sur les droits humains et le doublement des ressources mobilisées au niveau des financements.
- Le financement de la protection de la biodiversité : le secteur public et privé doit multiplier les investissements et rediriger les flux financiers vers la protection de la biodiversité, sur les dix prochaines années se sont 700 à 900 milliards de dollars par an qui sont nécessaires. L’accord doit également permettre de limiter les subventions dommageables à la nature aujourd'hui estimées à 1 800 milliards de dollars.
- Un mécanisme de mise en œuvre doit être organisé pour les pays autour de bilans réguliers, sur la base de rapports nationaux remis tous les quatre ans, afin qu’ils puissent revoir leurs engagements en fonction des bilans.
Quelle mobilisation des acteurs non étatiques ?
La présence des entreprises sera forte sur cette COP15. C’est pourquoi il est important de saisir cette opportunité pour également mobiliser les entreprises et les institutions financières qui ont un fort impact sur la nature. Les entreprises publiques et privées font déjà l’objet d’un objectif sectoriel dédié, qui prévoit qu’elles réduisent progressivement de moitié leurs impacts négatifs sur la biodiversité. Cet effort ne suffira pas à inverser la perte de biodiversité d’ici 2030, aussi le WWF appelle les Etats à adopter un langage plus fort, qui engage les pays signataires de l’accord à “adopter les mesures réglementaires” nécessaires pour garantir que toutes les entreprises :
- Évitent tout impact négatif sur la biodiversité,
- Divisent par deux leur empreinte environnementale d’ici 2030,
- Fixent des objectifs de préservation de la biodiversité alignés sur les meilleures connaissances scientifiques (notamment en mettant en oeuvre les méthodologies SBTN), et les atteignent avant 2030 sur l’ensemble de leur chaîne de valeur,
- Déploient immédiatement des chaînes de valeur zéro déforestation et zéro conversion de terres.