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13. novembre 2021 — Communiqué de presse

COP26 : des tabous levés, une solidarité en berne

La COP26 vient de s’achever à Glasgow avec la conclusion de décisions ainsi que de règles du jeu de l’accord de Paris. Six ans après leur engagement dans l’accord de Paris à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, le WWF comptait sur les Etats pour rattraper leur retard et maintenir cet objectif en vie, avec des engagements renforcés pour sortir des énergies fossiles, arrêter la déforestation et faire preuve de solidarité.

« Si des tabous ont enfin été levés à cette COP sur la responsabilité des énergies fossiles et de la déforestation dans le réchauffement climatique, la solidarité reste en berne. De retour de Glasgow, le WWF lance un appel aux dirigeants pour transformer l’essai à domicile. »

Pierre Cannet, Directeur du plaidoyer au WWF France

Les décisions qu’ils ont adoptées ce weekend à l’unanimité brisent le tabou des énergies fossiles, reconnaissent à la nature son rôle central dans la lutte contre le réchauffement climatique, mais s’avèrent encore incapables de combler le retard de financements publics qui font défaut aux Etats les plus pauvres et vulnérables.

Pierre Cannet, directeur du plaidoyer du WWF France déclare : « À l'issue de la COP26, l’humanité se dirige vers un précipice climatique de 2,4°C. Si des tabous ont enfin été levés à cette COP sur la responsabilité des énergies fossiles et de la déforestation dans le réchauffement climatique, la solidarité reste en berne. De retour de Glasgow, le WWF lance un appel aux dirigeants pour transformer l’essai à domicile. Nous appelons le Gouvernement français à inscrire dès maintenant dans son budget 2022 la fin des aides publiques aux projets gaziers et pétroliers à l’étranger. Nous appelons l’Union européenne à présenter cette semaine une loi contre la déforestation ambitieuse et contraignante. Nous appelons les citoyens, les entreprises et les collectivités à renforcer leur mobilisation et à accroître leur action. »

Manuel Pulgar-Vidal, directeur climat et énergie du WWF International déclare : « Nous devons reconnaître que si le monde est au bord du gouffre, certains progrès ont été réalisés lors de la COP26. Les résultats finaux comprennent un appel fort aux pays pour qu'ils fassent ce qui doit être fait et nous avons vu des mesures positives prises dans plusieurs domaines, notamment sur la nature et la réduction de l'utilisation du charbon et des subventions fossiles. »

La COP26 lève le tabou des subventions fossiles, la France renonce à financer les projets gaziers et pétroliers à l’étranger dès 2022

À la veille de l’ouverture de la COP26, le G20 s'engageait à mettre fin au financement public de nouvelles centrales à charbon à l’international. Dans cette lancée, en marge de la première semaine de négociations à Glasgow, une quarantaine d’Etats ont annoncé cesser de produire du charbon - dès 2030 pour les pays riches, une vingtaine d'États ont déclaré organiser la fin à domicile de la production de gaz et de pétrole, tandis qu’une quarantaine d’Etats et de banques de développements ont promis de mettre un terme au financement public des énergies fossiles à l’étranger, ce dès 2022.

À mi-parcours des négociations, le WWF avait appelé les Etats à traduire ces belles promesses dans les conclusions de la COP26 afin de traiter enfin le problème à la racine

Pour la première fois depuis 1992, cette dynamique politique a trouvé une place dans les conclusions d’une COP en appelant les Etats à sortir leurs aides publiques inefficaces aux énergies fossiles de manière socialement juste. Si l’on regrette que le langage proposé dans le premier brouillon de conclusions ait été affaibli et n’établit aucune date de sortie, la COP lève le tabou de la responsabilité des énergies fossiles dans le réchauffement climatique et apporte une première réponse multilatérale aux alertes répétées du GIEC et de l'Agence internationale de l’énergie. Cette dernière avait prescrit les Etats de ne plus financer de nouveaux projets fossiles pour avoir une chance de tenir l’objectif de 1,5°C.

La France, longtemps silencieuse, a finalement consenti hier, aux côtés de nombre de ses partenaires européens, à renoncer au financement export des énergies fossiles dès 2022. Le WWF salue cette décision du gouvernement portée par les ministres de l’écologie, de l’économie et des affaires étrangères, et veillera à ce qu’elle soit bien inscrite dans le budget 2022 de l’Etat français, pour acter la fin du soutien français à tout projet pétrolier ou gazier, au plus tard le 31 décembre 2022.

La COP26 demande aux Etats de protéger et restaurer la nature pour lutter contre le réchauffement climatique, l’UE est attendue pour lutter contre la déforestation

À quelques mois de la COP15 sur la biodiversité, l’accord adopté à la COP26 rappelle aux Etats qu’ils ne limiteront pas le réchauffement climatique sans protéger et restaurer la nature, et les enjoint à renforcer les mesures nationales de restauration et de protection des écosystèmes naturels. Après leur échec à enrayer la déforestation en 2020, l’engagement pris à la COP26 doit remobiliser les Etats - tant du côté des pays producteurs que des pays consommateurs, notamment au sein de l’Union européenne qui s’apprête à légiférer contre la déforestation et dont la consommation de produits alimentaires, cosmétiques et carburants est la deuxième responsable au monde de déforestation importée de forêts tropicales.

Sur la base des quelques avancées à la COP26, le WWF appelle les décideurs à renforcer leurs engagements dès l’an prochain pour rattraper le double retard de l’ambition et de la solidarité face au précipice climatique des 2,4°C

L’ambition faisait défaut à l’ouverture de la COP26. C’est encore le cas après deux semaines de négociations, malgré quelques avancées enregistrées. Plutôt que de contenir le réchauffement climatique à 1,5°C en réduisant les émissions de 45% d’ici 2030 par rapport à 2010, les engagements climatiques renouvelés par la quasi-totalité des Etats avant l’ouverture devaient encore entraîner un réchauffement de 2,7°C et une hausse des émissions de 16% d’ici 2030.

À l’issue de la première semaine, les déclarations politiques enregistrées à Glasgow pour fermer des centrales à charbon ou atteindre la neutralité carbone, permettaient à la communauté internationale de réduire la perspective de réchauffement à 2,4°C, sans néanmoins se rapprocher du seuil irréversible de 1,5°C visé par l’accord de Paris. Les conclusions adoptées à la COP26 appellent les Etats à relever leur ambition climatique dès 2022... sans néanmoins leur demander de veiller à ce que leurs engagements soient bien alignés avec l’objectif de 1,5°C.

La solidarité internationale faisait également défaut à l’ouverture et continue elle aussi de manquer à l’appel des avancées réalisées à Glasgow. Deux semaines plus tard, les pays riches n’ont pas réussi à donner des garanties suffisantes sur le rattrapage du retard de 20 milliards de financement accusé depuis 2020, malgré des progrès réalisés sur le financement de l’adaptation avec un doublement prévu d’ici 2025 par rapport à 2019. Surtout, les décisions adoptées à la COP26 ne prévoient aucun instrument de financement des pertes et dommages irréversibles causés par le réchauffement climatique dans les pays en développement. Alors que de premières nations, telles que l’Ecosse, se sont engagées à dédier des financements spécifiques à la prise en charge des pertes et dommages, le WWF attend des Etats développés qu’ils soutiennent à leur tour la prise en charge financière de ces conséquences irréversibles du réchauffement climatique auquel ils ont historiquement contribué.