COP27 : le WWF rappelle l’urgence à protéger la biodiversité
Vagues de chaleur, sécheresses, méga feux, tempêtes tropicales, inondations… Les conséquences du réchauffement climatique sont déjà visibles partout dans le monde et responsables d’un lourd bilan humain, économique et environnemental. Sans la biodiversité, ce serait encore pire : c’est le sens des données scientifiques publiées par le GIEC dans son dernier rapport et synthétisées par le WWF dans le rapport “Notre alliée secrète”, présenté en marge des négociations de la COP27. Un rappel utile aux ministres tout juste arrivés en Egypte pour négocier : nous ne mettrons pas en œuvre l’accord de Paris sans protéger ni restaurer la biodiversité.
Pour approfondir le sujet :
CPLa nature a ralenti le réchauffement climatique ces dernières années
Des émissions de CO2 liées aux activités humaines ont été absorbées par les écosystèmes naturels au cours des 10 dernières années.
C’est une contribution sans laquelle la montée des températures et la crise climatique auraient pu être encore plus fortes : les écosystèmes naturels ont absorbé, au cours des 10 dernières années, 54 % des émissions de CO2 liées aux activités humaines. Sur ces 54 %, 31 % ont été absorbés par les écosystèmes terrestres, et 23 % par les écosystèmes marins et côtiers. Par sa capacité à absorber et séquestrer le CO2 atmosphérique et jouer le rôle de puits de carbone, la biodiversité a donc ralenti le réchauffement climatique.
Mais pour combien de temps ? Cet appui indispensable de la nature ne survivra pas longtemps si nous continuons d’émettre toujours plus de CO2, comme nous l’avons fait au cours de l’année 2022 après une baisse exceptionnelle liée à la pandémie de Covid-19. En effet, le GIEC l’a rappelé dans son sixième rapport d’évaluation paru en 2021, plus nous émettrons de CO2 dans l’atmosphère, moins les écosystèmes naturels seront efficaces pour absorber et séquestrer le CO2.
La nature permet de mieux résister à la crise climatique
C'est le déclin moyen des populations de vertébrés sauvages entre 1970 et 2018.
Appui incontournable pour limiter la montée des températures, la biodiversité facilite aussi l’adaptation au réchauffement climatique. En effet, les écosystèmes fonctionnels et en bonne santé augmentent la résilience et protègent les communautés contre les impacts du réchauffement. Par exemple, les récifs coralliens, les zones humides et les mangroves offrent une certaine protection contre les tempêtes, les forêts peuvent absorber l'excès des eaux de pluie, empêchant ainsi les ruissellements, les glissements de terrain et les dommages causés par les inondations.
Mais les catastrophes climatiques, telles que la sécheresse, les incendies de forêt et les vagues de chaleur marines, peuvent détruire des écosystèmes entiers et provoquer des mortalités massives. C’est par exemple le cas des récifs de corail : d’après le GIEC, 99 % des récifs de la planète seront menacés d’extinction dans un scénario de réchauffement de 2°C. Car la biodiversité s’effondre à toute vitesse : en à peine 50 ans, la taille moyenne des espèces de populations de vertébrés a chuté de presque 70%. Le réchauffement climatique n’y est pas étranger, et pourrait devenir dans les prochaines années la première cause de l’effondrement de la biodiversité : la montée des températures bouleverse les écosystèmes et si de nombreuses espèces s’adaptent, des milieux naturels sont poussés au bout de leurs limites.
Adopter un accord mondial pour la nature : un engagement à porter dès la COP27
Protéger et restaurer la biodiversité ne dispense en aucun cas de réduire drastiquement les émissions, en commençant par sortir de toutes les énergies fossiles.
C’est un incontournable de la mise en œuvre de l’accord de Paris : pour contenir et nous adapter au réchauffement climatique, il faudra protéger la biodiversité. Pourtant, alors que les ministres sont arrivés en Égypte pour conduire les négociations à un niveau politique dans la dernière ligne droite de la COP27, aucun État ne semble encore déterminé à engager son poids politique pour la biodiversité et pour l’accord mondial qui doit être adopté à la COP15 de Montréal dans quelques semaines. Le WWF demande aux ministres réunis à la COP d’appeler de leurs vœux l’adoption, à Montréal, d’un accord mondial sur la nature. Cet accord sera le “jumeau de l’accord de Paris” pour la biodiversité : l’un ne pourra pas arriver à ses fins sans l’autre.
Arnaud Gilles, chargé de plaidoyer diplomatie verte au WWF France : “La COP26 de Glasgow a eu le mérite de reconnaître qu’on avait besoin de protéger la biodiversité pour respecter l’accord de Paris. Un an plus tard, et à quelques jours de la COP15 de Montréal sur la biodiversité, le WWF demande aux ministres dépêchés à la COP27 de passer la vitesse supérieure et d’encourager sans ambiguïté l’adoption d’un accord mondial capable de freiner et d’inverser la tendance d’effondrement de la biodiversité d’ici 2030. Plusieurs chefs d’États se sont engagés à la tribune de la COP27 à protéger la nature, en particulier les forêts. Il faut maintenant l’écrire dans le texte de la COP27 et mettre tout son poids politique dans la bataille. Sans oublier que protéger et restaurer la biodiversité ne dispense en aucun cas de réduire drastiquement les émissions, en commençant par sortir de toutes les énergies fossiles”.