COP27 : point de passage obligé face à la catastrophe climatique

L’écart abyssal entre les politiques mises en place au niveau mondial par les pays - ou même encore les promesses prévues pour 2030 - et les trajectoires qu’il faudrait tenir pour contenir le réchauffement climatique à 1,5°C ou bien en-dessous de 2°C vient d’être mis en évidence dans de plusieurs rapports des Nations unies. L’humanité se dirige ainsi à pleine vitesse vers une catastrophe climatique de plus 2,4°C, tout en connaissant pourtant les terribles conséquences sur la nature et les populations humaines ainsi que les solutions à déployer pour limiter à 1,5°C le réchauffement. Dans le même temps, la biodiversité continue de s’effondrer. Plus de 75 % des milieux terrestres, de 40 % des écosystèmes marins et de 85 % des zones humides sont aujourd’hui touchées par les activités et les pollutions humaines. Selon notre dernier rapport Planète Vivante, 69 % des populations d’espèces ont disparu en seulement 50 ans.

“Le compte n’y est toujours pas puisqu’on se dirige vers un réchauffement de 2,4 à 2,8°C. Alors que les solutions existent ! Ces mêmes dirigeants devront répondre à un double défi à la COP27. Celui de s’engager à sortir des énergies fossiles grâce aux énergies renouvelables et aux économies d’énergie. Les effets de la crise énergétique que nous traversons doivent les y aider vers plus de souveraineté énergétique. Et celui de s’engager à protéger et à restaurer les écosystèmes terrestres et marins. Car la nature est notre meilleure alliée face au réchauffement climatique. Nous appelons le président de la République Emmanuel Macron à répondre à ce double défi en apportant des garanties à domicile, comme sur la restauration de la nature.”

En termes de solutions, le WWF appelle les décideurs politiques à relever deux défis à la COP27 : celui du changement rapide des systèmes énergétiques en sortant des énergies fossiles à travers plus de renouvelables et d’économies d’énergie ainsi que celui de la protection et de la restauration des écosystèmes naturels.

Alors que la COP27 se déroule dans un contexte de tensions géopolitiques et que la priorité est portée autour des enjeux de sécurité énergétique, le WWF appelle les pays à s'unir pour obtenir des résultats concrets vers la sortie de notre dépendance aux combustibles fossiles par une transition dans les secteurs de l'énergie, de l'alimentation, des transports et de l'utilisation des sols.

Les scientifiques l’ont bel et bien démontré et martelé, derniers rapports du GIEC et de l’IPBES à l’appui : ce combat ne pourra être gagné que s’il dégage un plan d’urgence pour le climat, la nature et les humains. La crise climatique entraîne la disparition de la nature, et la destruction des écosystèmes naturels alimente de son côté la crise climatique. Mais la nature fait partie de la solution. Mangroves, zones humides, cours d’eau, forêts et coraux sont des solutions fondées sur la nature. Du continent africain où se tiendra la COP27 au continent européen où se négocie un nouveau règlement sur la restauration de la biodiversité, de nombreux écosystèmes naturels montrent déjà leurs contributions dans la lutte contre le réchauffement climatique, en tant que “puits de carbone” et de “remparts” face aux catastrophes climatiques.

Les négociations vers la conclusion d’un nouvel accord mondial pour la biodiversité à l’occasion de la “COP biodiversité” (COP15 à Montréal, du 7 au 19 décembre) patinent encore par manque de volonté politique. La COP27 peut apporter un nouveau souffle vers l’adoption des objectifs de protection et de restauration de la biodiversité à la COP15.

Pour répondre au premier défi des systèmes énergétiques, la France doit s’engager vers plus d’économies d’énergie ainsi que vers un déploiement plus fort des énergies renouvelables - dont l’éolien terrestre. Alors qu’un projet de loi d’accélération des énergies renouvelables est en débat au parlement, le WWF s’inquiète des reculs annoncés sur l’éolien terrestre qui ne correspondent à aucun scénario énergétique et risquent de compromettre notre souveraineté en pleine crise énergétique.

Pour répondre au second, la France doit soutenir ouvertement les nouvelles propositions de protection et de restauration des écosystèmes marins et terrestres au niveau européen. Nous appelons ainsi le président de la République Emmanuel Macron à décréter l'État d’urgence pour la nature à la tribune de la COP27, en mobilisant vers la conclusion d’un accord mondial ambitieux pour la biodiversité à la COP15 des Nations unies en décembre 2022. Cet appel doit être incarné concrètement à domicile en soutenant les objectifs européens de restauration des écosystèmes naturels.

• Le WWF exhorte les dirigeants mondiaux à passer d'urgence de l'ambition à l'action, alors que l'objectif de limiter le réchauffement à 1,5°C s'éloigne… en sortant de notre dépendance aux énergies fossiles vers plus de renouvelables et d’économies d’énergie.
• Après une nouvelle année de catastrophes climatiques dans le monde, le WWF appelle à des avancées majeures sur le financement de l'adaptation et des pertes et dommages pour que la COP27 soit un succès et un résultat équitable.
• Le WWF souligne le besoin urgent de solutions fondées sur la nature, alors que le monde se prépare à une COP cruciale sur la biodiversité en décembre.
• Le WWF demande aux Nations unies sur le changement climatique de veiller à ce que la société civile soit libre de s'engager pleinement dans tous les processus et réunions de la CCNUCC, y compris la COP27.