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14. novembre 2022 — Communiqué de presse

COP27 : quel bilan à mi-chemin ? 3 demandes clefs pour une conclusion utile pour le climat

Retour sur cette première semaine qui aura permis de remobiliser des chefs d’État autour de nouvelles promesses et d’initiatives pour répondre à la crise climatique. Alors qu’il reste une semaine pour convaincre, la réussite de la COP27 est suspendue à des progrès sur trois priorités clés : le WWF appelle la France à concrétiser à la COP le financement des pertes et dommages, à engager les États à sortir de toutes les énergies fossiles et à renforcer les liens entre l’action climatique et la protection de la biodiversité, notre première alliée pour limiter et s’adapter au réchauffement climatique.

COP27 : quel bilan à mi-chemin ? 3 demandes clefs pour une conclusion utile pour le climat

Un sursaut de diplomatie climatique face aux crises climatique et énergétique, mais des résultats encore introuvables après une semaine de négociations

En dépit d’un contexte international marqué par de nombreuses crises, la diplomatie climatique a survécu : les chefs d'États venus en Égypte ont réaffirmé à la tribune de la COP27 la nécessité d’accélérer l’action internationale pour lutter contre le réchauffement climatique. De la Barbade à la France, les dirigeants de la planète ont été nombreux à appeler à renforcer et réformer le financement international du climat. Dans un contexte de lourd bilan humain, économique et environnemental des catastrophes climatiques (vagues de chaleur, sécheresses, méga feux, tempête tropicale, inondations), plusieurs pays développés et en développement ont appelé à financer les pertes et dommages, ces conséquences inévitables et déjà à l’œuvre, du réchauffement. Après une semaine, ce nouveau pacte financier reste à concrétiser : aucun mécanisme de financement n’a encore été formalisé dans la négociation. Surtout, l’ambition climatique progresse toujours moins vite que le réchauffement lui-même : seuls 29 États, bientôt rejoints par la Turquie et le Mexique, ont mis à jour leurs engagements à réduire les émissions à la veille de la COP27. D’après les dernières estimations publiées la veille de la COP, les engagements pris par les États devraient encore entraîner un réchauffement de 2,4 à 2,8°C.

En pleine crise énergétique, le risque de dérapage vers les énergies fossiles

En matière de transition énergétique, la COP26 s’était soldée sur une avancée inédite : les États réunis à Glasgow ayant levé un tabou historique en s’engageant à sortir des énergies fossiles. La COP27 a débuté dans un climat radicalement différent : la crise de l’énergie a rebattu les cartes et les énergies fossiles pourraient, cette année, revenir en force. Ainsi, les projets de gaz naturel liquéfié proposés ou approuvés pour la période 2021-2050 représenteraient à eux seuls 10 % de la quantité maximale de carbone que l’on peut encore émettre avant de dépasser les 1,5°C. En 2022, les émissions n’ont montré aucun signe de diminution et leur niveau record est encore tiré par la combustion d’énergies fossiles. Afin de rassurer face au risque de voir les énergies fossiles revenir en force le WWF appelle les États à s’engager à la COP à sortir de toutes les énergies fossiles et à accélérer les énergies renouvelables. Cet accord aura d’autant plus de chances d’aboutir si le G20, qui se réunit à Bali le 16 novembre, s’engage sans ambiguïtés.

À quelques jours de la COP15 de Montréal vers un nouvel accord mondial pour la nature, l’urgence de protéger la biodiversité pour lutter contre le réchauffement climatique

Plusieurs chefs d’États, comme la France, les États-Unis, le Ghana, le Gabon, Colombie ou les Philippines, se sont engagés, au début de la COP27, à protéger les forêts et les écosystèmes (zones humides, mangroves, tourbières ou fonds marins) : outre le lancement par la France de « contrats politiques et financiers » pour encourager les pays en développement à protéger leurs écosystèmes riches en carbone et en nature, de nouveaux partenariats ont été lancés pour protéger les forêts et garantir leur gestion durable. Ces initiatives sont fondées sur le constat que la biodiversité est une alliée incontournable pour lutter contre le réchauffement climatique : le WWF appelle les Etats à s’engager dans les conclusions de la COP27, à protéger et restaurer les écosystèmes naturels. À quelques semaines de la COP15 qui doit voir adopté à Montréal un accord mondial sur la biodiversité, la COP27 doit envoyer un signal fort.

La France marque un point sur l’océan, mais doit encore faire beaucoup pour le climat et la biodiversité

Chacun semble attendre maintenant des autres, en se regardant en chien de faïence, estimant avoir fait sa part… sans réaliser que chacun devra faire plus pour éviter collectivement la catastrophe climatique.

Pierre Cannet, Directeur du plaidoyer au WWF France

Pour limiter le réchauffement climatique, pour se préparer à son impact sur les Français et préserver sa capacité diplomatique à convaincre les pays en développement de s’engager à plein dans la transition, la France doit néanmoins encore beaucoup faire. À commencer par revoir le cap qu’elle s’est fixé sur l’éolien terrestre : en pleine crise énergétique, l’annonce du président de diviser par 3 le rythme d’installation d’éoliennes terrestres apparaît pour le moins risqué et inadapté à l’ambition climatique du pays. Aussi, la France doit se mobiliser pour soutenir des objectifs ambitieux de restauration des écosystèmes terrestres et marins abîmés à travers un règlement européen capable de les restaurer. Le WWF a salué l’engagement du président de la République à s’opposer à toute exploitation minière des fonds marins. Une victoire pour nos actions, après l’avoir poussé auprès des négociations internationales au sein de l’AIFM, au Congrès mondial de la nature de Marseille en 2020, pendant l’élection présidentielle ou encore aux Sommets dédiés à l’océan.

Pour Pierre Cannet, directeur du plaidoyer au WWF France : “On ressort de cette première semaine avec un sentiment mitigé. Celui d’un petit sursaut avec de nouvelles annonces pour la nature - comme l’interdiction soutenue par la France d’exploitation des fonds marins - ou encore d’annonce de financements - comme celle des États-unis. Et en même temps le sentiment d’inachevé quant au niveau d’ambition. Chacun semble attendre maintenant des autres, en se regardant en chien de faïence, estimant avoir fait sa part… sans réaliser que chacun devra faire plus pour éviter collectivement la catastrophe climatique.

 

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