D’ici 2022, soutenir plus d’un million d’emplois grâce à une relance verte
Rénovation énergétique des bâtiments, développement des énergies renouvelables, soutien à l’électromobilité, aux transports en commun et au vélo, promotion de l’agriculture bio ou encore du tourisme vert… Dans son dernier rapport réalisé avec le soutien du cabinet EY, le WWF France démontre qu’accélérer la transition écologique par une relance verte et dans des secteurs clés permettrait de soutenir plus d’un million d’emplois d’ici la fin du quinquennat.
Pour approfondir le sujet :
COVID-19 : faire face à la criseAlors que le président de la République s’est engagé à placer la relance du pays suite à la crise sanitaire Covid-19 sous le signe de la « reconstruction économique, écologique et solidaire », le WWF France appelle le nouveau gouvernement à se saisir de ses recommandations pour un plan de relance vert qui permette à la France d’accélérer sa transition écologique, tout en favorisant la reprise économique et la création d’emplois d’avenir.
La crise sanitaire du Covid-19 a mis en évidence la fragilité de nos sociétés et de notre modèle de production et de consommation. Les effets de contraction de l’économie nous mettent aujourd’hui face à un défi économique et social majeur. Après le temps de l’urgence vient celui de la relance avec un plan attendu pour la rentrée, probablement à travers le 4ème Projet de Loi rectificatif (PLFR4), qui sera ensuite suivi du PLF pour 2021. Le gouvernement, qui a déjà débloqué des milliards d’euros pour des mesures d’urgence en soutien à l’économie doit maintenant proposer un projet de transformation de la société, par ailleurs attendu par les Français. Ce rapport s’appuie effectivement sur l’ensemble des propositions remises par les citoyens dans le cadre de la consultation du WWF France « Inventons le Monde d’Après » ainsi que celles de la Convention Citoyenne pour le Climat.
Selon EY, un tel plan de relance vert représenterait deux fois plus d’emplois soutenus d’ici 2022 comparé à un plan de relance sans ambition pour la transition écologique.
Dans son rapport « Monde d’après : l’emploi au cœur d’une relance verte », le WWF France analyse le potentiel en termes d’emplois soutenus (maintenus et créés) et en termes de création de valeur ajoutée des secteurs clefs de la transition écologique (richesse créée par une entreprise lors du processus de production). Les conclusions sont claires : investir dans la rénovation énergétique des bâtiments, le développement des énergies renouvelables, de l’électromobilité, des transports en commun, du vélo, de l’agriculture bio ou encore du tourisme vert permettrait de soutenir plus d’1 million d’emplois d’ici 2022. D’après les modélisations du cabinet EY, un tel plan de relance vert représente deux fois plus d’emplois soutenus d’ici 2022 qu’un plan de relance « business as usual » (sans ambition pour la transition écologique) et trois fois plus d’emplois d’ici 2030.
L’ensemble du territoire pourra bénéficier de ce plan de relance vert, avec plus de 80% des emplois soutenus localisés hors de l’Ile-de-France en 2030. Grâce au développement des énergies renouvelables et aux activités liées à la transition des secteurs agricoles et touristiques, les territoires ruraux seraient aussi fortement bénéficiaires. Dans ce contexte, les collectivités locales, qui assurent 70% de l’investissement public et les entreprises qui fournissent plus de 75% des emplois salariés en France, auront un rôle majeur à jouer pour mettre en œuvre la relance. Ce rôle du local rejoint fortement les attentes des Français suite à la crise Covid-19 et du besoin de territorialiser la transition.
Pour mener à bien ce plan de relance vert, le WWF France estime que l’État français devrait à la fois dégager des investissements supplémentaires - 14 milliards d’euros par an supplémentaires sur la période 2020 - 2023 dans la rénovation énergétique des bâtiments, les énergies renouvelables et les transports durables - et les accompagner de mesures structurantes autour de la relance pour ne pas enfermer l’économie dans un modèle non soutenable. Au-delà des bénéfices mesurés pour l’emploi et l’économie française, ce plan de relance vert est aussi l’opportunité de prévenir les futures crises en renforçant la résilience de notre modèle, notamment face aux effets du dérèglement climatique. Sur le plan de l’emploi et le soutien aux salariés, il devra s’appuyer sur un dialogue pour accompagner les salariés pour les filières les plus exposées aux pertes d’emploi sur la décennie qui vient afin d’anticiper dès maintenant les reconversions d’emplois ainsi que les transitions territoriales à mener sur les sites touchés.
Nourri de ses échanges avec des collectivités, des entreprises, des propositions issues de la Convention citoyenne pour le climat ou encore de la consultation Inventons le monde d’après, le rapport du WWF France présente ainsi des recommandations concrètes pour opérer cette relance verte. Il s’agit par exemple de rendre obligatoire la rénovation énergétique des bâtiments d’ici 2040, de sécuriser le soutien public au développement des énergies renouvelables et de mettre en place des trajectoires de suppression des soutiens publics aux énergies fossiles, de soutenir la réorientation du marché automobile vers des véhicules plus légers et électriques, en renforçant à court terme la fiscalité automobile et en introduisant une composante « poids » dans le « bonus-malus » automobile, ou encore d’augmenter les montants du fonds vélo de 50 à 500 millions d’euros par an.
« La crise sanitaire liée à la pandémie du Covid-19 a mis à nu la fragilité de nos sociétés et questionne notre modèle de production et de consommation. En cette « décennie de la dernière chance », alors que l’opportunité de faire autrement existe et que les Français attendent une transformation profonde de nos sociétés, il serait irresponsable de continuer à soutenir des secteurs polluants sans les aider à faire leur transition. Irresponsable aussi, de laisser de côté les secteurs de transition pourvoyeurs d'emploi. Notre rapport le démontre : investir dans la rénovation énergétique des bâtiments, le développement des énergies renouvelables, de l’électromobilité, des transports en commun, du vélo, de l’agriculture bio ou encore du tourisme vert permettrait de soutenir plus d’1 million d’emplois d’ici 2022. Le gouvernement est face à un choix historique : placer l’emploi durable au cœur d’une relance verte ou enfermer l’économie dans un modèle non soutenable. »
Véronique Andrieux, directrice générale du WWF France