Des entreprises demandent une législation européenne forte pour mettre fin à la destruction des écosystèmes
Dans une déclaration publiée ce jour, plus de 40 entreprises européennes demandent à la Commission européenne un projet de loi ambitieux pour mettre fin à la commercialisation de matières premières et produits liés à la déforestation et la conversion des écosystèmes.
En 2017, l'UE a été responsable de 16 % de la déforestation liée au commerce international.
Selon un rapport récent du WWF, l’Union européenne est le deuxième plus gros importateur mondial de déforestation tropicale, derrière la Chine. Rien qu'en 2017, elle a été responsable de 16 % de la déforestation liée au commerce international avec l’importation de matières premières comme le soja, l'huile de palme, le cacao, le café ou encore la viande de bœuf. Afin de mettre un terme à cette déforestation et conversion des écosystèmes, les entreprises signataires déclarent : « Une législation européenne ambitieuse est nécessaire de toute urgence pour s'attaquer à cette menace. Il est indispensable de mettre en place des conditions de concurrence équitables pour permettre la mise sur le marché européen de produits plus durables. » Cette déclaration fait écho à la campagne #Together4Forests, initiée par le WWF et d’autres ONG, qui vise à obtenir une législation forte empêchant la commercialisation de produits liés à la déforestation et à la conversion d’écosystèmes. Grâce à cette campagne, plus d’1,1 million de citoyens ont participé en décembre dernier à la consultation publique lancée par la Commission européenne, pour demander une loi ambitieuse.
Pour les entreprises, la nouvelle loi ne devra pas se limiter à la déforestation mais inclure la conversion et la dégradation des écosystèmes naturels.
Les entreprises signataires demandent à la Commission, qui présentera son projet de législation cet été, un cadre législatif clair et ambitieux. Selon elles, la législation devra inclure des obligations en matière de diligence raisonnée, de transparence et de traçabilité, qui devront être applicables également au secteur financier. Enfin, la nouvelle loi ne devra pas se limiter à la déforestation mais inclure la conversion et la dégradation des écosystèmes naturels. En effet, restreindre le champ d'application de la loi aux forêts « ne fera qu’exacerber les fortes pressions déjà existantes sur les autres écosystèmes. » Soulignant l'impact considérable de la déforestation sur la biodiversité, les droits humains et le climat, les entreprises signataires mettent également en avant ses effets collatéraux sur les économies de l'Union européenne : « La destruction et la dégradation continues de la biodiversité affectent directement la production agricole et d'autres activités économiques, ce qui a un impact sur les marchés et le bien-être humain. La concurrence déloyale nuit aux entreprises qui s'engagent à agir de manière responsable sur le marché européen », peut-on lire dans la déclaration.
« Cet appel fort des entreprises montre qu'une législation ambitieuse est nécessaire pour empêcher la déforestation et la destruction de la biodiversité de finir dans nos assiettes. Elle fixera des règles claires pour que les entreprises s'attaquent à leur empreinte environnementale et à leur impact sur les droits humains. Elle fournira également les instruments juridiques nécessaires pour demander des comptes aux entreprises qui ne respectent pas ces règles. L'Union européenne aura ainsi l'occasion de faire preuve d'un leadership mondial en matière de protection de la biodiversité et des droits humains, tout en respectant ses engagements dans le cadre de l'Accord de Paris. » Anke Schulmeister-Oldenhove, responsable de la stratégie forêts pour le bureau des politiques européennes du WWF