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05. mars 2020 — Communiqué de presse

Eurythenes Plasticus : contaminée par le plastique avant même d'être découverte

Une nouvelle espèce d’amphipode, un crustacé de la taille d’environ un centimètre, a été découverte dans les profondeurs de la Fosse des Mariannes déjà contaminée par le plastique.

Nouvelle espèce découverte : Eurythenes Plasticus

C'est ce que révèle une nouvelle recherche de l'Université de Newcastle, soutenue par le WWF et publiée dans la célèbre revue scientifique Zootaxa. Les chercheurs ont ainsi choisi de nommer officiellement ce petit crustacé « Eurythenes Plasticus », en référence au plastique qui le contamine : une première. 

Cette nouvelle espèce d’amphipode des grands fonds a été trouvée dans la fosse des Mariannes de l'océan Pacifique, entre le Japon et les Philippines, l'un des endroits les plus profonds au monde, contaminée par du polyéthylène téréphtalate (PET), une substance que l'on trouve dans divers articles ménagers d'usage courant tels que les bouteilles d'eau ou les vêtements de sport.  

En nous révélant que des espèces qui vivent dans les endroits les plus reculés de la planète ont déjà ingéré du plastique avant même que l'humanité ne les découvre, cette recherche illustre pleinement l’ampleur et la gravité de la pollution plastique dans le monde. 

Chaque année, plus de 8 millions de tonnes de déchets plastiques finissent dans l’océan, avec des conséquences dramatiques pour l’environnement, la santé humaine et l'économie. Une fois dans l'eau, les déchets plastiques se décomposent en micro-particules et se répandent dans l'océan où ils sont ingérés par des animaux marins.

Eurythenes Plasticus - micro scan
Eurythenes Plasticus - découverte

Suite à un micro scan effectué sur la nouvelle espèce, du plastique a été découvert dans son corps.

La quantité de plastique accumulée dans l'océan pourrait doubler d'ici 2030 soit l'équivalent de 300 millions de tonnes.

Comme le révélait le WWF en 2019 dans le rapport “Pollution plastique, à qui la faute?” si rien n’est fait, la production mondiale de déchets plastiques pourrait augmenter de 41 % d’ici 2030 et la quantité accumulée dans l’océan pourrait doubler d’ici 2030 et atteindre 300 millions de tonnes.

Pour faire face à cette crise, il est urgent que tous les acteurs agissent à leur niveau de responsabilité. Le WWF appelle ainsi :

  • les gouvernements à adopter un traité international contraignant pour lutter contre la pollution plastique au niveau global.

     
  • la France, qui fait partie des plus gros consommateurs de matières plastiques et l’un des pires élèves européens en matière de recyclage du plastique (seulement 22%) : à prendre des mesures concrètes pour que les objectifs pris dans loi anti-gaspillage sur la réduction de la consommation de plastiques à usage unique et l’amélioration du recyclage des plastiques restants soient effectivement atteints.

     

  • les entreprises s’engagent à faire évoluer leurs business modèle pour réduire leur empreinte plastique. Les villes, acteurs incontournables pour lutter contre la pollution plastique, à faire preuve d’exemplarité en s’engageant pour le prochain mandat municipal à interdire les plastiques jetables et non recyclables au sein de l’administration et de la commande publique d'ici 2022 et à soutenir le développement des alternatives aux produits et emballages plastiques à usage unique.

     

  • les citoyens ont aussi un rôle important à jouer pour demander aux gouvernements et aux entreprises d’agir pour lutter contre la pollution plastique, en signant la pétition du WWF. Celle-ci a déjà recueilli plus d’ 1,5 millions de signataires à travers le monde, appelant les gouvernements à adopter un traité international contraignant contre la pollution plastique. Le WWF France met également à disposition des citoyens des outils concrets pour réduire leur consommation de plastique au quotidien, à travers l’application WAG - We Act for Good, grâce à des défis accessibles à tous et un groupe dédié. 

Arnaud Gauffier, directeur des programmes du WWF France :

« Cette nouvelle recherche nous rappelle à quel point le plastique est présent partout : dans l'air que nous respirons, dans l'eau que nous buvons et aussi dans des animaux qui vivent au plus loin de la civilisation humaine. Mais elle doit aussi nous rappeler l’urgence d’agir pour mettre fin à ce fléau. Nous avons les solutions pour le faire: réduire la production et la consommation de plastique en premier lieu, réemployer, recycler et développer des alternatives. L’heure est maintenant aux choix politiques et à la prise de responsabilité de tous les acteurs responsables de cette pollution. Le WWF appelle les gouvernements à prendre des mesures fortes pour réduire la pollution plastique en adoptant un traité international contraignant et en renforçant la réglementation nationale. »

 

Dr Alan Jamieson, responsable de la mission de recherche à l'Université de Newcastle :

« Nous avons choisi le nom « Eurythenes plasticus » pour nommer cette nouvelle espèce car nous voulions alerter sur l’urgence à agir pour mettre fin à la pollution plastique qui envahit nos océans. »