Jeudi 1 août : jour du dépassement de la Terre. Un record qu’on ne veut plus battre
A l’heure où les Jeux Olympiques de Paris 2024 battent son plein, les médailles et les records sont remis en jeu. Et pourtant, il y a des records que l’on ne souhaite pas battre : celui du jour du dépassement de la Terre, qui a lieu ce jeudi 1er août 2024. Cette année, en comparaison à 2023, l’humanité bat un nouveau record en avançant sa date d’un jour - plus précisément 15 heures, selon le Global Footprint Network.
C’est pourquoi le WWF France souhaite mettre en avant l’impact de l’agriculture intensive moderne sur l’environnement et la biodiversité, afin de rappeler les solutions pour faire reculer cette tendance .
Le WWF et le Global Footprint Network s’associent pour alerter sur le jour du dépassement
Cette année, le WWF France s’associe de nouveau au Global Footprint Network pour mettre en lumière le jour du dépassement de la Terre. En 2024, ce jour est avancé en comparaison avec 2023, ce qui illustre notre consommation excessive des ressources naturelles de la planète.
Cette année, l’agriculture intensive est mise en avant afin d’illustrer l'impact des activités humaines sur l'environnement. Oeuvrant depuis toujours pour mettre un frein à la dégradation de l'environnement, le WWF France appelle à des pratiques agricoles durables et à des politiques publiques adaptées - notamment via une réorientation des fonds de la Politique Agricole Commune (PAC) - pour repousser cette date alarmante et préserver la biodiversité et la Nature.
Le jour du dépassement de la Terre, qu’est-ce que c’est ?
Pour régénérer ce que l’humanité consomme, il nous faudrait 1,75 Terre en termes de surface.
Calculée par le Global Footprint Network , la date du 1er août correspond à la date à laquelle l’humanité a consommé (empreinte écologique) l’ensemble des ressources que la Terre peut produire en une année (biocapacité). Autrement dit : pour régénérer ce que l’humanité consomme, il nous faudrait 1,75 Terre en termes de surface. Pour les 5 mois restants, l’humanité vivra dans le rouge, en entamant le capital naturel nécessaire au maintien de la vie sur Terre.
Si tous les humains consommaient comme les Français, le jour du dépassement aurait eu lieu le 7 mai. Nous aurions besoin de presque trois planètes pour subvenir aux besoins de l’humanité. En effet, malgré tous les engagements pris par nos décideurs politiques et les hauts sommets organisés, la date arrive toujours trop tôt.
La clé de lecture du WWF : l’agriculture intensive moderne comme illustration de l’usage non durable des ressources de la Terre
Fortement mécanisée, spécialisée et mondialisée, l’agriculture intensive moderne repose largement sur l’utilisation de ressources non renouvelables, notamment les énergies fossiles, pour assurer la production alimentaire. Bien que notre capacité de production agricole soit largement supérieure aux besoins des Français, dûe à une logique exportatrice, cette surproduction s'accompagne d'une dépendance accrue aux intrants nécessaires à cette production.
Par exemple, l'azote minéral, utilisé pour fertiliser les terres et fabriqué à partir d’énergies fossiles, est importé à plus de 80 %. De plus, pour nourrir nos élevages, près des deux tiers des graines et tourteaux utilisés proviennent de l’étranger, ce qui contribue directement à la déforestation mondiale et à la destruction des écosystèmes naturels.
La protection de nos écosystèmes est cruciale pour assurer la durabilité de la production agricole à long terme.
De plus, l'utilisation massive de pesticides dans l'agriculture intensive a des conséquences graves sur la biodiversité et la qualité des eaux en France. La protection de nos écosystèmes est pourtant cruciale pour assurer la durabilité de la production agricole à long terme.
La diminution des pollinisateurs et des insectes utiles aux cultures menace ainsi directement certaines productions vitales pour notre souveraineté alimentaire. Par ailleurs, la quasi-totalité de nos sols agricoles et naturels sont désormais contaminés et en grande partie abîmés en raison de pratiques agricoles inadaptées.
Restaurer la fertilité de nos sols est ainsi essentiel pour garantir notre capacité à produire de la nourriture à l’avenir, surtout face à l’impact du changement climatique, qui ira en s’aggravant.
L'eau potable en France est fortement contaminée par les pollutions agricoles : environ 34% de l’eau distribuée serait non conforme aux limites réglementaires de qualité.
Cependant, l'impact de l'agriculture intensive ne se limite pas à l'environnement mais touche également la santé publique. L'eau potable en France est fortement contaminée par les pollutions agricoles. Entre 1980 et 2019, 4 300 points de captage d'eau potable ont été fermés à cause de cette pollution, principalement par les nitrates et les pesticides. La situation ne cesse de se dégrader : selon une enquête réalisée en 2023 par l’Agence Nationale de Sécurité Alimentaire, environ 34% de l’eau distribuée serait non conforme aux limites réglementaires de qualité.
Les solutions du WWF pour faire reculer le jour du dépassement
Les grandes cultures pourraient réduire leur utilisation de pesticides de 42% sans nuire à leurs résultats économiques.
Afin de développer une production plus durable, il est essentiel de transformer nos fermes et nos territoires. Un élevage plus autonome pour nourrir les animaux est crucial. Les systèmes agroécologiques offrent une solution, en limitant l'utilisation d'engrais chimiques, de pesticides et le travail excessif des sols.
Ce changement est possible et peut être rentable pour les agriculteurs. Des fermes plus autonomes et économes en intrants ont montré qu'elles pouvaient améliorer leurs performances économiques, notamment en élevage. L'Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l'alimentation et l'Environnement (INRAE) a même estimé que les grandes cultures pourraient réduire leur utilisation de pesticides de 42% sans nuire à leurs résultats économiques.
Pour réussir cette transition, les politiques publiques doivent sécuriser financièrement les agriculteurs. Le WWF France demande ainsi à réorienter massivement les 9 milliards d'euros annuels de la Politique Agricole Commune (PAC). La prochaine révision de la PAC en 2025 est une opportunité pour rediriger ces fonds vers une meilleure sécurisation financière de la transition pour le monde agricole.