La Posidonie, poumon de la Méditerranée, a déjà perdu 34% de sa surface
A l’occasion de la journée mondiale de l'océan, le WWF France alerte sur la régression inquiétante de l’herbier de posidonie en Méditerranée. Ancrages de bateaux, aménagements côtiers, pollution, pêche de fond : la posidonie, plante à fleur sous-marine aux milles vertus, subit des pressions toujours plus importantes. Son déclin a déjà atteint 34% sur tout le littoral des pays du bassin méditerranéen contre 10% sur le littoral français. A l’approche de l’été, le WWF lance une campagne de communication notamment avec de l’affichage sur le littoral méditerranéen français cet été. L’objectif ? Arriver à une protection totale de la posidonie d’ici 2030.
Une plante qui capte 5 à 8 fois plus que la forêt tropicale
Au total, on estime que 34% de la posidonie a disparu sur tout le littoral méditerranéen.
Comme les forêts terrestres, ces forêts marines, endémiques de Méditerranée, fabriquent de l’oxygène. En effet, 1m2 de posidonie dégage jusqu’à 14 litres d’oxygène par jour. Mais l’herbier de posidonie apparaît surtout comme le champion mondial en termes de quantité de carbone stocké à l’hectare: dans ses sédiments et sa matte, il séquestre jusqu’à 5 à 8 fois plus qu’une forêt tropicale !
Au-delà de leur fonction de poumon de la mer, les herbiers de posidonie jouent également un rôle de stabilisation des fonds marins qui permet d’avoir des eaux limpides et claires. Ils servent aussi d’habitat à une multitude d’espèces. En Méditerranée, plus de 50 espèces de poissons vivent dans l'herbier de la posidonie. C'est un refuge et un lieu de reproduction pour plus de 400 espèces végétales et 1000 espèces animales.
La première menace : l’ancre des bateaux de plaisance
D’ici 2030, le WWF France appelle à atteindre une protection totale de la Posidonie. Il est possible d’enrayer l’impact des ancres sur la posidonie grâce aux solutions efficaces qui existent.
Bien qu’elle soit protégée depuis 1988, le déclin de l’espèce continue de s’accélérer. La surface des herbiers a diminué de 10% sur les 100 dernières années en France. Au total, on estime que 34% de la posidonie a disparu sur tout le littoral méditerranéen. La destruction de cet écosystème unique et remarquable est directement liée aux activités humaines. En France, pendant longtemps, la construction de ports, de digues et de plages artificielles s’est développée au détriment des prairies de posidonie. Aujourd’hui, heureusement, de tels aménagements sont interdits, grâce notamment à la loi Littoral qui s’efforce depuis 1986 de concilier développement et préservation des espaces naturels.
Mais l’explosion du nombre des navires de plaisance depuis une quinzaine d’années a fait des dégâts. Les baies de la Côte d’Azur ont été labourées par les ancres des yachts notamment, ravageant au passage les herbiers de posidonie. En France, la Préfecture maritime a désormais interdit aux bateaux de plus de 24 mètres de jeter l’ancre dans l’herbier. Il reste maintenant à stopper l’impact des bateaux de moins de 24 mètres, qui, si leur impact est moindre, représentent plus de 95% des bateaux de plaisance.
D’ici 2030, le WWF France appelle à atteindre une protection totale de la Posidonie. Il est possible d’enrayer l’impact des ancres sur la posidonie grâce aux solutions efficaces qui existent :
- le déploiement de zones de mouillages et d’équipements légers (ZMEL), permettant aux bateaux de plaisance de s’amarrer sur des bouées sans impact écologique
- créer des zones d’interdiction de mouillage qui incitent les plaisanciers à jeter l’ancre dans les zones de sable, afin de ne pas abîmer les prairies marines.
- veiller à une surveillance efficace en mer pour garantir le respect de la réglementation sera la clé du succès de la protection de la Posidonie.