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23. novembre 2016 — Communiqué de presse

Le boom des infrastructures pourrait faire barrage à la restauration des populations de tigres en Asie

Face aux grands plans d’infrastructures menaçant les écosystèmes et la récente augmentation des populations sauvages de tigres, le WWF appelle les gouvernements d’Asie à adopter une approche durable dans la planification et la construction des infrastructures sous peine de conduire l’espèce à l’extinction. 

Tigre du Bengale dans le parc national de Bandhavgarh (Inde)

C’est ce qui ressort d’une nouvelle analyse du WWF "The Road Ahead: Protecting Tigers From Asia's Infrastructure Development Boom" (Chemin à suivre : protéger les tigres du développement incontrôlé d’infrastructures).

 

Publiée à mi-parcours de l’ambitieux plan mondial de doublement des populations de tigres sauvages, le Tx2 (2010 – 2022), cette étude, réalisée par Dalberg Global Development Advisors pour le compte du WWF, met en lumière la menace sans précédent que représente un vaste réseau d'infrastructures planifiées à travers le continent.

 

Près de 11 000 kilomètres de routes, de chemins de fer, de nouveaux canaux, d’oléoducs, de gazoducs et de lignes électriques sont ainsi prévus. Partie d’un programme d’investissement de 8 000 milliards d’US dollars dans les infrastructures en Asie de 2012 à 2020, ce projet va malheureusement contribuer à l’accroissement de la fragmentation des habitats des tigres sauvages existants, du braconnage et des conflits homme/animal.

 

« La coopération internationale pour atteindre l’objectif d’un doublement des populations de tigres sauvages a positivement bouleversé leur protection et donné à l’espèce une vraie chance de survie. Mais l’échelle des plans d’infrastructures actuels dans la région pourrait anéantir toutes les avancées récentes ainsi que tout espoir d’avenir pour les tigres sauvages », explique Mike Baltzer, à la tête de l’initiative Tiger’s Alive du WWF. « Ces infrastructures sont essentielles au développement de l’Asie mais nous devons veiller à ce qu’elles soient construites de la manière la plus soutenable et qu’elles ne soient pas déployées au dépens des écosystèmes et des espèces sauvages ».  

 

Publiée à l’occasion du 6eme anniversaire du Sommet du Tigre de St Pétersbourg - au cours duquel les dirigeants du monde entier et les représentants des 13 gouvernements des pays de l’aire de répartition de l’espèce s’engageaient à travers l’objectif Tx2 à doubler les populations de tigres sauvages d’ici 2022 -, cette nouvelle analyse souligne les nouveaux défis à relever pour la protection de l’espèce et de la richesse du patrimoine naturel d’Asie, essentielles à la survie des millions de personnes à travers le continent.

 

Les gouvernements doivent agir dès à présent pour ne pas risquer de voir tous leurs efforts réduits à néant. En 2010, il n’y avait que 3 200 tigres à l’état sauvage alors qu’ils étaient environ 100 000 un siècle plus tôt seulement. Au cours des 6 dernières années, des populations de tigres ont montré des signes de rétablissement dans plusieurs pays importants grâce à une meilleure gestion des aires protégées, à une approche régionale « zéro braconnage », à de meilleures capacités de surveillance et à des efforts plus soutenus en matière de lutte contre le trafic de tigres.

 

« Aujourd’hui ces populations sauvages sont estimées à 3 890 individus et connaissent notamment une augmentation en Inde, en Russie, au Népal ou au Bhutan. La situation reste toutefois précaire. Ainsi, cette année, l’Inde a déjà perdu 76 tigres victimes du braconnage. La Chine, le Myanmar, la Thaïlande et la Malaisie regroupent ensemble moins de 500 tigres et pourraient les perdre à jamais au cours de la prochaine décennie, notamment si le feu vert est donné à des projets de construction mal conçus », souligne Isabelle Autissier, présidente du WWF France. 

 

Ce rapport démontre qu’à travers la protection des habitats naturels, les gouvernements protègent également leur capital économique et environnemental bénéficiant aux communautés locales sur le continent, notamment aux peuples indigènes.

 

« Les pays concernés doivent placer la protection des écosystèmes comme une priorité de leur plan de développement. Des solutions existent et il n’est pas trop tard. Elles doivent cependant être mises en œuvre dès aujourd’hui sous peine de devoir faire face à des dommages irréversibles », ajoute Mike Baltzer.

 

Aussi, le WWF appelle-t-il les Etats de l’aire de répartition des tigres à prendre en compte leur protection et celle de leurs habitats dès la phase d’élaboration de plans d’infrastructures. Les Etats doivent identifier ces habitats essentiels et les placer hors d’atteinte de ces futures constructions tout en préservant des corridors indispensables aux déplacements de l’espèce.

 

Les gouvernements doivent par ailleurs renforcer et appliquer les mesures de protection de l’environnement mais aussi intégrer la restauration des habitats naturels, les lignes directrices « zéro braconnage » et la surveillance des espèces sauvages à leurs plans d’infrastructure et de construction.