Le dugong de Nouvelle-Calédonie classé « en danger » par l’UICN
Jusqu’alors espèce classée « vulnérable », les dugongs de Nouvelle-Calédonie viennent d’être déclarés « en danger » par l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature). Ce nouveau classement est le résultat de recherches menées par l’IRD et le WWF. Il constitue un signal d’alerte sur le risque élevé de leur extinction.
20 ans d’études sur les dugongs de Nouvelle-Calédonie
Ce classement « en danger » est l’aboutissement d’une évaluation de l’UICN réalisée avec la contribution de Claire Garrigue, chercheuse à l’IRD, et de Marc Oremus, responsable du WWF-France en Nouvelle-Calédonie. Il s’appuie sur des études scientifiques menées sur les dugongs de Nouvelle-Calédonie initiées en 2003 par l’association Opération Cétacés, dont Claire Garrigue est une des membres fondateurs. Ces études se sont poursuivies avec l’IRD en collaboration avec les membres du Plan d’Actions Dugong (PAD) et les universités australiennes de James Cook et de Murdoch. Les travaux menés par cette équipe internationale soulignent la nécessité de préserver cette espèce et l’urgence de mettre en œuvre des mesures de protection pérennes pour leur survie.
« En tant que scientifique, il est de mon devoir d’alerter les autorités sur le danger d’extinction encouru par les dugongs. »
« En tant que scientifique, il est de mon devoir d’alerter les autorités sur le danger d’extinction encouru par la population de dugongs de Nouvelle-Calédonie, afin que toutes les mesures soient prises pour enrayer sa disparition. Le dugong est un animal qui vit longtemps, c’est pourquoi l’investissement de nombreux partenaires et des années d’effort ont été nécessaires pour acquérir les connaissances scientifiques indispensables à l’évaluation de son état de santé. »
Claire Garrigue, chargée de recherche à l’IRD dans l’UMR Entropie et co-autrice de l’évaluation UICN.
Parmi les actions menées par le WWF France :
- La création du Plan d’Actions Dugong réunit plusieurs partenaires locaux et nationaux : les provinces Sud et Nord, le Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire, l'IRD, l'OFB, le WWF, Opération Cétacés et l'Aquarium des Lagons. Le PAD est animé par le Conservatoire d’espaces naturels (CEN). Il a pour objectif d’initier une démarche pérenne de conservation du dugong en Nouvelle-Calédonie ;
- Des survols aériens de la Nouvelle-Calédonie pour évaluer l’évolution du nombre de dugongs ;
- Une étude de leur variabilité génétique ;
- Des études sur la valeur patrimoniale du dugong pour les populations de l’archipel ;
- Le suivi par balisage satellitaire et GPS des déplacements des dugongs.
Les résultats de ces recherches montrent que la Nouvelle-Calédonie abrite une des dernières populations écologiquement viables de dugongs dans le monde. Cette espèce joue de plus un rôle important dans la culture locale. Elle demeure très vulnérable, à faible potentiel de résilience, et sur laquelle pèse un risque d’extinction de plus en plus fort.
Ces études ont abouti à trois constats majeurs qui ont conduit l’UICN à revoir le statut des dugongs :
- Leur population comprend actuellement moins de 900 adultes ;
- Les dugongs de Nouvelle-Calédonie sont géographiquement et génétiquement isolés des populations voisines. Ils présentent le plus faible niveau de diversité génétique à l’échelle mondiale ;
- Les actions humaines (braconnage, collisions, prises accidentelles, dégradation des herbiers marins et changement climatique) entrainent un niveau de mortalité trop important pour permettre leur survie.
Pour cette raison, l’IRD, le WWF, et l’ensemble des membres du Plan d’Actions Dugong se mobilisent afin de trouver des solutions pour préserver les dugongs. Face à cette urgence, le WWF-France a d’ores et déjà prévu d’investir significativement dans la protection du dugong calédonien afin notamment de soutenir les actions du Plan d’Actions Dugong au cours des années à venir.
« Il n’est pas trop tard pour sauver le dugong calédonien mais le temps presse. »
« Il n’est pas trop tard pour sauver le dugong calédonien mais le temps presse. Il est essentiel que l’ensemble des acteurs concernés se mobilise dès maintenant pour empêcher la disparition à court terme de cette espèce emblématique, dont l’importance s’inscrit autant par son rôle écologique dans le lagon que son rôle patrimonial dans la culture locale. »
Marc Oremus, responsable WWF-France en Nouvelle-Calédonie et co-auteur de l’évaluation UICN.