Le loup en danger : échec malgré la mobilisation
Le 20 décembre 2023, Ursula von der Leyen a proposé à la Commission européenne d'affaiblir le statut de protection du loup, passant de “strictement protégé” à “protégé”. Un tel déclassement vise en réalité à passer d’un impératif de protection à une logique de régulation, afin de faciliter les tirs et d'empêcher le loup de s'installer sur de nouveaux territoires voire d'atteindre un bon état de conservation. Cette initiative met en péril la survie d'une espèce déjà vulnérable sans résoudre les difficultés auxquelles font face les éleveurs.
Pour approfondir le sujet :
CPUne mobilisation record pour la protection du loup
Le WWF France ainsi que d’autres associations partenaires se sont mobilisés pour le loup en lançant une grande pétition qui a réunie plus de 200 000 signataires.
Une telle décision nécessitait d’abord l'accord d'une majorité qualifiée des États membres de l'UE, et des parties signataires de la Convention de Berne (1979), une convention établissant la protection stricte de nombreuses espèces en danger en Europe. Elle a été transposée en droit européen par la Directive Habitats votée en 1992.
Le WWF France ainsi que d’autres associations partenaires se sont donc mobilisés pour empêcher le vote de cette décision en lançant une grande pétition ainsi qu’une importante campagne de communication pour alerter les Français.
Cette pétition a recueilli plus de 205 000 signatures grâce aux nombreux relais dont ceux des bénévoles mobilisés par centaines.
La pétition a été transmise aux ministres français concernés et au Premier ministre, ainsi qu’aux gouvernements de 17 bureaux du WWF mobilisés à travers l’Europe.
Malgré cela, le 25 septembre dernier, les Etats membres se sont prononcés en faveur d’un déclassement du loup, avec le soutien de la France, la crise agricole du printemps dernier ayant contribué à radicaliser les positions en France et en Europe.
Un décision délétère pour le loup
En votant pour l'affaiblissement de la protection des loups dans le cadre de la Convention de Berne, les États membres de l'UE ont ignoré les appels de plus de 300 organisations de la société civile, de l'Initiative pour les grands carnivores en Europe et de centaines de milliers de citoyens qui demandaient une action fondée sur la science pour promouvoir la coexistence avec les grands carnivores. Au lieu de cela, ils ont soutenu des décisions motivées par des considérations politiques, notamment dans le cadre de la crise européennes des agriculteurs.
Les populations de loups se sont à peine rétablies après avoir disparu dans la plupart des régions d'Europe, et l'affaiblissement de leur protection pourrait mettre en péril ce fragile rétablissement. De plus, l'abattage plus important de loup, va désorganiser les meutes, risquant ainsi d'augmenter le nombre d'attaques sur l'élevage, et de créer plus de tensions entre l'animal et l'homme.
Les prochaines étapes de la mobilisation
En France
- Le Premier ministre Michel Barnier a annoncé que la prochaine évaluation de la situation en France (estimation actualisée de la population de loup, nombres de dommages sur les troupeaux) en décembre serait un possible "moment clé pour augmenter la capacité de prélèvement", ce qui n'a pas été fait depuis 4 ans, augmentation contre laquelle le WWF France se mobilisera.
- Poursuite du programme Entre chiens et loups, pour démontrer et convaincre, les agriculteurs et les décideurs politiques qu’une cohabitation entre l’homme et l’animal est possible. Aujourd’hui, une dizaine d’éleveurs sont accompagnés chaque été afin de se prévenir de potentielles attaques contre leurs troupeaux.