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06. juillet 2018 — Communiqué de presse

Les métropoles françaises à l’épreuve de l’Accord de Paris

Une étude inédite sur les 10 plus grandes métropoles de France réalisée par le WWF France avec EcoAct révèle que leurs engagements ne sont aujourd’hui pas à la hauteur pour contenir le réchauffement climatique bien en-dessous de 2°C.

Certaines métropoles auront consommé leur budget carbone d'ici 7 ans

Les villes françaises, qui représentent 67% des émissions de gaz à effet de serre (GES) en France

Il y a un an, la France se dotait d’un Plan Climat visant à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, en lien avec l’Accord de Paris. Pour mettre en œuvre cet objectif ambitieux, les villes françaises, qui représentent 80% de la population totale et 67% des émissions de gaz à effet de serre (GES) sont des acteurs incontournables. Or, leurs engagements ne sont aujourd’hui pas à la hauteur pour réussir à contenir le réchauffement climatique bien en-dessous de 2°C. C’est ce que révèle une étude inédite sur les 10 plus grandes métropoles de France réalisée par le WWF France avec EcoAct. 

Pour la première fois, cette étude donne une mesure du défi climatique aux collectivités, en attribuant aux dix plus grandes métropoles françaises un volume d’émissions à ne pas excéder d’ici 2100 pour éviter une élévation de la température moyenne de la planète au-dessus des 2°C (budget carbone). 

L’étude montre qu’au rythme actuel les métropoles auront consommé en 13 ans l’intégralité de leur budget carbone permettant de contenir le réchauffement climatique en-dessous de 2°C et en 5 ans seulement à 1,5°C. Même en respectant les objectifs qu’elles se sont déjà fixés, leur budget carbone devrait être entièrement consommé entre 2025 et 2044. Au niveau national, la France aura consommé ce budget carbone en 2028, d’ici 10 ans seulement.

Bretelles d'autoroutes vues du ciel, Shanghai, Chine
Des cyclistes soucieux de l'environnement font du vélo à San Francisco, Californie, États-Unis

Accélérons la transition écologique des villes !

Plusieurs métropoles ont d’ores et déjà fixé des caps ambitieux vers la neutralité carbone ou le 100% renouvelables.

Pour respecter l’Accord de Paris, il est donc urgent d’accélérer la transition écologique des territoires: les métropoles devront doubler, voire tripler, l’ambition de leurs objectifs déjà fixés à l’horizon de 2030 et engager des actions plus ambitieuses dans les principaux secteurs émetteurs de gaz à effet de serre (transport, logement et alimentation).

L’enjeu est certes considérable, mais des solutions concrètes pour relever le défi climatique existent et peuvent être adoptées à court terme : développer les énergies renouvelables, le vélo et les zones à faibles émissions, amplifier la rénovation du parc bâti, favoriser l’évolution des pratiques agricoles et alimentaires ou encore développer l’économie circulaire, pour ne citer que quelques exemples. 

Plusieurs métropoles ont d’ores et déjà fixé des caps ambitieux vers la neutralité carbone ou le 100% renouvelables. Reste maintenant à définir le chemin pour y parvenir.

C’est pourquoi, cette étude a vocation à accompagner les collectivités et les élus locaux dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris, en leur proposant des trajectoires sur mesure de réduction des émissions de gaz à effet de serre ainsi que des solutions concrètes. 

L’étude montre également que cette transition écologique n’est pas seulement une nécessité, mais aussi une opportunité pour les territoires : elle permettrait en effet d’améliorer la qualité de l’air et la qualité de vie, de créer des emplois, de préserver la biodiversité et de garantir une meilleure attractivité économique du territoire. 

Des solutions existent, à nous de les mettre en oeuvre

"Il est maintenant indispensable que le gouvernement donne aux collectivités locales les moyens nécessaires."

Portrait de Pascal Canfin

Pour autant, la réussite de la transition écologique des territoires ne repose pas seulement sur les collectivités locales. Elle nécessite une large mobilisation de l’ensemble des acteurs économiques et des habitants, à travers des dispositifs innovants tels que la “COP21 locale” accompagnée par le WWF France à Rouen Normandie et le soutien du gouvernement.

Si l’Etat les a nommées “coordinatrices territoriales de la transition énergétique”, il doit maintenant donner aux intercommunalités les moyens nécessaires pour la mettre en œuvre dans les délais impartis. Cela passe notamment par l’adoption dans le prochain Projet de loi de finances (PLF) d’une dotation climat au profit des collectivités territoriales. 

« Le constat est clair : d’ici 13 ans, les métropoles auront déjà consommé l’intégralité de leur budget carbone correspondant à un objectif mondial de réchauffement climatique de 2°C. Il est donc plus urgent que jamais de lever les obstacles qui freinent une transition écologique ambitieuse des territoires. Les solutions et les exemples positifs existent: nous savons comment inciter les citoyens à se déplacer à vélo en et transports en commun, à manger bio et moins de viande, à rénover leur logement, à s’approvisionner en énergies renouvelables… Le vrai défi consiste maintenant à les généraliser. Pour y parvenir, il est maintenant indispensable que le gouvernement donne aux collectivités locales les moyens nécessaires ».

Pascal Canfin, directeur général du WWF France