Métaux critiques : le WWF France alerte sur les SUV électriques

Cuivre, lithium, nickel, cobalt … déjà au cœur de notre vie quotidienne, ces métaux critiques le seront bientôt davantage sous l’effet de la transition vers la voiture électrique dans laquelle se sont engagées l’Union européenne (qui a annoncé la fin de vente des voitures thermique en 2035) et la France (qui planifie la production, d’ici 2027, de 1 million de modèles électriques par an).

Au point que la demande en métaux critiques pourrait être multipliée par 30 en à peine 20 ans et que l’Agence internationale de l’énergie s'inquiète de l’insuffisance de la production pour répondre à cette demande en plein essor.

Si l’insuffisance de la production industrielle est souvent pointée du doigt, le WWF France révèle par cet étude l’importance d’une autre menace : l’augmentation continue du poids des voitures, sous l’effet de la progression des ventes de SUV contre laquelle le WWF France n’a cessé d’alerter depuis 2020, qui touche aujourd’hui 46 % des ventes thermiques et qui s’étend désormais à 41 % des modèles électriques. En effet, un gros SUV électrique consomme 3 fois plus de cuivre et d'aluminium et 5 fois plus de lithium, nickel et cobalt qu’une petite citadine électrique. 

Autre résultat du WWF France : si le monde entier achetait autant de SUV électriques que les Français, l’industrie minière ne produirait pas assez de métaux critiques, à la fin de la décennie, pour répondre à la demande primaire mondiale de lithium, nickel, cuivre et cobalt.

Il est pourtant possible d’éviter les pénuries. C’est le message de science et d’espoir porté par le WWF à travers cette nouvelle étude : avec l’appui d’institutions scientifiques renommées en matière de mobilités et de minerais critiques, le WWF France a souhaité étudier les leviers à disposition du gouvernement français pour éviter la rupture de stock.

Les résultats sont sans appel : si le gouvernement parvient à faire reculer les ventes de SUV et à investir dans les mobilités partagées et actives, il pourra parvenir à réduire de … 40 % la demande en batteries électriques en 2035. 

Parmi les leviers testés par le WWF France, de la sobriété jusqu’au développement du train et du vélo, c’est la réduction du gabarit des voitures électriques qui permettra d’obtenir, d’ici 2035, la plus forte baisse des besoins en métaux critiques : dé-SUViser le marché électrique permettra déjà de réduire la demande de 17 % en 2035 par rapport à un scénario de laisser-aller.

 

Le WWF France appelle donc le gouvernement à décourager la vente des modèles électriques les plus lourds en instaurant un malus poids spécifique à ces modèles et prenant en compte le poids associé à une batterie électrique d’une capacité suffisante pour couvrir l'essentiel des besoins de déplacement des Français. 

En miroir et dans un double objectif de compétitivité et d’excellence climatique, le WWF France appelle le gouvernement à réserver le bonus écologique aux seules voitures électriques pesant moins de 1,6 tonne, pour cesser de subventionner la vente de modèles étrangers lourds et polluants.

Afin de permettre de restaurer une offre conçue pour et réservée aux familles nombreuses, les propositions formulées par le WWF France prévoient un régime particulier permettant aux familles nombreuses de bénéficier du bonus pour l’achat d’une voiture pesant plus de 1,6 tonne (mais moins de 2,2 tonnes) et d’un malus réduit pour l’achat d’une voiture électrique lourde car spacieuse.

Jean Burkard, directeur du plaidoyer au WWF France : “La voiture électrique est indispensable à la lutte contre le réchauffement climatique : en France, elle émet 3 fois moins  qu’une voiture thermique sur l’ensemble de son cycle de vie et elle sera donc incontournable pour atteindre nos objectifs climatiques. Avec cette étude, nous montrons qu’il est encore temps de sauver la voiture électrique de l’impasse SUV et de reprendre le contrôle sur l’indépendance stratégique de la France”.