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20. mai 2022 — Communiqué de presse

Nouveau rapport du WWF : plutôt que la nourrir, l’Europe dévore la planète

Contrairement au cliché largement répandu et repris par certains responsables politiques selon lequel l’agriculture européenne nourrirait le monde, l’Europe contribue négativement aux équilibres alimentaires mondiaux. En cause ? Notre surconsommation de protéines animales. Dans son dernier rapport “l’Europe dévore la planète”, le WWF met en évidence ces nombreux déséquilibres et défaillances du système alimentaire européen et souligne les pistes à suivre pour le transformer.

En surconsommant des protéines animales, l’Europe détruit la planète

En 2020-21, l’Union européenne a utilisé plus de 25 millions de tonnes de farine de soja importé pour l’alimentation animale alors que notre production est inférieure à 1 million de tonnes.

Loin de nourrir le monde, l’Europe consomme en fait plus que sa part. En surconsommant des produits animaux (viande et produits laitiers), nous sommes dépendants des importations pour 11 % des calories et 26 % des protéines dont nous nous nourrissons. Nos importations de soja, pour l’alimentation du bétail, sont notamment en cause.

En 2020-21, l’Union européenne a utilisé plus de 25 millions de tonnes de farine de soja importé pour l’alimentation animale alors que notre production est inférieure à 1 million de tonnes. Pour soutenir notre surproduction de protéines animales, nous sommes aussi dépendants d’engrais. Le rapport rappelle que 85 % du potassium et 68 % du phosphate sont importés, notamment de Russie et de Biélorussie. 

Enfin, la production d’alimentation pour le bétail est aussi à l’origine d’un accaparement des terres : 63 % des terres arables de l’UE sont aujourd’hui associées à la production animale et sur les 65 MT de maïs produites en UE, 50 sont utilisées pour nourrir les animaux. 

Ce modèle de consommation insoutenable contribue à une destruction massive d’écosystèmes naturels dont les effets sont dévastateurs pour le climat, la biodiversité et les droits humains. Pour preuve : les importations de l’UE sont à l’origine de la destruction de 3,5 millions d’hectares de forêts entre 2005 et 2017, en faisant le deuxième importateur de produits agricoles associés à la déforestation tropicale. L’agriculture intensive européenne conduit également à des pollutions nombreuses et majeures, en particulier dans les zones intensives en élevage. Enfin, produire pour nourrir les animaux plutôt que les humains revient à gaspiller des terres et fragilise notre système alimentaire, comme le montrent les instabilités actuelles. 

Pour contribuer positivement à l’alimentation du monde, l’Europe doit faire évoluer ses régimes alimentaires

Notre rapport constate que, si la production alimentaire actuelle est suffisante pour nourrir la population mondiale actuelle et les 10 milliards prévus en 2050, il est indispensable d’enclencher la transformation de notre système alimentaire. Dans le cadre du Green deal et de la stratégie “De la ferme à la table”, la Commission européenne consulte actuellement sur un projet de nouveau cadre législatif sur les systèmes alimentaires durables. Alors que les citoyens européens demandent d’accéder à une alimentation plus durable*, cette législation doit nous permettre de nous assurer que nos assiettes futures seront alignées avec nos engagements environnementaux. Et d’activer tous les leviers nécessaires pour accompagner cette transition : des prix des denrées alimentaires à la commande publique en passant par la publicité et l’affichage environnemental. Enfin, la PAC, le cœur de notre politique agricole, devra également être profondément transformée lors de sa prochaine révision pour répondre aux attentes fixées par cette nouvelle législation.

Pas de planification écologique sans transformation du système agricole, la France doit agir dès maintenant !

Le WWF France appelle le Président de la République à revoir plusieurs points centraux afin que la transformation de notre modèle agricole soit au cœur de la planification écologique annoncée.

Véronique Andrieux, Directrice Générale du WWF France

“ Le Plan Stratégique National, qui oriente les 45 milliards d’euros que la France recevra de la PAC lors du prochain quinquennat, doit être arbitré par le Président dans les prochains jours. Sa version actuelle nous place sur une trajectoire incompatible avec celles de nos engagements sur le climat, la biodiversité et la protection des ressources naturelles. Rediriger le PSN pour mieux accompagner la transition agro écologique nous permettrait de réduire notre dépendance aux importations et notre empreinte désastreuse sur la planète. Alors que le PSN révisé devrait être soumis début juin par le gouvernement français à la Commission, le WWF France appelle le Président de la République à revoir plusieurs points centraux afin que la transformation de notre modèle agricole soit au cœur de la planification écologique annoncée.” 

Véronique Andrieux, directrice générale du WWF France

*. Dans une enquête menée auprès de plus de 11 000 adultes dans neuf pays européens dans le cadre du projet Eat4Change du WWF#, trois personnes sur cinq (61 %) ont déclaré qu'elles essayaient de choisir des aliments moins nocifs pour l'environnement.