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17. mai 2024 — Communiqué de presse

Nouvelle étude du WWF : Les États membres dépensent des milliards de subventions de l'Union Européenne pour financer des activités nuisibles à la nature

 Une nouvelle étude du WWF révèle que les États membres dépensent entre 34 et 48 milliards d'euros de subventions européennes chaque année dans des activités nuisibles à la nature.

Ces subventions néfastes concernent tous les principaux secteurs de l'économie mais la majeure partie d'entre elles provient des aides au secteur agricoleLe rapport donne aussi d’autres exemples de cas concrets de dépenses dommageables provenant de dix pays européens et portant sur d'autres secteurs comme l’eau, la forêt, la pêche... 



Le cas français montre que l’utilisation des fonds du plan de relance européen pour renouveler les forêts françaises constitue, en grande partie, une subvention néfaste à la fois pour le climat et la biodiversité avec des coupes rases sur 88% des surfaces financées ce qui, outre la perte de biodiversité, fragilise grandement l’avenir des forêts face aux effets du changement climatique.

60 % du financement de la Politique agricole commune (PAC) de l'UE sont dépensés pour des activités qui encouragent une agriculture industrielle et non durable.

Selon une nouvelle étude, jusqu'à 60 % du financement de la Politique agricole commune (PAC) de l'UE, totalisant 32,1 milliards d'euros par an, sont dépensés par les Etats membres pour des activités qui encouragent une agriculture industrielle et non durable. Ces pratiques détériorent les habitats naturels alors que ces fonds pourraient au contraire soutenir les agriculteurs pour une transition juste vers des pratiques durables et résilientes au changement climatique.

Les subventions directes dans d'autres secteurs tels que la pêche (entre 59 et 138 millions d'euros), les infrastructures de transport (entre 1,7 milliard et 14,1 milliards d'euros) et les infrastructures hydrauliques (entre 1,3 milliard et 2 milliards d'euros) contribuent également de manière significative à la destruction de la biodiversité.

Un fermier épand des pesticides dans un champ de patates, Suède.
Tracteur agricole pour les cultures sur de grandes parcelles de terre. Pleven, Bulgarie

Il manque plus de 18 milliards d'euros chaque année pour financer des activités de protection et restauration de la biodiversité

Cette mauvaise allocation des fonds européens va à l’encontre de la Stratégie de l'UE pour la biodiversité à l'horizon 2030. Les objectifs de la Stratégie requièrent un montant estimé à 48 milliards d'euros par an pour financer des activités de protection et restauration de la biodiversité et ainsi accompagner les agriculteurs, les propriétaires terriens, les communautés rurales et côtières... Or actuellement, l'UE et ses États membres sont très loin de cet objectif financier -  il manque plus de 18 milliards d'euros chaque année.

"Ces résultats devraient être un signal d'alarme pour les gouvernements et les citoyens de l'UE qui dépensent des milliards d'euros dommageables à la nature"

Jean Burkard, directeur du plaidoyer du WWF France

"Chaque année, plus de 30 milliards d'euros de la Politique agricole commune (PAC) financent des activités qui nuisent à la biodiversité et échouent à soutenir dans la durée  les agriculteurs. C’est l’équivalent des dépenses annuelles de la Croatie ou du Luxembourg.

A l’approche des élections, et en pleine crise du pouvoir d’achat, ces résultats devraient être un signal d'alarme pour les gouvernements et les citoyens de l'UE qui dépensent des milliards d'euros dommageables à la nature, sapant du même coup les investissements pour la protéger et la restaurer. La redirection de ces subventions pourrait facilement combler l'écart de financement nécessaire pour atteindre les objectifs de biodiversité” déclare Jean Burkard, directeur du plaidoyer du WWF France. 

Le WWF France exhorte les Etats membres et l'UE à établir un cadre juridiquement contraignant pour garantir l’élimination progressive des subventions qui nuisent à la biodiversité, et les rediriger vers des solutions fondées sur la nature à même de renforcer la protection des Européens face aux chocs climatiques. 

Au niveau national, le WWF s’étonne d’ailleurs que la mission sur les subventions dommageables prévue par la Stratégie Nationale Biodiversité parue en novembre dernier ne soit toujours pas lancée.