Parc des Virunga : l’UNESCO met en garde contre les activités pétrolières
L’agence des Nations Unies qui supervise les sites classés au Patrimoine Mondial de l’Unesco vient de lancer un appel urgent à l’arrêt des opérations d’exploration dans le Parc des Virunga. A la suite d’une mission menée sur le terrain en République Démocratique du Congo, l’organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a rendu compte d’une situation « extrêmement inquiétante » au sujet de l’extraction de pétrole dans le Parc des Virunga, qui abrite une des plus importantes variétés de végétaux et d’animaux en Afrique. « La moindre opération d’exploitation de pétrole dans l’enceinte du Parc portera gravement atteinte à son intégrité», selon l’UNESCO.
Implanté à Londres, le groupe pétrolier Soco International PLC a entamé une série de tests sismiques dans le lac Edward le mois dernier, en dépit des protestations répétées du gouvernement Britannique. L’UNESCO exhorte Soco à se retirer des Virunga et implore l’entreprise de rester en dehors de tout site classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Selon l’agence de l’ONU, l’exploration et l’exploitation du pétrole sont incompatibles avec le statut de site classé au patrimoine mondial.
« Soco est en train de mettre en péril l’avenir de 50.000 familles qui ont besoin du lac Edward à la fois pour travailler, manger et boire. Le forage pourrait détruire pour de bon cet endroit extraordinaire qui a déjà tant enduré» déplore Zach Abraham du WWF International. « Le reste du monde ne doit pas rester passif alors que le plus vieux Parc national d’Afrique est en passe de devenir un nouveau gisement pétrolier ».
Le Parc des Virunga figure au Patrimoine Mondial de l’UNESCO depuis 1979, et a été le premier site africain reconnu comme possédant une valeur naturelle exceptionnelle et qui doit être préservé pour les générations futures. Le Parc est réputé pour sa population déclinante et menacée de gorilles de l’est ainsi que pour ses volcans en activité. Le WWF travaille sur les forêts, l’eau potable et la conservation des espèces dans les Virunga depuis 40 ans et soutient ses garde-forestiers héroïques : ils sont 140 à avoir péri dans le cadre de leurs fonctions. Le mois dernier, le Directeur du Parc, Emmanuel de Merode, a survécu de peu à un guet-apens au cours duquel il a reçu quatre balles.
Les menaces qui planent sur le Parc, notamment le pétrole, seront au cœur des discussions du Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO, dont la prochaine session se tiendra le mois prochain, à Doha. Lors de cette rencontre, le Comité prendra en considération les recommandations de ses experts et prendra une décision. L’année dernière, le Comité a demandé l’annulation de tout permis d’exploration dans les Virunga. Cette année, un projet de décision du Comité demande aux Etats parties de la Convention du patrimoine mondial «de faire leur maximum pour s’assurer que les entreprises pétrolières et minières s’implantent sur des territoires qui n’endommagent pas les sites classés au patrimoine mondial ».
« Les Virunga sont protégés par les lois nationales et par les traités internationaux, que la République Démocratique du Congo et le Royaume-Uni ont pour obligation d’appliquer » a souligné Abraham. « Soco devrait abandonner ses projets d’exploration dans les Virunga et se conformer aux standards de responsabilité sociale d’entreprise avant que la question ne soit soumise au Comité du patrimoine mondial ».