Politique énergétique française : le WWF France regrette les paradoxes des discours et le flou autour des annonces
Le Président de la République et le Gouvernement viennent de donner ce matin les grandes orientations de la politique énergétique de la France pour les années à venir. Alors que le constat semble partagé sur l’urgence d’accélérer la transition énergétique en France, les annonces faites ne permettent pas concrètement de faire face aux défis qui se posent aujourd’hui.
Pas de solutions concrètes pour la transition énergétique en France
Alors que le constat semble partagé sur l’urgence d’accélérer la transition énergétique en France, les annonces faites ne permettent pas concrètement de faire face aux défis qui se posent aujourd’hui. Le WWF France dénonce les paradoxes flagrants ainsi que le décalage entre le diagnostic et l’absence de solutions concrètes présentées ce matin pour mettre en oeuvre aujourd’hui la transition énergétique en France.
Dépendance aux énergies fossiles
Emmanuel Macron a confirmé le décalage de l’objectif de réduction de 50% de la part du nucléaire dans le mix électrique à 2035 et a annoncé, et c’est une première pour un président de la République, la fermeture de 14 réacteurs d’ici cette même échéance. En revanche, le WWF France regrette que la mise en oeuvre reste floue et très tardive sans aucune fermeture de confirmée sur le prochain quinquennat. Alors que Nicolas Hulot semblait avoir conclu un accord sur un seuil minimal de fermeture sans conditions de six réacteurs d’ici 2028, en plus des deux réacteurs de Fessenheim, le gouvernement a reculé en annonçant la fermeture sans conditions de deux réacteurs et de deux autres sous conditions d’ici 2028, en plus des deux réacteurs de Fessenheim.
Le WWF France déplore également que le gouvernement ouvre la porte à un programme sur le nouveau nucléaire, programme demandé à l’opérateur EDF pour alimenter des décisions en 2021 avec des conditions posées en termes de compétitivité. Pour le WWF, il est peu probable que ce programme aboutisse car il s’agit d’un nouveau mirage et d’une option incohérente, tant au niveau économique que des délais de construction sachant que des alternatives viables et abordables existent.
Au niveau de la réduction de la dépendance aux énergies fossiles, le gouvernement a manqué l’occasion de présenter des mesures concrètes et additionnelles sur la rénovation des bâtiments. C’est d’autant plus dommage que l’efficacité énergétique représente une partie de la réponse à la question du pouvoir d’achat qui est au coeur de la crise sociale que la France traverse. La France compte 7,5 millions de passoires énergétiques et 3,3 millions de ménages en situation de précarité énergétique.
Par ailleurs, aucune référence n’a été faite à la sobriété énergétique et à la nécessaire évolution de nos modes de vie. Au contraire, pour ne citer que l’exemple des mobilités, le Président de la République a affirmé que les citoyens ne doivent pas se déplacer moins et que la voiture a un avenir en France. Sur la question des mobilités, le WWF souligne l’absence d’annonces précises aujourd’hui d’autant plus que le projet de Loi d’orientation sur les mobilités présenté hier ne fait à ce stade pas référence à la fin des ventes de véhicules essence et diesel d’ici à 2040.
Pas de moyens financiers supplémentaires
Le WWF France souhaite qu’au moins 50% des recettes liées à la fiscalité anti-pollution soient allouées à la transition écologique.
Du point de vue des moyens financiers supplémentaires nécessaires pour la transition et son accompagnement, aucune nouvelle n’est à signaler, alors que le nouveau panorama des investissements publics privés 2018 d’I4CE rappelle qu’il faudrait de 10 à 30 milliards d’euros supplémentaires annuels pour mettre la France sur la bonne voie de la transition.
Le gouvernement aurait pu par exemple répondre aux revendications en cours sur le prix des carburants en donnant des garanties sur l’allocation des recettes liées à la fiscalité anti-pollution à la transition.
Energies renouvelables, une mise en oeuvre à clarifier
Sur le volet des énergies renouvelables, le WWF France salue les caps qui sont fixés pour le développement de l’énergie solaire et de l’éolien terrestre, et leur maintien sur le gaz renouvelable, mais reste déçu par les annonces concernant l’éolien en mer. Il rappelle qu’il reste encore à clarifier les moyens pour la mise en oeuvre et les objectifs concernant les autres filières d’énergies renouvelables.
Enfin, le Président de la République a annoncé la mise en place d’une grande concertation sur la transition écologique et sociale, d’une durée de trois mois, sur l’ensemble du territoire au niveau national et local. Le WWF France s’interroge sur la manière dont cette concertation va être menée et permettre d'aboutir à des solutions concrètes.