Rapport spécial du GIEC : une transformation radicale de l’usage des terres est nécessaire pour lutter contre la crise climatique
La 50e session du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) s’est ouverte le 2 août à Genève et rendra ses conclusions le 8 août. Le GIEC présentera un rapport spécial sur les liens entre le changement climatique et la gestion des terres.
Pour approfondir le sujet :
Alimentation durableL’agriculture, la sylviculture et les autres utilisations des terres, sont responsables d’environ 25% des émissions mondiales des gaz à effets de serre.
A cette occasion, le WWF lance un appel urgent aux gouvernements pour qu’ils reconnaissent que sans transformation radicale de l’utilisation des terres, sans préservation des forêts et sans une modification profonde des systèmes alimentaires, nous ne pourrons pas faire face à la crise climatique. Actuellement, l’agriculture, la sylviculture et les autres utilisations des terres, sont responsables d’environ 25% des émissions mondiales des gaz à effets de serre.
Le rapport du GIEC (attendu le 8 août) doit fournir une évaluation scientifique solide sur la manière dont les actions dans le secteur foncier peuvent aider à réduire les émissions de gaz à effet de serre.
L’évolution vers une gestion durable des terres est essentielle pour freiner le réchauffement climatique et répondre à d’autres objectifs de société, tels que la protection de la biodiversité et de la sécurité alimentaire. En effet, l’agriculture, la foresterie et les autres utilisations des terres sont à la fois des sources de gaz à effet de serre (élevage, déforestation, pratiques agricoles, etc.) mais aussi des puits de carbone (forêts, prairies et carbone des sols agricoles, etc.) et constituent donc une partie de la solution dans notre bataille contre le changement climatique.
Cependant, ces écosystèmes commencent à être touchés de plein fouet par le réchauffement climatique, et voient donc leur potentiel d’atténuation mis à mal. Le rapport du GIEC doit donc aussi souligner le lien entre les crises du climat et de la biodiversité. Notre gestion des terres participe à la crise climatique à travers la dégradation des sols, la déforestation et la destruction d’écosystèmes riches en carbone tels que les tourbières et les zones humides. Or ce sont ces mêmes écosystèmes essentiels dans la lutte contre le changement climatique qui recèlent la plus importante biodiversité à l’échelle mondiale.
Selon le WWF, les recommandations du GIEC doivent être particulièrement claires sur :
- Le fait que le climat et les terres interagissent étroitement. La façon dont nous utilisons les terres est en partie à l’origine de la crise climatique, et de ce fait accroît les risques auxquels font face les hommes et la nature – dégradation des sols et sécurité alimentaire par exemple.
- Les besoins en terres de l’Humanité sont trop élevés et non soutenables. L’Homme a déjà modifié les ¾ des terres émergées, le statu-quo n’est pas une option alors que les pressions sur les terres vont aller croissant.
- Préserver les forêts et modifier les pratiques agricoles sans agir sur le secteur de l’énergie n’est pas suffisant pour enrayer la crise climatique. Tous les secteurs (en particulier le transport et la production d’énergie) doivent contribuer à l’atteinte de l’objectif 1,5°C.
- Nous faisons face à ces choix difficiles en matière d’utilisation des terres. Faire les bons choix dès à présent nous permettra de limiter le changement climatique, tout en améliorant la résilience des écosystèmes et des communautés, grâce notamment à une amélioration de la sécurité alimentaire.
Arnaud Gauffier, Co-directeur des programmes par interim au WWF France
« Le 29 juillet avait lieu le Jour du Dépassement, à partir duquel l’Humanité vit à crédit pour le reste de l’année. Ce nouveau rapport du GIEC est un exemple de plus de la pression insoutenable que nous faisons porter aux écosystèmes, notamment en matière d’utilisation des terres. Lutter contre la déforestation, modifier nos pratiques agricoles pour stocker du carbone dans les sols, consommer moins de viande ou restaurer les terres dégradées, toutes les solutions pour limiter les émissions de gaz à effet de serre des terres et atténuer le changement climatique sont connues. Il est temps que le gouvernement français, les entreprises et les consommateurs passent à l’action ! »
Dr. Stephen Cornelius, expert du WWF International sur le changement climatique
« Nous avons besoin d’une transformation urgente de notre gestion des terres si nous voulons atteindre l’objectif de limiter la hausse des températures à 1,5°C tel que fixé par l’Accord de Paris. Cela nécessite des transformations sur le type d’agriculture que nous pratiquons, nos régimes alimentaires trop riches en viande, ainsi que la protection des forêts et autres écosystèmes naturels. Les choix que nous ferons permettront ou non de réduire les émissions de gaz à effet de serre. »