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22. juillet 2019 — Communiqué de presse

Sécheresse : le WWF pointe du doigt la mauvaise gestion des ressources en eau en Europe

Alors que les températures en Europe devraient monter en flèche cette semaine et que les gouvernements prennent des mesures d’urgence pour lutter contre la sécheresse, le WWF pointe du doigt la mauvaise gestion des rivières, des lacs, des zones humides et des eaux souterraines par les États membres de l’UE. Pire encore, de nombreux États membres de l'UE continuent de faire pression sur la Commission européenne pour que celle-ci affaiblisse le seul outil qui nous aiderait à faire face aux pressions à venir [1].           

Nous puisons toujours plus dans nos stocks d’eau. Cette mauvaise gestion de nos ressources menace les futurs approvisionnements en eau et rend les écosystèmes beaucoup moins résilients au changement climatique. Le rapport du WWF, publié ce jour, montre que la mauvaise gestion des ressources en eau par les États membres peut être corrigée par la mise en œuvre intégrale de la directive-cadre sur l’eau (DCE). L'un des objectifs prioritaires de ce texte est d'atténuer les effets de la sécheresse et de veiller à ce que les écosystèmes d'eau douce soient suffisamment résilients pour faire face au changement climatique et puissent continuer à fournir une eau de bonne qualité pendant les périodes sèches. Le rôle central des écosystèmes d'eau douce en bonne santé dans l'adaptation au changement climatique a été souligné la semaine dernière dans un rapport mondial du WWF et d'AB InBev.

« Avec des épisodes de sécheresses intenses, de chaleur et d’inondations qui deviennent rapidement la « nouvelle norme » en l’Europe, la gestion intelligente de l’eau - associée à la réduction des émissions de gaz à effet de serre - peut nous aider à résoudre le problème à la source. Le changement climatique est là et la Commission européenne doit décider aujourd'hui de limiter son impact en désignant la loi européenne sur l'eau comme mesure suffisante et adaptée aux objectifs. » Andreas Baumüller, Responsable Ressources naturelles au Bureau de Politique européenne du WWF.

Face aux changement climatique, les sécheresses sont de plus en plus fréquentes et sévères, y compris en Europe. Les dernières données indiquent que même les pays les plus septentrionaux d’Europe connaissent les premiers signes avant-coureurs de sécheresse [2]. Pourtant, nous continuons de surexploiter et polluer les ressources européennes en eau. À l'heure actuelle, 60% des eaux européennes ne parviennent pas à répondre à l’objectif de “bon état” écologique et chimique fixé par la DCE [3] malgré des preuves montrant que des écosystèmes d'eau douce qui ne parviennent pas au “bon état”-pour cause de pollutions, modifications des lits ou du débit des cours d’eau, ou encore de surexploitation (prélèvements excessifs pour l’irrigation par ex) sont les plus durement touchés par la sécheresse, la chaleur intense et les inondations.

Points clés :

  • Les sécheresses deviennent de plus en plus fréquentes en Europe. Même les pays les plus septentrionaux, comme la région de la Baltique et la Suède, connaissent les premiers signes avant-coureurs de sécheresse.
  • S’ils sont en bon état écologique et chimique, les écosystèmes d'eau douce résistent mieux au changement climatique et sont en mesure de continuer à fournir suffisamment d'eau de bonne qualité pendant les périodes sèches. Ils peuvent même aider à atténuer les impacts, notamment en amortissant les changements de température, en absorbant et en stockant le carbone.
  • 60% des eaux de surface de l'UE (rivières, lacs, ruisseaux, zones humides) ne sont pas saines et ne correspondent pas aux objectifs de “bon état” écologique et chimique fixés par la DCE. Les écosystèmes d’eau douce qui ne sont pas sains sont les plus durement touchés par la sécheresse, la chaleur et les inondations.
  • Presque tous les fleuves d’Europe ont vu leurs débits régulés par des barrages ou des retenues afin d’accroître leur capacité à fournir de l’eau aux utilisateurs.
  • En Europe, l’agriculture consomme près de 40% de la quantité totale des ressources en eau.
  • Les retenues et réservoirs ne fournissent qu'un approvisionnement limité en eau et perturbent l'équilibre naturel des écosystèmes d'eau douce. Le danger de s'appuyer aussi fortement sur les retenues et réservoirs pour l’approvisionnement en eau des zones urbaines a trouvé une illustration parfaite en 2018 dans la ville du Cap en Afrique du Sud [4].
Occurrence estimée des sécheresses en Europe (2014-2017)

Occurrence estimée des sécheresses en Europe (2014-2017).

[1] Il y a plus de 600 jours, la Commission européenne a lancé son bilan de santé de la directive-cadre sur l'eau. De nombreux États membres de l'UE et des groupes de lobbying du secteur ont tenté d'utiliser ce processus pour demander des modifications majeures de la législation, qui pourraient avoir des conséquences potentiellement désastreuses pour les écosystèmes d'eau douce en Europe. En savoir plus ici.

[2] Observatoire européen de la sécheresse, 2019. (EC-JRC)

[3] EEA. 2018. Eaux européennes - évaluation de l’état et des presses 2018.

[4] The Guardian, 24 January 2018. ‘Cape Town told to cut water use or face losing supply by 12 April’, https://www.theguardian.com/world/2018/jan/24/cape-town-to-run-out-of-water-by-12-april-amid-worst-drought-in-a-century