Tortues marines : le WWF révèle les secrets de leurs migrations en Nouvelle-Calédonie
Les tortues marines sont de grandes voyageuses : jeunes, elles sillonnent les eaux du large des années durant avant de trouver un site d’alimentation côtier, puis à l’âge adulte où elles vont effectuer de grandes migrations pour retourner périodiquement là où elles sont nées afin de s’accoupler et pondre leurs œufs sur les plages. Après plusieurs mois de recherche, le WWF révèle dans un nouveau rapport les résultats d’une vaste étude qui lève le voile sur les pérégrinations des tortues marines de Nouvelle-Calédonie. Son objectif : cartographier les zones clefs pour ses populations de tortues afin de favoriser une protection ciblée et régionale.
Des populations de tortues marines gravement menacées dans le Pacifique Sud
La France détient la 2e plus grande zone maritime au monde avec 11 millions de km2.
La France détient la 2e plus grande zone maritime au monde avec 11 millions de km2 dont 12% sont situés en Nouvelle-Calédonie.
Joyau de la biodiversité mondiale, l’île abrite notamment des sites de ponte exceptionnels reconnus internationalement pour deux des sept espèces de tortues marines existant dans le monde : la tortue verte et la tortue caouanne.
Pour les tortues vertes, le territoire compte ainsi parmi les sites de pontes les plus importants au monde. Pour les tortues caouannes dont la population est classée en danger critique d’extinction par l’UICN suite à l'effondrement de 80% des effectifs en seulement 50 ans, la Nouvelle-Calédonie rassemble près d’un tiers des pontes de cette espèce dans le Pacifique Sud.
Les tortues marines sont des espèces emblématiques bénéficiant de nombreuses protections à travers le monde. Pourtant, dans leur ensemble, elles restent gravement menacées de disparition.
Pourquoi ? La réponse se trouve pour beaucoup dans ces grandes migrations qui rythment leur vie. Car qui dit grands déplacements, dit aussi différentes menaces (braconnage, prises dans les filets, collisions, dégradation des habitats, changement climatique) en fonction des eaux dans lesquelles elles évoluent et des mesures de protection dont elles bénéficient. Or les migrations des tortues marines restent largement méconnues ce qui ne permet pas de diriger et prioriser les efforts de conservation à l’échelle d’un pays.
Etudier les migrations des tortues marines pour mieux les protéger
Le WWF-France et ses partenaires ont posé depuis 2017 plus de 80 balises satellites sur des tortues vertes et caouannes.
Pour répondre à ce challenge et offrir une vision globale des principales routes migratoires et zones d’alimentations fréquentées par les tortues calédoniennes, le WWF-France et ses partenaires* ont posé depuis 2017 plus de 80 balises satellites sur des tortues vertes et caouannes.
Grâce à ces équipements, il a été possible de suivre les déplacements des tortues qui ont parfois effectué des migrations de plusieurs milliers de kilomètres.
Une tortue caouanne, prénommée “Louanna” , a ainsi parcouru près de 4.000 km en l’espace de 3 mois entre le site où elle a pondu ses œufs et celui où elle s’alimente (en Papouasie Nouvelle-Guinée).
Le WWF appelle à un renforcement de la coopération régionale
Plus de 33% des tortues nées en Nouvelle-Calédonie restent sur le territoire pour s’y nourrir.
Le rapport du WWF permet donc de mettre en lumière les zones les plus importantes à considérer pour favoriser une meilleure protection des tortues marines qui pondent en Nouvelle-Calédonie.
A l’échelle régionale, il s’agit avant tout de l’Australie et de la Papouasie Nouvelle-Guinée et dans une moindre mesure de Fidji. Plus précisément pour l’Australie, le Nord de la Grande Barrière de Corail représente une zone clé que l’on sait, par ailleurs, déjà durement touchée par le réchauffement climatique.
Les résultats du projet ont également mis en avant que plus d’un tiers des tortues nées en Nouvelle-Calédonie restent sur le territoire pour s’y nourrir, ce qui place le territoire face à une responsabilité importante pour la protection de ces espèces.
Selon Marc Oremus, responsable du WWF France en Nouvelle-Calédonie, “il appartient désormais aux gestionnaires impliqués de se saisir de ces résultats pour mettre en œuvre les politiques de gestion régionales dont ces espèces ont réellement besoin. Seul un renforcement de la coopération entre les pays permettra d’assurer la sauvegarde de ces espèces dans une région où leur valeur culturelle est immense mais qui est aujourd’hui en première ligne face aux effets du réchauffement climatique.”
* Ce projet du WWF n’aurait pas pu être mis en œuvre sans l’aide de nos nombreux partenaires locaux : les associations locales (Bwärä Tortues Marines, Association pour la Sauvegarde de la Biodiversité d’Ouvéa, Nixumwââk Environnement et Hulili Malep), l’Aquarium des Lagons et les collectivités publiques de la Nouvelle-Calédonie (province Nord, province Sud, province des Îles Loyauté et le Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie).