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16. septembre 2016 — Communiqué de presse

[Tribune] La transition énergétique mondiale est en marche, mais la plupart des décideurs ne le savent pas (encore)

Ce chiffre était de 50 % en 2014 et 90 % en 2016 ! Il a fallu des décennies aux renouvelables pour conquérir les premiers 50 %, et 3 ans pour les seconds.

La transition énergétique mondiale est en marche mais les faits et les données qui le démontrent sont encore trop peu connus des décideurs et du grand public. Le WWF a publié le 1er septembre à l’occasion du G20 qui se tient en Chine 15 données qui le prouvent même si le mouvement nécessite une accélération certaine.



L’émission par la France des premiers green bonds souverains, la ratification de l’Accord de Paris sur le climat par la Chine et les Etats-Unis et les prochaines ratifications qui ne manqueront d’être annoncées au cours des prochaines semaines sont autant de nouvelles devant contribuer à transformer le cadre de pensée de tous les décideurs.



Lorsque nous demandons à des ministres, à des chefs d’entreprise ou lors de conférences publiques à notre auditoire quelle part les énergies renouvelables ont représenté en 2015 dans la totalité des nouvelles capacités de production d’électricité installées dans le monde, la plupart des réponses se situent entre 5, 20 ou 50 % pour les plus audacieux. La réponse, selon l’agence internationale de l’énergie, est 90 % !

Les représentations des décideurs sont souvent en retard par rapport à la réalité

Voilà un bel exemple « d’ubérisation » d’une industrie entière. Mais si ce chiffre est quasiment inconnu des décideurs c’est parce que leurs représentations sont souvent en retard par rapport à la réalité. Ils regardent et pensent le monde avec les catégories d’hier et non plus celle d’aujourd’hui.



Le premier résultat tangible en matière climatique de cette révolution dans le domaine de l’électricité est que les émissions globales de CO2 provenant du secteur de l’énergie ont stagné pour la seconde année consécutive en 2015 malgré une croissance économique mondiale de 3%. Nous sommes donc sans doute en train de vivre les premiers éléments du découplage entre production de richesses économiques et émissions de CO2.

Bonne voie

Même si ce n’est que le tout début du chemin, nous sommes enfin sur la bonne voie. Et les bénéfices en terme d’emplois ne se font pas attendre. L’emploi dans les renouvelables a atteint 8,1 millions en 2015, soit un niveau record. Et lorsque nous accélèrerons la transition les bénéfices économiques et sociaux s’amplifieront.



Selon l’Organisation internationale du travail, qui regroupe les syndicats et  les entreprises, d’ici 2030, il y aura 60 millions d’emplois en plus dans un monde qui lutte vraiment contre le dérèglement climatique que dans un monde qui laisserait se propager le chaos en matière de climat.



Les chefs d’Etat et de gouvernement du monde entier doivent donc poursuivre la voie ouverte par l’Accord de Paris en décembre dernier. Car si cette transition est bien en marche il faut qu’elle accèlère sinon nous perdrons la course contre la montre contre le dérèglement climatique. Bonne élève, la Chine est devenue l’an dernier le leader mondial des renouvelables, comme elle l’est aussi par exemple dans les bus électriques. Sa consommation et sa production de charbon ont sans doute connu leur pic historique en 2014 et ne cessent de baisser depuis, plus de cinq ans avant la date qui était prévue.

La Chine est devenue le premier émetteur mondial d'obligations vertes

Ce virage se traduit aussi sur le plan financier. La Chine est devenue cette année le premier émetteur mondial « d’obligations vertes ». C’est une bonne nouvelle même si la promesse « verte » de ces titre financiers doit être mieux contrôlée et tracée pour éviter tout greenwashing. Confrontée à une crise environnementale majeure en matière de pollution de l’air et de l’eau notamment, la Chine peut  faire progresser son ambition de la « civilisation écologique », formellement inscrite dans son plan quinquennal.



Partout dans le monde nous menons la bataille culturelle pour que les représentations changent. Les preuves scientifiques sont incontestables, les technologies sont là, les mesures politiques à prendre sont connues, de plus en plus d’entreprises ont compris l’intérêt de s’engager pleinement dans cette transition. Nous pouvons réussir cet immense défi que l’humanité s’est lancé à elle-même. Et nous sommes même maintenant sur le bon chemin pour gagner la bataille. Alors accélérons.

Pascal Canfin, Directeur général du WWF France