Prise de conscience des enjeux biodiversité : un « réveil écologique » s’empare de la planète
A l'approche de la Journée internationale de la biodiversité, le WWF publie une nouvelle étude mondiale, menée par l'Economist Intelligence Unit (EIU), qui démontre l'intérêt et la préoccupation croissante du public pour la biodiversité au cours des cinq dernières années et plus particulièrement suite à la pandémie de COVID-19.
D'après le rapport de l'Economist Intelligence Unit, le nombre de mentions sur les sujets de nature et de biodiversité a augmenté de 65 % entre 2016 et 2020 sur Twitter.
Partout dans le monde, et tout particulièrement dans les économies émergentes, les individus sont de plus en plus lucides face à cette menace planétaire. Cette prise de conscience, que le WWF qualifie de « réveil écologique », influe sur leur comportement quotidien. Les consommateurs sont, en effet, de plus en plus nombreux à agir pour la planète et à exiger des mesures concrètes concernant la perte de biodiversité. Ce nouveau rapport du WWF, intitulé « Un réveil écologique : mesure de la conscience collective, de l'engagement et de l'action en faveur de la biodiversité à l'échelle mondiale » montre, dans un premier temps, le développement d’un activisme numérique. En effet, le nombre de mentions sur les sujets de nature et de biodiversité a augmenté de 65 % entre 2016 et 2020 sur Twitter. Plusieurs personnalités influentes, telles que des hommes politiques, des personnalités religieuses, des célébrités et des médias à forte audience, ont déjà fait entendre leur voix sur les réseaux sociaux au nom de la biodiversité. Ils ont ainsi touché près d'un milliard de personnes dans le monde.
Dans un deuxième temps, les recherches Google témoignent également d’une préoccupation croissante des individus. Depuis 2016, les recherches Google sur la nature et la perte de biodiversité ont augmenté de 16 % à l’échelle mondiale. Cette tendance s’observe principalement en Asie et en Amérique latine, ou dans des pays comme l'Indonésie (53 %) et l'Inde (190 %). L’étude Globescan, réalisée sur 20 000 personnes à travers le monde, montre également qu’un nombre croissant de personnes considèrent la perte de biodiversité comme étant un problème très préoccupant à l’échelle mondiale, dont 96 % en Amérique latine, soit le pourcentage le plus élevé de toutes les régions étudiées. Cette évolution de l'opinion publique reflète une dure réalité, car les habitants des marchés émergents sont les plus susceptibles de subir l'impact dévastateur des catastrophes naturelles.
« Les préoccupations liées à notre impact sur la biodiversité ne cessent d’augmenter. »
Dans un contexte marqué par une volonté profonde de changement, de plus en plus de consommateurs du monde entier modifient leurs habitudes d’achat. L’étude révèle en effet une hausse significative de 71% des requêtes en ligne sur les produits durables depuis 2016. Cette augmentation est nette dans les pays riches, comme le Royaume-Uni, les États-Unis, l'Allemagne, l'Australie et le Canada, mais la tendance va bien au-delà. Elle s'est également accélérée dans les pays en développement et dans les pays émergents, par exemple en Indonésie (24 %) et en Équateur (120 %). C’est cette pression qui oblige les entreprises à réagir, notamment dans les secteurs de la cosmétique, pharmaceutique, de la mode ou de l'alimentation. Malgré cette prise de conscience, la biodiversité figure rarement en tête des priorités mondiales alors même que sa disparition, qui progresse à une vitesse fulgurante, représente une menace énorme pour l'économie mondiale et notre santé.
« Les résultats de cette nouvelle étude le montrent : les préoccupations liées à notre impact sur la biodiversité ne cessent d’augmenter. Cette tendance se retrouve particulièrement sur les marchés émergents, où les individus ressentent de manière plus aiguë les effets de la déforestation, de la pêche non durable, de l'extinction des espèces et du déclin des écosystèmes » a déclaré Marco Lambertini, directeur général du WWF International. Il poursuit : « La science et l'économie sont formels. Le sentiment général est clair et les solutions à apporter le sont tout autant. La société souhaite la transformation de notre modèle économique et le développement d’un modèle valorisant enfin la biodiversité pour les services essentiels qu’elle fournit à notre économie, notre bien-être, notre santé et notre sécurité. Il s'agit d'un "réveil écologique" historique et d'une chance de rééquilibrer notre relation avec la planète. »
La perte de biodiversité accroît notre vulnérabilité face aux pandémies, sape les efforts déployés pour lutter contre la crise climatique et menace nos moyens de subsistance. Les dirigeants doivent prendre des décisions cruciales dans le courant de l'année sur le climat et l'environnement. Ensemble, ils ont une occasion unique d'inverser la tendance de la perte de biodiversité et de créer un monde respectueux de la nature au cours de cette décennie.