Un sondage du WWF et de l’IFOP révèle que les Français sous-estiment les dangers des pesticides, malgré leurs appréhensions
A la demande du WWF France, l'IFOP à réalisé une enquête auprès d’un échantillon de 1 000 personnes, représentatif de la population française et âgé de plus de 18 ans afin d'évaluer la connaissance des Français sur les produits phytosanitaires, alors que le gouvernement a acté d’importants reculs sur le plan Ecophyto.
70% des Français ne sont pas au courant que plus d’un tiers de l’eau potable distribuée ne serait pas conforme aux normes de qualité du fait des produits phytosanitaires.
Alors que les sondages se sont multipliés pour montrer l’inquiétude des Français vis-à-vis des pesticides, notre étude montre qu’ils en connaissent mal les effets et pire qu’ils les minimisent : les trois quarts des participants n’ont pas plus de 6 bonnes réponses sur 14 questions. Ce manque de connaissances est relativement uniforme au sein de la population, quel que soit le niveau d'éducation, le lieu de résidence (ville/campagne) ou les préférences partisanes.
Globalement, les Français surestiment le cadre de protection (nombre de substances actives autorisées, diminution des usages dans le temps, distance minimale entre le lieu d’habitation et les pesticides), par exemple près de la moitié des participants pense que la distance minimale entre une culture traitée avec les produits phytosanitaires les plus dangereux et les lieux d'habitation, écoles, hôpitaux est de 100m alors que c’est cinq fois moins en réalité, tandis qu’ils mesurent mieux les risques sanitaires que peut entraîner l’exposition aux produits phytosanitaires.
Par ailleurs, ils sous-estiment la contamination dont ils sont déjà victimes (eau, sol, disparition des oiseaux) : ainsi, 70% des Français ne sont pas au courant que plus d’un tiers de l’eau potable distribuée ne serait pas conforme aux normes de qualité du fait des produits phytosanitaires.
Sans information claire sur les pesticides, la transition écologique de l’agriculture sera encore retardée.
Ces résultats révèlent le nécessaire besoin d’information sur les conséquences sanitaires de l’exposition aux pesticides, et la réalité de leur présence dans l’eau, les sols ou encore leur rôle majeur dans le déclin de la biodiversité. C’est par une meilleure connaissance de la réalité des pesticides que les Français pourront juger des décisions prises ces dernières semaines pour en faciliter l’usage.
Sans information claire sur les pesticides, la transition écologique de l’agriculture sera encore retardée. Or, une agriculture économe en pesticides et en eau est la condition indispensable de sa durabilité, de sa compétitivité et tout simplement de sa survie à plus long terme.
Il est possible de mettre en œuvre cette transition dès aujourd'hui : Le WWF France appelle ainsi à réviser dès 2024 le Plan stratégique national (PSN), déclinaison française de la PAC, pour mieux flécher les plus de 9 milliards d’euros qui sont alloués chaque année. Cela permettra de mieux accompagner les agriculteurs, premières victimes sanitaires de l’exposition aux pesticides, et qui seront les premières victimes économiques de l’inexorable déclin de la biodiversité provoquée par les pesticides.