Aux États-Unis, cap sur un élevage plus durable
Dans les Grandes Plaines nord-américaines, aux côtés des éleveurs, le WWF expérimente un projet pilote de clôture virtuelle… L’objectif ? Aider les agriculteurs tout en protégeant les prairies indigènes et la faune environnante…
Pour approfondir le sujet :
Effet PandaL’un des écosystèmes les plus menacés au monde
Depuis 2009, plus de 33 millions d’acres de prairies ont été labourés pour faire place à la production agricole : à mesure qu’elles disparaissent, l’habitat faunique et les services écosystémiques essentiels qu’elles fournissent disparaissent à leur tour.
Les Grandes Plaines du Nord s'étendent sur plus de 73 millions d'hectares et traversent cinq États américains et deux provinces canadiennes. Aussi vaste que la Californie et le Nevada réunis, cette prairie à herbes courtes est l'une des quatre seules prairies tempérées encore intactes dans le monde. Elles offrent un habitat essentiel à une diversité d’espèces sauvages endémiques, notamment une grande variété d’oiseaux qui y nichent, de pollinisateurs et d’ongulés migrateurs, tels que le wapiti ou l’antilope d’Amérique.
Hélas, depuis 2009, plus de 33 millions d’acres de prairies ont été labourés pour faire place à la production agricole, et à mesure qu’elles disparaissent, l’habitat faunique et les services écosystémiques essentiels qu’elles fournissent disparaissent à leur tour.
Le rythme de destruction des prairies américaines a parfois rivalisé avec la déforestation en Amazonie brésilienne.
Un cinquième environ de toutes les vaches de boucherie américaines proviennent de ce biome unique, élevées dans des ranchs qui chevauchent des zones ayant été identifiées comme abritant les niveaux les plus élevés de biodiversité végétale et animale de la région ! En d'autres termes, la communauté des éleveurs et la faune dépendent toutes deux de prairies intactes et bien gérées.
Pour un élevage durable
La production de bœuf, lorsqu’elle est durable, contribue au maintien de prairies intactes qui, elles-mêmes, contribuent à préserver la biodiversité, garantir des cours d'eau plus propres et stocker davantage de carbone dans le sol.
La production de bœuf, lorsqu’elle est durable, contribue au maintien de prairies intactes qui, elles-mêmes, contribuent à préserver la biodiversité, garantir des cours d'eau plus propres et stocker davantage de carbone dans le sol. Sans une abondance d'animaux de pâturage pour gérer la croissance des plantes, les prairies sont menacées par la propagation d’espèces envahissantes et peuvent tendre vers des monocultures d'espèces végétales non indigènes.
La production de bœuf durable offre également de nombreux avantages sociaux en soutenant les communautés rurales qui peuvent offrir aux consommateurs des options alimentaires respectueuses de l'environnement et riches en nutriments. C’est pourquoi le WWF a décidé de s'associer aux communautés d'éleveurs des Grandes Plaines du Nord pour protéger les prairies.
En 2011, nous avons lancé l'Initiative “Pour un élevage durable” (Sustainable Ranching Initiative, SRI) dans le but de freiner la conversion des prairies en terres cultivées, de soutenir les gestionnaires fonciers avant-gardistes et de restaurer les terres cultivées ou dégradées en prairies indigènes.
Des clôtures virtuelles… qui profitent à tous !
Moins de clôtures, c'est aussi mieux pour la faune. Les clôtures traditionnelles fragmentent le paysage et restreignent les déplacements des animaux sauvages, notamment l’antilope d’Amérique, les cerfs et les wapitis.
L’Initiative pour un élevage durable du WWF finance des projets pilotes de clôtures virtuelles dans les Grandes Plaines du Nord – cinq dans le Montana et un dans le Dakota du Sud – où les éleveurs testent la technologie sur une partie ou la totalité de leur troupeau. Concrètement, des colliers géoréférencés sont installés sur le bétail. Les colliers communiquent avec un satellite ou une tour de réception pour suivre les animaux et les maintenir à l’intérieur d’une limite tracée par l’éleveur via une application numérique. Lorsqu’une vache s’approche trop près du périmètre, le collier émet d’abord un signal sonore, puis si l’animal ne se retourne pas, il ressent une légère décharge électrique.
Les clôtures virtuelles sont extrêmement adaptatives et, à certains égards, plus faciles que la construction ou l’entretien de clôtures physiques. Pour déplacer une clôture, au lieu de devoir parcourir des kilomètres à cheval ou en voiture tout-terrain, les éleveurs n’ont qu’à tracer une nouvelle ligne de clôture sur leur smartphone ou leur tablette.
Moins de clôtures, c'est aussi mieux pour la faune. En effet, les clôtures traditionnelles, généralement quatre ou cinq brins de fil barbelé, fragmentent le paysage et restreignent les déplacements, ce qui a un impact particulier sur les animaux sauvages, notamment sur l’antilope d’Amérique, les cerfs et les wapitis.
De plus, grâce à la technologie, la décision sur le lieu et la durée de déplacement du bétail peut être modifiée instantanément, ce qui permet aux éleveurs de mieux répondre à la disponibilité saisonnière du fourrage, de protéger les environnements sensibles, comme les systèmes fluviaux riverains, ou de gérer la croissance des plantes envahissantes par le pâturage. Cette pratique contribue in fine à améliorer l’état global des prairies indigènes. Or, des prairies florissantes et intactes permettent à la faune de prospérer. Tout le monde y gagne !