Chaque lamantin compte
Au Bélize, le WWF soutient l’association Wildtracks qui porte secours aux lamantins en détresse. Sa mission : réintroduire ces mammifères marins dans la nature et faire pression pour des stratégies de conservation nationales ambitieuses…
Pour approfondir le sujet :
Effet PandaUn doux géant sous-marin
En cas de danger, le lamantin peut faire de courtes pointes à 25 km/h pour échapper à ses prédateurs.
Cet herbivore passe ses journées à brouter dans les profondeurs, d’où son surnom de vache des mers. Contrairement aux autres mammifères marins – cétacés, phoques, morses et otaries –, le lamantin n'est pas un nageur élancé et rapide, excepté en cas de danger. Il peut alors faire de courtes pointes à 25 km/h pour échapper à ses prédateurs. Le Belize abrite environ un millier de ces gentils géants, c'est la plus grande population de lamantin d'Amérique centrale. Malheureusement, dans ce petit pays, niché entre le Mexique et le Guatemala, l’espèce voit ses effectifs décliner à vue d'œil. Les constructions sur la côte ont eu raison d’une surface de forêt de mangroves correspondant à la superficie de 6500 terrains de football.
Ces aménagements, entraînant une perte et une dégradation de l'habitat, ont considérablement réduit la disponibilité des sources alimentaires dont les lamantins ont besoin. Le braconnage, l’augmentation du trafic maritime, la pollution et la pêche sont aussi en cause. Sans oublier l’attrait du pétrole ! En 2002, le Bélize a octroyé des concessions pour le forage en mer. Or, les zones d’extraction pétrolière chevauchent les sites classés, mettant en péril un patrimoine d’exception.
Baromètre de l’état global du biotope local
Engagé dans la région depuis de nombreuses années, le WWF mène différentes actions pour protéger l’écosystème marin du Bélize.
Les lamantins ne sont pas seulement des animaux emblématiques. Particulièrement sensibles aux changements induits par l’homme, ils constituent aussi de précieux indicateurs sur leur environnement, reflétant la santé globale des écosystèmes marins dans lesquels ils vivent. Engagé dans la région depuis de nombreuses années, le WWF mène différentes actions pour protéger l’écosystème marin du Bélize car la dégradation de son habitat est l’une des causes principales du déclin de l’espèce.
Nous mettons tout en œuvre pour le renforcement des plans de gestion des aires marines protégées et l’amélioration des instruments de politiques publiques afin de conserver les zones clés où les lamantins vivent et se reproduisent. En parallèle, le WWF soutient les efforts des organisations locales, telle que Wildtracks, qui se mobilisent pour préserver l’espèce.
Redonner un avenir au lamantin
Connaissez-vous la légende amérindienne du petit colibri qui face à un immense incendie de forêt s’activait, allant chercher quelques gouttes d’eau dans son bec pour les jeter sur le feu ? C’est un peu l’histoire des Walker, ce couple qui décide, il y a un peu plus de trente ans maintenant, de fonder l’association Wildtracks, pour faire lui aussi, modestement, “sa part”.
Grâce au projet “un lamantin après l’autre”, mari et femme créent ensemble un centre de réhabilitation, véritable refuge pour les animaux en détresse. Les opérations de sauvetage débutent souvent par un appel téléphonique signalant un mammifère marin malade, blessé ou échoué. Les walker sautent alors dans leur véhicule équipé d’un coffre suffisamment grand pour accueillir un spécimen de six pieds afin de venir récupérer l’animal pour le conduire dans leur centre dédié où tous les soins nécessaires lui seront prodigués et où il pourra “récupérer”, au calme. A leur arrivée, les petits lamantins reçoivent un flotteur de piscine, l’équivalent d’un “doudou”, objet destiné à les rassurer en l’absence de leur mère. Il faut savoir que dans les premiers mois de vie, les veaux et leurs génitrices maintiennent un contact physique en permanence.
Le WWF s’associe à Wildtracks pour renforcer la protection des écosystèmes côtiers du pays.
Le traumatisme lié à la séparation nécessite donc tout autant d’être pris en charge que les blessures physiques. Une fois guéris, les animaux sont progressivement réintroduits dans la nature. A une échelle plus globale, conscient que les sauvetages individuels ne suffiront pas à assurer un avenir à l’espèce, les Walker et leur équipe mènent des actions de plaidoyer pour inciter le gouvernement à prendre des mesures concrètes. Le WWF s’associe d’ailleurs à Wildtracks pour renforcer la protection des écosystèmes côtiers du pays. Ensemble, nous travaillons sur la planification au niveau du paysage marin pour protéger les mangroves, les herbiers, les récifs coralliens et les côtes au service des lamantins et de toute la faune du Belize.