Coup de pouce pour les lémuriens
Entre 2019 et 2022, le taux de déforestation a chuté dans l' Amoron'i Onilahy, une aire protégée malgache au sein de laquelle le WWF travaille avec les communautés locales. Depuis, les effectifs des lémuriens remontent !
Un joyau en péril
96% des espèces de lémuriens sont menacées d'extinction en raison de la perte d'habitat.
Reconnaissables grâce à leurs gros yeux ronds qui leur donnent parfois un air ahuri, ces primates sont considérés comme des cousins lointains des singes et peut-être même leurs ancêtres. On a envie de les caresser tellement ils semblent doux. Mais, attention, car ils demeurent des animaux sauvages.
Endémiques de Madagascar, on pense que les lémuriens sont arrivés sur l’île il y a très longtemps, probablement sur des troncs d’arbres flottants, suite à une catastrophe naturelle. Pour de nombreuses ethnies malgaches, les lémuriens sont sacrés car considérés comme la réincarnation des êtres disparus.
Ces animaux frugivores contribuent, par ailleurs, au développement des forêts, en dispersant au cours de leurs déplacements à travers l’île, les graines non digérées des fruits consommés, via leurs excréments. Leur extinction entraînerait donc des réactions en chaîne : la disparition des forêts restantes et des animaux qui dépendent de ces forêts pour vivre…
Aujourd’hui, hélas, 96% des espèces de lémuriens, soit 103 espèces sur 107, sont menacées d'extinction en raison de la perte d'habitat due au défrichement systématique des forêts pour la production de charbon de bois, de bois de chauffage et pour l'agriculture de subsistance, ainsi qu'au prélèvement dans la nature pour le commerce illégal d'animaux de compagnie.
Main dans la main avec les communautés locales
Amoron'i Onilahy est une aire protégée gérée par les communautés locales.
Créée en 2015, Amoron'i Onilahy est une aire protégée gérée par les communautés locales, qui travaillent, avec l’appui du WWF, pour la valorisation de leurs richesses naturelles à travers l'écotourisme et la promotion de la biodiversité.
Elle représente l’un des derniers bastions des lémuriens à queue annelée et des propithèques de Verreaux.
Au cœur de cette aire protégée, les patrouilleurs des communautés locales, connus sous le nom de polisin'ala, aident à surveiller et à protéger les lémuriens et leurs forêts.
Les polisin'ala travaillent également avec les communautés locales et les défenseurs de l’environnement, ainsi qu'avec des étudiants de plusieurs universités pour surveiller l’évolution des populations de lémuriens, leur comportement et la qualité de leur habitat, et pour renforcer les capacités scientifiques en matière de protection de la faune et de la flore.
Un havre de paix pour les lémuriens
Le taux de déforestation a diminué de 60 % entre 2019 et 2020 dans l'Amoron'i Onilahy.
Amoron'i Onilahy constitue un corridor écologique important pour la faune locale. En assurant des connexions entre des réservoirs de biodiversité, la zone offre aux espèces des conditions favorables à leur déplacement et à l’accomplissement de leur cycle de vie.
L’aire protégée abrite notamment des forêts épineuses uniques, habitat important pour les lémuriens à queue annelée et les propithèques de Verreaux.
Pour redonner une chance aux petits primates d’échapper à l’extinction, il était donc primordial de préserver leur ultime refuge sur l’île.
Le WWF et les communautés locales y ont redoublé d’efforts pour atténuer les pressions exercées sur les ressources forestières. Nos experts ont notamment contribué à la formation des patrouilles communautaires qui fournissent des données tangibles pour dissuader, trouver et poursuivre ceux qui contribuent à l'exploitation abusive et illégale des forêts naturelles.
Grâce à ces mesures de surveillance, le taux de déforestation a diminué de 60 % entre 2019 et 2020 dans l'Amoron'i Onilahy ! Et cette embellie a rapidement rejailli sur nos petits protégés.
En effet, une étude menée entre 2019 et 2022 a révélé une augmentation des effectifs des lémuriens dans la zone, cette dernière offrant suffisamment de ressources pour qu’ils puissent s’y établir et si, ces conditions propices perdurent, s’y développer !
Gîte d'étape, circuits motos et quads le long de la rivière Onilahy, observations de lémuriens et d'oiseaux endémiques, descente de la rivière en pirogues à moteur… Si au sein de l’aire protégée, ces activités débutent à peine, elles témoignent de la volonté des villageois de chercher des entrées d'argent durables tout en profitant de leurs forêts sans les détruire.
Un soulagement pour les écosystèmes forestiers et bien sûr pour leurs habitants, les lémuriens en tête !