De nouvelles colonies de manchots détectées
Des images satellites révèlent qu’en Antarctique, les manchots empereurs sont plus nombreux qu’on ne le pensait. Une bonne nouvelle pour l’espèce qui subit déjà de plein fouet les effets du changement climatique.
L’Antarctique, région de l’extrême
Manchots, albatros, otaries ou encore éléphants de mer se partagent le vaste et splendide territoire qu'est l'Antarctique.
Un désert de glace au pôle sud. Si l’environnement y est hostile, les paysages y sont d’une beauté à couper le souffle. Et surtout, en dépit de conditions météorologiques peu hospitalières, l'Antarctique et l'océan Austral hébergent une biodiversité exceptionnelle. On peut notamment y croiser des manchots, des otaries, des éléphants de mer ou des albatros.
Si la majorité du territoire était restée intacte jusqu’alors, la menace se rapproche car depuis peu, l’extrême sud n’est plus épargné. On y trouve désormais des polluants persistants et des particules de plastique. Les pratiques de pêche excessive mènent les stocks de poissons au bord du dépeuplement et privent les oiseaux et autres animaux marins de leur nourriture. Quant au changement climatique, il impacte déjà douloureusement le territoire. Avec la fonte des glaces et la contraction des glaciers, les sites de nidification et d'alimentation des manchots empereurs, des manchots Adélie et d'autres espèces sont menacés.
Atténuer l’impact de l’homme
Pour obtenir des informations nécessaires à leur survie, certains manchots sont équipés de caméras miniatures.
Pour garder cet écosystème intact, nous incitons les nations à coopérer en faveur d’une pêche plus sélective, d’un commerce maritime mieux encadré et d’un tourisme qui respecte la nature.
Dès 2012, au sein de « l’Alliance pour l’océan Atlantique », nous plaidons aux côtés d’une quinzaine d’ONG pour la sanctuarisation de la mer de Ross, considérée comme le dernier écosystème marin indemne de la planète.
Après cinq ans de négociations, victoire ! Les États votent en faveur de la création d’une très vaste aire maritime protégée. Elle couvrira 1,57 million de kilomètres carrés, l’équivalent de la surface de la France, de l’Allemagne et de l’Espagne réunies.
En Terre Adélie, nous menons des actions de suivi scientifique. Des manchots ont notamment été équipés de caméras miniatures permettant de recueillir des images inédites, informations vitales pour assurer la survie de ces animaux. L’objectif de cette surveillance rapprochée ? Obtenir l’interdiction de la pêche intensive qui, à mesure que les stocks de poissons diminuent ailleurs, ne cesse d’augmenter dans cette baie profonde de l'océan austral qui borde le continent Antarctique.
5 à 10% de manchots en plus
L'Antarctique abriterait 61 colonies de manchots à l'heure actuelle.
Suivre les populations des manchots empereurs n’est pas de tout repos. Ces oiseaux endémiques de l'Antarctique évoluent dans des zones difficiles d’accès au sein desquelles les températures stagnent autour de - 50 degrés.
Depuis 2009, les scientifiques ont régulièrement recours aux images satellites pour scruter la glace. Ils s’efforcent de repérer des traces de déjections, les manchots étant, eux-mêmes, trop petits pour être visibles depuis le ciel.
Il y a quelques mois, un amas de déjections a permis de mettre en évidence 11 nouvelles colonies, dont trois déjà identifiées mais dont la présence n'avait jamais été confirmée. Il y aurait donc en Antarctique au moins 61 colonies de manchots empereurs.
Ces découvertes sont venues bousculer les certitudes des experts car certaines colonies ont été localisées au large des côtes sur de la glace venue se former autour d'icebergs figés dans des eaux peu profondes. L'un des groupes se trouve ainsi à quelque 180 kilomètres au large du continent, ce qui est inhabituel, l’espèce s’établissant d’ordinaire sur les côtes.
Toutefois, les colonies sont petites et ne font donc augmenter la population globale que de 5 à 10 %, soit un peu plus d’un demi-million de manchots, 265 500 à 278 500 couples reproducteurs selon les experts. Et surtout, tous les sites de reproduction semblent localisés dans des zones particulièrement exposées aux effets du changement climatique. Les projections modélisées sont plus qu’alarmantes. Selon les travaux publiés en mars dernier, 80% des colonies pourraient décliner de plus de 90% d'ici 2100 si la glace de l'Antarctique diminue de moitié...