Décompte prometteur pour le panda roux du Bhoutan

Le mot “panda” serait dérivé du mot népalais “ponya”, signifiant “mangeur de bambou”. Voilà pourquoi le panda roux, grand amateur de ce végétal, a été baptisé de la sorte, bien que son apparence soit plus proche de celle du raton-laveur que de celle du panda géant. 

Solitaires et nocturnes, les pandas roux passent la majeure partie de leur temps dans les arbres. Leurs griffes acérées et semi-rétractables les aident à s'agripper aux branches glissantes et leurs chevilles flexibles leur donnent la capacité unique de descendre des arbres la tête la première, ce qui leur permet d'échapper rapidement aux prédateurs. 

Près de 50 % de l'habitat des pandas roux se trouve dans l'Himalaya oriental. Hélas, en raison des activités humaines, la disparition des arbres et des bambous de nidification entraîne un déclin de leurs populations dans une grande partie de leur aire de répartition. Les pandas roux sont aussi souvent tués lorsqu'ils sont pris dans des pièges destinés à d'autres animaux.

Et comme si cela ne suffisait pas, ils sont également braconnés pour leur fourrure en Chine et au Myanmar. Au Bhoutan on trouve des casquettes ou des chapeaux en fourrure de panda roux à la vente. L’espèce, comme tant d’autres, est menacée de disparition… À ce jour, il reste moins de 10 000 individus à l’état sauvage. 

Le WWF surveille les pandas roux et leur habitat en Inde, au Népal et au Bhoutan afin de mieux comprendre l’espèce. Au Népal, qui représente environ 38 % de l'habitat potentiel total du panda roux, nous soutenons notamment la fabrication de briquettes de bouse de yak qui constituent une autre façon de générer des revenus et peuvent être utilisées comme combustible au lieu de détruire l'habitat du panda roux pour le bois.

A travers son Fonds d'innovation pour l'adaptation de la faune sauvage, le WWF aide aussi les communautés du Sikkim, un État du nord-est de l'Inde bordé par le Bhoutan, le Tibet et le Népal, à protéger leurs forêts. Le projet a notamment permis de former 23 familles à la fabrication et à l’installation de nouveaux réchauds qui nécessitent moins de combustible, réduisant jusqu’à 35 % la consommation de bois de chauffage par ménage. Actuellement, nous étudions également la faisabilité de réintroduire des pandas roux dans certaines zones clairement identifiées au Sikkim afin de contribuer à la restauration d’une population viable. 

Le Bhoutan compte au moins 302 pandas roux, c’est en tout cas ce que révèle une enquête menée à l’échelle nationale entre 2022 et 2023.

Le WWF qui a prêté main forte au Département des services des forêts et des parcs pour récolter les échantillonnages d’ADN des petits mammifères se réjouit de cette nouvelle. D’autant que les effectifs de l’animal pourraient être bien plus importants car la zone sur laquelle portait l’étude ne couvre que 6% du pays ! 

Les animaux ont été comptabilisés à partir d'un échantillonnage d'excréments. Des pandas roux ont été détectés dans toutes les zones d'échantillonnage, à l'exception de la division forestière de Tsirang et du parc national Royal Manas, ce qui nous renseigne sur leurs aires de répartition.

De même, l’étude a permis d’identifier les zones où les pandas roux semblent prospérer et celles qui nécessitent une protection accrue. Enfin, les échantillons ADN récoltés ont confirmé nos hypothèses : les pandas roux du Bhoutan appartiennent bien à l'espèce de panda roux de l'Himalaya, Ailurus fulgen, et possèdent des caractéristiques génétiques distinctes, soulignant l'importance de préserver leur patrimoine unique.

Ce rapport établit les bases de la conservation du panda roux au Bhoutan. En évaluant la population, la répartition et la génétique, il fournit des données cruciales pour surveiller les changements, identifier les menaces et mesurer l'impact de la conservation au fil du temps. 

Car ce mammifère charismatique, avec sa fourrure de feu, n’est pas seulement une source de fierté nationale. Il est aussi un indicateur de la santé de l’écosystème himalayen.