Des droits pour les requins et les tortues marines
En Nouvelle Calédonie, dans les îles Loyautés, les requins et les tortues marines ont désormais le statut d’entité vivante. Ils disposent des mêmes droits qu’une personne, notamment celui de voir leurs intérêts défendus par des avocats !
Pour approfondir le sujet :
Effet PandaDes espèces sous pression
En 60 ans, les effectifs des tortues «grosse tête» ont chuté de 80% dans le Pacifique Sud.
Joyau de la biodiversité mondiale, le territoire calédonien concentre des trésors naturels, parmi lesquels le plus grand lagon du monde, un tiers des récifs coralliens vierges de la planète et des espèces marines emblématiques telles que la baleine à bosse, le dugong, le requin tigre ou encore la tortue “grosse tête”. Malheureusement, l’extraordinaire richesse calédonienne est soumise à de nombreuses menaces, comme la destruction d’habitat, la surpêche et le braconnage, que le changement climatique vient aggraver.
En 60 ans, les effectifs des tortues « grosse tête », plus communément appelées tortues caouannes, ont chuté de 80% dans le Pacifique Sud.
Les populations de requins, elles, sont non seulement victimes de la pêche accidentelle, capture involontaire d’espèces non ciblées par les pêcheries commerciales, mais aussi, d’opérations de prélèvements menées pour diminuer le risque d’attaques sur l’homme dans la région de Nouméa. Des campagnes d’abattage qui divisent …
Protéger la vie sauvage
Dix ONG de protection de la nature ont publié un courrier pour dire non à la commercialisation des requins en Nouvelle-Calédonie
Les tortues et les requins font partie des espèces prioritaires du WWF.
En Nouvelle-Calédonie, depuis 2017, nos équipes ont notamment posé plus de 80 balises satellites sur la carapace de tortues marines afin de cartographier leurs déplacements. L’objectif ? Identifier les zones prioritaires, définir les principales menaces et promouvoir ainsi les mesures de gestion les plus adaptées pour une protection efficace.
Le WWF en Nouvelle-Calédonie mène également un travail de plaidoyer pour le renforcement des aires marines protégées au bénéfice de ces espèces dans le Parc naturel de la mer de Corail. En août dernier, le Gouvernement local a mené une consultation publique à ce sujet. Elle devrait aboutir à la création prochaine de nouvelles zones de protection forte sur 10% du Parc.
Les mêmes droits que les humains
Les tortues marines et les requins pourront désormais faire valoir leurs intérêts via un porte-parole devant les tribunaux administratifs.
La province calédonienne des îles Loyauté se compose de quatre îles, Maré, Lifou, Ouvéa, et Tiga. Elle dispose d’une certaine autonomie en matière de normes environnementales, un pouvoir qu’elle vient de mettre au service de la protection du vivant. En effet, la région a décidé d’octroyer une personnalité juridique aux tortues marines et aux requins attestant du fait qu’elle les reconnaît comme sujets de droit, une première sur un territoire français !
Concrètement, cela signifie que désormais ces animaux pourront faire valoir leurs intérêts via un porte-parole devant les tribunaux administratifs et judiciaires. Dorénavant, des associations agréées pour la protection de l’environnement pourront notamment plaider en leur nom. Dans ces îles, où la population, à 97 % kanak, considère que l’homme et la nature ne font qu’un, et dont les animaux totems sont le requin et la tortue, cet amendement du code de l’environnement ouvre la voie à la reconnaissance d’une personnalité juridique pour d’autres espèces. Les îles Loyautés envisagent même d’étendre ces droits à des sites naturels, comme le fit la Nouvelle-Zélande en 2017, le parlement ayant accordé le statut d’entité vivante au fleuve Whanganui.
Pour les défenseurs de l’environnement, cette nouvelle va dans le bon sens à l’heure où la province Sud et la ville de Nouméa continuent leurs campagnes d’abattage des requins. La reconnaissance d’une personnalité juridique à ces espèces est un nouvel outil sur lequel ils comptent bien s’appuyer pour assurer leur préservation !
