Des drones à la rescousse des mangroves
Pour restaurer les forêts bleues de Madagascar, nous disposons désormais d’un nouvel allié… Le drone couvre des zones difficiles d’accès et répand des milliers de graines avec une précision jusqu'alors inégalée !
Pour approfondir le sujet :
Effet PandaUn atout à préserver
3,6 millions d’hectares de mangroves ont été perdus depuis 1980.
Situées sur le littoral ouest de l’île de Madagascar, des deux côtés de l’embouchure de la rivière Tsiribihina, les mangroves de la région de Menabe sont d’une importance cruciale pour les populations locales. Les habitants en dépendent pour s’alimenter, se chauffer, construire leurs habitations et même se soigner.
Les mangroves jouent également un rôle fondamental dans la résilience des écosystèmes face au changement climatique et dans la stabilisation des zones côtières. C’est aussi grâce à ces écosystèmes uniques que poissons et invertébrés migrent vers les récifs et la haute mer afin de s’y réfugier pour se nourrir et se reproduire. Indispensable, ce paysage n’en est pas moins menacé.
Les bouleversements climatiques, ainsi que l’exploitation non durable, l’endommagent. Et c’est l’ensemble des services écosystémiques rendus aux communautés riveraines qui est mis en péril…
Selon la FAO, 3,6 millions d’hectares de mangroves ont été perdus depuis 1980, soit 20% de la superficie totale des mangroves dans le monde.
Capitaliser sur les mangroves
Au total, plus de 50 000 hectares de mangroves sont protégés
Depuis 2007, nous travaillons avec les communautés locales de Madagascar pour préserver et restaurer les mangroves dans les régions de Menabe, Melaky et Diana. Concrètement, nous les accompagnons en les incitant à se structurer en COBA, Communautés locales de base, afin de se voir confier en propre par l’Etat la gestion de leurs ressources naturelles. Au total, plus de 50 000 hectares de mangroves sont protégés au moyen d’initiatives de gestion communautaire sur l'ensemble du territoire national.
Autour du site de kivalo, les mangroves s'étendent sur près de 5 000 hectares et comptent parmi les forêts bleues les plus saines et les mieux préservées du Menabe. Depuis, les conditions de vie des villageois se sont améliorées. Ils ont désormais accès à l’eau potable et bénéficient d’installations sanitaires ayant largement contribué à l’amélioration de leur santé.
Les paysages de mangroves constituent également un atout touristique qui fait vivre de nombreuses familles. Sur un air de Reggae et avec leur combi Volkswagen, les éco-guides de Kivalo emmènent les visiteurs au cœur des forêts bleues à la découverte des oiseaux aquatiques.
Replanter pour faire renaître
Plus de 500 kg de graines d’Avicennia marina ont été larguées par drone sur le site d’Antsogno à Kivalo.
La campagne de reboisement se poursuit dans la région Menabe. Mais cette fois, la méthode utilisée est un peu moins traditionnelle.
Le mois dernier, plus de 500 kg de graines d’Avicennia marina, palétuviers noirs typiques des forêts de mangroves, ont été larguées par drone sur le site d’Antsogno à Kivalo. Cette méthode de reboisement innovante permet de restaurer une surface plus large, dans un laps de temps très court, avec un minimum de ressources humaines. 50 hectares ont ainsi rapidement été quadrillés. La technique permet également de renforcer les efforts de restauration et de reforestation des mangroves dans les zones difficilement accessibles par les communautés.
Avicennia marina est l’espèce la plus adaptée au largage par drone en raison de la morphologie arrondie de sa graine. Elle est également tout à fait appropriée pour le site choisi car elle résiste bien à la forte salinité et à la texture particulière des sols d’Antsogno.
Dans les zones situées à proximité du largage par drone, plus de 400 personnes se sont mobilisées, plantant de leur côté environ 450 000 propagules de Ceryops tagal et de Rhizophora mucronata sur 50 hectares de mangroves moyennement dégradées.
Ce sont ces espèces de mangroves que la population locale utilise le plus pour la construction des cases. Mais opter pour les propagules de Rhizophora mucronata, c’est aussi contribuer à améliorer le stock de produits halieutiques, assurer la durabilité de la pêche et soutenir le développement local.
En effet, les racines de Rhizophora mucronata servent de nurserie pour les poissons, les crevettes et les crabes. Elles jouent donc un rôle central dans l’écosystème et, par conséquent, dans l’économie locale.
Entités gouvernementales, autorités locales, forces de l’ordre, services techniques déconcentrés, partenaires techniques et financiers, communautés locales et WWF ont œuvré côte à côte pour la reforestation et la restauration des mangroves de la région Menabe. Cette action collective contribuera notamment à l’atteinte de l’objectif 2030 de restaurer 4 200 hectares de mangroves dégradées dans le paysage Manambolo-Tsiribihina dans le cadre de l’initiative « Mangroves pour les communautés et le climat ».