Des ponts suspendus pour aider la faune à traverser
Au cœur de l’Amazonie, à cause de nos infrastructures, certaines espèces voient leurs déplacements contraints, voire empêchés. D’où l’idée d’aménager des zones de passage en hauteur, dédiées aux animaux, pour leur rendre une liberté de mouvement indispensable à leur survie !
Pour approfondir le sujet :
Effet PandaDes infrastructures mal planifiées
L’Amazonie héberge une biodiversité phénoménale : 40 000 espèces de plantes, 3 000 espèces de poissons d'eau douce et plus de 370 de reptiles, soit une espèce sur dix connues sur Terre.
L’Amazonie héberge une biodiversité phénoménale : 40 000 espèces de plantes, 3 000 espèces de poissons d'eau douce et plus de 370 de reptiles, soit une espèce sur dix connues sur Terre. Hélas, dans cette écorégion exceptionnelle, comme partout ailleurs, la démographie humaine augmente.
Pour satisfaire des besoins croissants en nourriture et en espace, l’humanité empiète chaque jour un peu plus sur les milieux naturels. Des hommes et des animaux vivant autrefois séparés sont désormais contraints de partager territoire et ressources dans un contexte de rivalité souvent intense.
Si elles sont essentielles au développement des activités humaines, les infrastructures énergétiques et de transport peuvent causer des effets pervers lorsqu’elles sont inadaptées. Dans le bassin amazonien, c’est le cas de certaines routes qui offrent la possibilité d’exploiter illégalement des forêts jusqu’alors inaccessibles et fractionnent les territoires, perturbant leur connectivité.
Certains animaux n’ont tout simplement pas les capacités évolutives pour descendre de la cime des arbres et marcher sur le sol. Ce qui pose problème car beaucoup de ces espèces arboricoles dispersent leurs graines et la forêt dépend de ce service pour sa régénération.
Concilier développement humain et protection de la nature
Nous veillons à ce que la dégradation, la fragmentation des milieux forestiers ainsi que la dégradation des rivières soient minimisées au sein d’un écosystème amazonien qui a déjà perdu près de 20% de sa surface totale !
Le WWF œuvre en Amazonie depuis 40 ans pour protéger les forêts, les espèces et les personnes qui y vivent. Avec les communautés locales, les ONG partenaires, les entreprises et les gouvernements, nous veillons à ce que la dégradation, la fragmentation des milieux forestiers ainsi que la dégradation des rivières soient minimisées au sein d’un écosystème amazonien qui a déjà perdu près de 20% de sa surface totale !
A travers le programme ARPA (Aires Protégées de la Région Amazonienne), WWF s’efforce de créer un réseau de parcs s’étendant sur 150 millions d’hectares de forêt. Face au défi colossal de protection de l’Amazonie, nous participons au développement de nombreux projets de terrain, en Colombie, Bolivie, Guyane, au Pérou et au Brésil. Notre objectif ? Répondre aux exigences de développement durable et de protection de la nature.
Rendre leur liberté de mouvement aux animaux
Les ponts suspendus constituent une mesure d'atténuation essentielle pour restaurer la connectivité de la canopée pour la faune arboricole de l'Amazonie
Nous sommes dans la région de Madre de Dios au sud du Pérou, en plein cœur de la forêt amazonienne. Vania Tejeda, Responsable Faune Sauvage au sein du WWF Pérou se hisse le long de la corde. Harnais cerclé autour de la taille, mousquetons qui pendent et casque vissé sur la tête, la voilà qui grimpe à près de 20 mètres de haut dans la canopée de la forêt tropicale.
Sa mission ? Vérifier l'efficacité des ponts suspendus installés par ses équipes en observant combien d'animaux et d'espèces les utilisent et à quelle fréquence. Ces ponts sont fabriqués avec des cordes en polypropylène et des tubes en PVC capables de résister à la chaleur intense de l'Amazonie.
Ils constituent une mesure d'atténuation essentielle pour restaurer la connectivité de la canopée pour la faune arboricole de l'Amazonie, comme les porcs-épics, les paresseux et les singes, dont les territoires sont désormais fragmentés en raison du développement de nos infrastructures.
Une seule route peut isoler un animal de son abri, de ses ressources alimentaires et de ses partenaires potentiels, entravant la vie quotidienne et divisant les espèces en sous-populations distinctes au point de diminuer considérablement la diversité génétique.
Pour Vania, la première étape consiste à vérifier les pièges photographiques qu'elle a placés de chaque côté des ponts de canopée de Maderacre, une forêt qui s'étend sur plus de 220 000 hectares. Elle doit changer leurs piles et récupérer les images qui éclaireront ses recherches. Grâce aux pièges photographiques, nous savons désormais que les singes ont tendance à se sentir plus à l’aise sur les ponts équipés de filets entre les barreaux, tandis que les kinkajous préfèrent, eux, les structures avec des cordes épaisses formant des X entrecroisés.
Depuis 2022, Vania et ses équipes ont déjà installé près de 20 ponts à canopée au-dessus des routes forestières dans le cadre de Forests Forward. Ce programme phare du WWF pour l’action des entreprises en faveur de la nature, des personnes et d'un climat sain est soutenu par HP Inc.