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05. avril 2024

Du braconnage à la protection des gorilles

C’est l’histoire d’une formidable reconversion. En Ouganda,  dans le parc national de Bwindi, des agricultrices militantes transforment des braconniers en fervents défenseurs des grands singes. 

En sursis

Nous partageons 98% de nos gènes avec le gorille.

« L'extraordinaire gentillesse du gorille adulte envers ses petits apporte un démenti formel au mythe de King Kong », écrivait Dian Fossey, la primatologue américaine qui a été assassinée par des braconniers. Grâce à ses travaux, nous avons appris beaucoup sur ce grand singe dont le regard nous interpelle, tant il ressemble au nôtre. Et pour cause !

Nous partageons 98% de nos gènes avec le primate. Il est l’un de nos plus proches cousins. Pourtant, nous le condamnons peu à peu.

Du fait de la disparition et de la fragmentation de son habitat, le gorille a perdu une grande partie de son espace vital qui disparaît sous la pression de l’agriculture, de l’exploitation forestière, de l’élevage, de la construction routière et ferroviaire, ou encore des forages pétroliers et gaziers et de l’exploitation minière. Nombre de ses congénères ont succombé à des maladies transmises par l’homme et son braconnage se poursuit à un rythme effréné.

Si rien n’est fait pour réduire rapidement les pressions humaines qui pèsent sur les primates et sur leur habitat, nous assisterons à une extinction de masse de ces animaux emblématiques.

À la rescousse des primates

Les 10 pays, dans lesquels vivent les gorilles, font partie de l'Accord Gorilla, qui les oblige à travailler ensemble pour lutter contre les menaces auxquelles les animaux sont confrontés sur leur sol.

Depuis 50 ans, les gorilles constituent une espèce prioritaire pour le WWF.

Lutte active contre le braconnage, plaidoyer continu pour l’extension des zones protégées et promotion d’une exploitation responsable des ressources de la forêt, nous mettons tout en œuvre pour préserver les primates et leur habitat.

Nous nous mobilisons pour faire cesser le commerce illégal de produits issus de gorilles et agissons pour impliquer un maximum les communautés locales et internationales dans la protection des grands singes.

Dans l'arène politique, nous plaidons pour la mise en œuvre de politiques ambitieuses, à l’instar de l’Accord Gorilla, entré en vigueur en juin 2008. Il est le premier accord à obliger légalement les gouvernements des 10 pays où vivent les gorilles à travailler ensemble pour lutter contre les menaces auxquelles les animaux sont confrontés sur leur sol.

Non seulement ces programmes de conservation bénéficient aux grands singes, mais ils profitent également aux milliers d’autres espèces d’animaux et de plantes qui partagent leur habitat. 

Heureuse reconversion

Depuis le début de l’initiative, quarante braconniers environ ont déjà changé radicalement de point de vue sur les grands singes et troqué leurs pièges contre des paires de jumelles pour mieux observer les primates. 

Dans le cœur humide du parc national, bordant la forêt impénétrable de Bwindi, le village de Mpungu est connu en Ouganda pour être l’un des bastions les plus dangereux des braconniers.

Ces derniers n’hésitent pas à s’aventurer dans les zones strictement protégées. Ils installent des pièges à collet pour attraper des animaux sauvages et alimenter ainsi le trafic de viande de brousse.

Si les gorilles ne sont pas toujours leur cible initiale, les grands singes peuvent néanmoins faire les frais de leurs activités illégales, en succombant aux blessures provoquées par les pièges, ou en étant contaminés par des virus transmis par les personnes entrées sans précaution dans le parc. 

Pourtant, un groupe d’agricultrices s’efforce de redorer le blason de la localité, en militant activement contre le braconnage. Ces femmes, mères, filles ou épouses de braconniers pour la plupart, semblent résolues à écrire une autre histoire, tant pour les habitants de Mpungu, que pour les gorilles de montagne qui peuplent le parc.

Jusqu’à présent, l’International Gorilla Conservation Programme (IGCP), avec qui le WWF Belgique travaille depuis 2019, a déjà formé 26 femmes de Mpungu et ses alentours pour qu’elles deviennent de véritables ambassadrices de la protection des gorilles et de la faune environnante.

Une fois formées, ces femmes sensibilisent leur communauté, faisant du porte-à-porte pour alerter sur les dangers du braconnage et les bénéfices de la conservation pour les personnes vivant aux alentours du parc.

Depuis le début de l’initiative, quarante braconniers environ ont déjà “retourné leur veste”, changeant radicalement de point de vue sur les grands singes et troquant leurs pièges contre des paires de jumelles pour mieux observer les primates. 

L’IGCP a également apporté un soutien financier aux agricultrices de Mpungu pour investir dans la culture d'oignons.

Non seulement le projet a contribué à réduire les conflits entre les humains et la faune sauvage, car les oignons, contrairement à d’autres fruits et légumes cultivés dans la région, n’attirent pas les gorilles. Mais la récolte a été exceptionnelle, achevant de convaincre les braconniers repentis, qui avaient déjà renoncé à leurs activités illégales en échange d’une somme versée en dédommagement par l’IGCP.

Cette belle histoire nous montre une fois de plus l’importance d’intégrer les populations riveraines dans nos projets de conservation, en particulier les femmes, qui ont longtemps été exclues des initiatives locales, quelles qu’elles soient. 

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Gorille de montagne dans le Parc National des Volcans (Rwanda)

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