En Amazonie, l’or brun se met au vert
Consommer du chocolat sans consumer les forêts, c’est possible ! Certaines communautés équatoriennes utilisent la « Chakra », un système ancestral qui permet de concilier production de cacao et biodiversité florissante.
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Aujourd'hui, la popularité du chocolat n'a pas faibli, la production mondiale de fèves de cacao ayant quadruplé depuis 1960.
Dans l'ancienne culture maya, le cacao était considéré comme un don des dieux, on l’utilisait même comme monnaie, tant on estimait qu’il était précieux. Aujourd'hui, la popularité du chocolat n'a pas faibli, la production mondiale de fèves de cacao ayant quadruplé depuis 1960. Hélas, la majorité des produits chocolatés que nous trouvons dans les magasins ont conduit à une déforestation massive. De nombreuses entreprises cultivent le cacao en abattant des arbres ancestraux dans un système de monoculture intensive, qui dévaste les forêts du monde, exploite les producteurs, dont même parfois les enfants. L’expansion des cultures de cacao menace les forêts tropicales non seulement en Afrique de l’Ouest, mais aussi dans le bassin du Congo, le bassin amazonien et en Asie du Sud-Est. Véritable fléau pour la biodiversité, la disparition des forêts modifie également les climats locaux, affectant sévèrement les productions agricoles, y compris, comble de l’ironie, la culture de cacao…
Tracer la filière
Pour éviter que le cacao que nous consommons soit issu de plantations ayant causé la dégradation des forêts et la conversion d’écosystèmes, la traçabilité du produit est fondamentale. C’est pourquoi le WWF agit pour mettre en place des systèmes de surveillance utilisant la télédétection, la traçabilité et la transparence des chaînes de valeurs.
En Équateur, nous soutenons également les communautés dans le développement et l'amélioration des cultures agroforestières permettant de produire sans détruire les écosystèmes forestiers. Ainsi, le cacao pousse à l'ombre des arbres indigènes, ce qui produit une fève au parfum et à la saveur exceptionnels.
Enfin le WWF mène des actions de plaidoyer auprès des pouvoirs publics afin qu’ils adoptent une règlementation européenne ambitieuse, garantissant que les produits entrant sur le marché européen ne sont pas issus de zones déboisées ou converties.
Un cercle vertueux
Au nord de l’Equateur, dans la réserve de Cuyabeno et la province de Napo, le WWF soutient un projet de culture durable de cacao, véritable alternative à la production intensive qui génère déforestation et inégalités sociales.
Au nord de l’Equateur, dans la réserve de Cuyabeno et la province de Napo, le WWF soutient un projet de culture durable de cacao, véritable alternative à la production intensive qui génère déforestation et inégalités sociales.
Grâce au savoir ancestral des communautés locales, le cacao est cultivé au milieu d’arbres indigènes, comme le ceibo ou le guayacán, et avec d'autres plantes comme la guayusa, le manioc, le bananier ou la guaba. Ce système d’agroforesterie appelé « Chakra » (nom donné à la parcelle de culture traditionnelle) est basé sur la polyculture. En plus de maintenir la biodiversité locale, cette approche permet également l'autorégulation des ravageurs et des maladies. Il s’appuie sur l'association complémentaire des plantes et la conservation de la flore et de la faune locales, dont fait partie l’iconique jaguar. Ici, il n’est pas question de raser les arbres pour planter du cacao mais au contraire de les préserver afin de bénéficier des services écologiques qu’ils rendent au sein de leur écosystème.
En parallèle, nous aidons les producteurs à établir des liens commerciaux directs avec les entreprises du secteur du chocolat qui leur garantissent des paiements équitables et réguliers. Aujourd’hui, les acheteurs s’approvisionnent directement auprès de la communauté de Zancudo Cocha (qui a d’ailleurs obtenu la certification “Agriculture Biologique” en 2019), et ce, à un prix bien plus juste que la moyenne. Finalement, ce système profite à tous : la faune, la flore, l’économie locale… et nos papilles !