En Australie, la faune renaît de ses cendres
Quatre ans après les mégas-feux qui ont blessé ou tué près de 3 milliards d’animaux, la vie sauvage reprend peu à peu ses droits sur l’immense île-continent. C’est le programme de surveillance “An Eye on Recovery” lancé par le WWF Australie qui nous le dit…
Pour approfondir le sujet :
Effet PandaLa technologie à la rescousse de la faune australienne
Grâce à ces clichés, nous avons une vision plus complète des écosystèmes touchés, ce qui aide les experts à regénérer la nature.
Jetez donc un œil à cette irrésistible galerie de portraits ! Un koala fixant l’objectif, deux chiots dingo encore tout patauds, ou encore un wallaby portant son petit dans la poche…
Toutes ces photos, collectées grâce aux caméras déployées dans le cadre du projet “An Eye on Recovery”, au-delà de nous attendrir nous rassurent sur l’état de la faune australienne qui semble reconquérir, peu à peu, son milieu naturel. Grâce à ces clichés, nous avons une vision plus complète des écosystèmes touchés, ce qui éclaire la façon dont nos experts doivent travailler sur le terrain pour aider la nature à se régénérer. Les données de surveillance nous ont déjà permis de répondre aux questions que nous nous posions sur la statut de conservation d’espèces telles que le dunnart de Kangaroo Island en Australie-Méridionale, les wallabies à queue en brosse dans le Queensland et les koalas sur la côte nord de la Nouvelle-Galles du Sud. Les photos ont aussi guidé les experts pour savoir où et quand effectuer les brûlages dirigés des espèces envahissantes aggravant les effets des incendies. Demain, les données receuillies grâce au projet “An Eye on Recovery” nous aideront à prendre des mesures pour rendre la faune indigène plus résistante aux feux de forêt, comme, par exemple, l'augmentation de la connectivité des milieux afin que les animaux puissent facilement se déplacer des zones brûlées vers les habitats intacts.
Une hécatombe
Entre septembre 2019 et mars 2020, plus de 19 millions d’hectares sont partis en fumée.
Entre septembre 2019 et mars 2020, plus de 19 millions d’hectares sont partis en fumée. 34 personnes ont perdu la vie et près de 3 milliards d’animaux ont été tués ou ont dû fuir en urgence. L’Australie est un territoire fréquemment touché par les feux de brousse mais ceux-là ont été d’une ampleur anormale. Si le dérèglement climatique n’est pas à l’origine des incendies, il les attise. Une sécheresse exceptionnelle, un faible taux d'humidité et des vents forts ont été particulièrement propices au désastre.
Dans l’Etat de Nouvelle-Galles du Sud, 10 % de la surface des parcs nationaux a été détruite. Et sur les vingt-huit réserves classées au patrimoine mondial par l’Unesco, douze ont été touchées par les incendies. Parmi les victimes : des milliers de koalas et d’autres espèces emblématiques comme les kangourous, les wallabies, les cacatoès ou les méliphages. Les populations de certaines espèces étant déjà proches de l’extinction, de nombreux experts se sont alarmés du risque de les voir disparaître définitivement.
Un élan de générosité mondiale
En tout, plus de 1100 caméras ont été déployées à travers l'Australie, comme si des centaines d’yeux passaient au crible les paysages et leurs hôtes, 24 heures sur 24.
Suite à ces incendies catastrophiques, nous avons lancé un appel à dons qui nous a permis de collecter 1 million de dollars, finançant sur le terrain des soins de première nécessité à de nombreux animaux blessés. En parallèle, le WWF Australie et Conservation International ont bénéficié d’une subvention de 1 million de dollars, versée par la fondation philanthropique de Google, pour lancer le programme “An Eye on Recovery”, littéralement, “un oeil sur la guérison”. En tout, plus de 1100 caméras ont été déployées à travers l'Australie, comme si des centaines d’yeux passaient au crible les paysages et leurs hôtes, 24 heures sur 24.
Les millions d'images générées sont analysées par Wildlife Insights, une plate-forme cloud révolutionnaire développée par Google, ayant recours à l'intelligence artificielle et l’apprentissage automatique pour trier (3000 fois plus vite que les experts humains) les images susceptibles d’intéresser les chercheurs. L’objectif ? Surveiller la faune récemment impactée par les feux de brousse pour observer la façon dont elle se rétablit, dont elle se réapproprie l’espace dans son milieu naturel, lui-même aussi fortement altéré par les incendies.