Face au braconnage, la RDC riposte
Parc national de la Salonga : un braconnier recherché activement enfin arrêté et traduit en justice. Victoire pour la faune locale.
Braconnage : le fléau africain
La demande d’ivoire pour la fabrication d’objets de décoration, de bijoux et de bibelots est en train de pousser les éléphants au bord de l’extinction.
Au cœur de la République démocratique du Congo (RDC), le Parc national de la Salonga est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1984. Bonobos, éléphants et pangolins géants y ont élu domicile.
Mais malgré son immense superficie - 36 000 km2 - et son apparente inaccessibilité, depuis quelques décennies, le parc est confronté à de sérieuses menaces. Chasse et pêche incontrôlées, commerce de la viande de brousse, destruction et fragmentation de l'habitat faunique, mais surtout braconnage des éléphants, espèces phares du lieu. Dans le seul bassin du Congo, la population d’éléphant de forêt a décliné de 60% en 10 ans. Et à l’échelle du continent africain, ce sont près de 30 000 éléphants qui sont abattus chaque année pour satisfaire l’insatiable appétit de l’Asie pour l’ivoire. Aujourd’hui, le pachyderme est au bord de l’extinction.
Le degré et l’étendue de la violence perpétrée par les braconniers et les trafiquants sur les espèces sauvages menacent la paix, la sécurité, l’état de droit et les conditions de vie des populations.
Le WWF contre-attaque
Dans le cadre du Programme pour les grands singes d'Afrique du WWF (GRASP), un nouveau projet a été initié pour améliorer la surveillance et la protection des bonobos dans le Parc National de Salonga.
Si les acheteurs trouvent une autre façon d’exprimer leur statut social, la demande en ivoire baissera et le braconnage des éléphants cessera peu à peu. Le WWF est l’une des toutes premières organisations à s’être engagée dans la lutte contre le braconnage des éléphants, sur tous les fronts. D’abord, combattre le braconnage en s’attaquant à l’ensemble des acteurs de la filière : braconniers évidemment mais aussi intermédiaires, exportateurs, transporteurs et consommateurs. Le WWF joue un rôle déterminant dans la lutte contre le commerce illicite, notamment à travers TRAFFIC, le plus grand réseau mondial de surveillance du commerce lié aux espèces sauvages.
Nous nous mobilisons afin de faire appliquer la loi par le renforcement de la coopération internationale, l’élaboration d’une base de données d’ADN (pour confondre les braconniers) et par un contrôle renforcé aux frontières. Le WWF combat également les organisations criminelles, et la faiblesse des peines sanctionnant un commerce très lucratif. En parallèle, il s’efforce de faire évoluer les mentalités pour que le fait de posséder de l’ivoire ne soit plus synonyme de prestige.
Justice pour les animaux du parc
Les bonobos adultes alimentent un trafic illégal de viande de brousse, tandis que les plus jeunes sont vendus comme animaux de compagnie.
La République démocratique du Congo maintient le cap dans sa lutte contre le trafic illicite des espèces, comme en atteste l’arrestation d’un braconnier très recherché. Surnommé TK, l’homme a été capturé par les éco-gardes du Parc, puis transféré au Parquet du tribunal de paix d'Oshwe, dans la province de Mai-Ndombe. Placé sous mandat d'arrêt provisoire, de nombreux chefs d’accusation pèsent contre lui. Il est tout d’abord soupçonné d’avoir abattu pas moins de 8 bonobos, espèce pourtant intégralement protégée selon la loi du 11 février 2014 relative à la Conservation de la Nature. Trafiquant notoire d’armes à feu, il est également suspecté d’avoir tiré sur un hippopotame avec une arme de guerre. Il a été à plusieurs reprises à l’origine d’affrontements avec les rangers du parc. L’homme appartiendrait à un vaste réseau de contrebande impliqué dans le commerce illégal de gibier et le braconnage d’espèces sauvages protégées dans les forêts communautaires de la région.
La date de l’audience n’est pas encore fixée, il faudra donc attendre un peu avant de connaître le verdict. Mais quelle que soit l’issue du procès, cette arrestation est déjà en soi une bonne nouvelle car elle vient confirmer la volonté du gouvernement de RDC de mettre un terme au pillage de son patrimoine naturel, conscient que ce dernier constitue un bien inestimable, à la fois vestige de notre passé et gage de notre avenir.