Guépard sous haute surveillance
En Zambie, dans le parc de Liuwa, l’espoir renaît pour le guépard, félin le plus menacé d’Afrique. Une famille évolue sous le regard attentif des biologistes du Zambian Carnivore Programme, une ONG partenaire du WWF.
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Effet PandaUne faune prospère mais menacée
Des zèbres y côtoient des antilopes et des grands carnivores, tels que des lions, des lycaons, des hyènes… Et des guépards.
Difficile d’accès, le parc national de Liuwa est situé à l’ouest de la Zambie, près de la frontière angolaise. Ses vastes plaines disparaissent sous les eaux de décembre à avril, avant que leur sol sablonneux ne les redirige vers le fleuve Zambèze. Des paysages qui s’étendent à perte de vue, offrant des couloirs de migration idéaux pour une une myriade d’espèces, comme les gnous, par exemple. Des zèbres y côtoient des antilopes et des grands carnivores, tels que des lions, des lycaons, des hyènes… Et des guépards, félins qui ont disparu de 13 pays en à peine 50 ans !
En cause, un braconnage intensif mais aussi la dégradation des habitats naturels, le changement climatique, ainsi que les conflits liés à la cohabitation entre les humains et les animaux sauvages qui continuent de saper le travail de conservation des espèces. Des sécheresses répétitives ont par exemple amené les populations locales à entrer en concurrence directe avec la faune sauvage pour les ressources en eau au cours des dernières années.
Main dans la main avec les populations locales
La Zambie consacre plus de 30 % de son territoire à un réseau d’aires protégées _ dont 20 parcs nationaux _ où la faune sauvage évolue en toute liberté.
La Zambie consacre plus de 30 % de son territoire à un réseau d’aires protégées _ dont 20 parcs nationaux _ où la faune sauvage évolue en toute liberté. Afin d’aboutir à une gestion opérationnelle de ces aires protégées et d’améliorer la connectivité entre elles, le WWF Belgique et les partenaires locaux, dont l’ONG African Parks, travaillent ensemble. Avec les communautés locales, nous nous efforçons d’améliorer les pratiques d’agriculture, de pisciculture et d’apiculture, tout en réduisant les conflits entre les humains et les animaux. La construction de puits équipés de pompes solaires dans le parc de Silowana Complex permet, par exemple, de stabiliser le niveau des bassins d’eau de pluie existants pendant la saison sèche mais aussi d’approvisionner en eau la partie centrale du parc, particulièrement aride, pour les espèces sauvages, contribuant ainsi à réduire la concurrence pour l’eau douce entre humains et animaux. La surveillance aérienne, quant à elle, facilite la cartographie des voies de migration des espèces, ce qui permet d’anticiper et de réduire les conflits entre les humains et les animaux.
Colliers GPS contre pièges à collet
Grâce aux colliers GPS, les biologistes de terrain recueillent des données précieuses sur les fauves et vérifient s'ils ne sont pas pris dans des pièges à collets.
Depuis 2003, l’horizon s’éclaircit pour le guépard. L’espèce qui avait été quasiment décimée connaît un rétablissement spectaculaire à la faveur des réintroductions et des mesures de protection largement accrues. Liuwa abrite notamment aujourd’hui la deuxième plus grande population de guépards de Zambie.
Mais les pièges à collets, disposés par les irréductibles braconniers toujours actifs dans la région, demeurent l’une des principales menaces pour le félin. Pour protéger les guépards, notre partenaire Zambian Carnivore Programme (ZCP) les équipe de colliers GPS. Grâce à ces équipements, les biologistes de terrain recueillent des données précieuses sur les fauves et vérifient s'ils ne sont pas pris dans des pièges à collets. Sur les 20 guépards qui vivent dans le parc de Liuwa, 8 portent des colliers GPS. Lorsqu’un animal est pris dans un piège, les vétérinaires du ZCP sont prêts à intervenir pour le libérer. Ces colliers GPS leur permettent aussi de garder un œil sur les guépards qui quittent le parc.
En 2022, une femelle guépard a franchi la frontière avec l'Angola, avant de retourner à Liuwa donner naissance à des guépardeaux. La population de guépards est si réduite que chaque naissance compte ! Aujourd’hui, cette femelle est la seule mère repérée dans le parc, elle mérite donc toute notre attention. Nous suivons ses déplacements et partageons nos informations avec nos biologistes qui contrôlent son état chaque semaine. En veillant à sa sécurité, nous veillons aussi à celle de ses petits. Ces derniers, lorsqu’ils seront en âge de se reproduire, pourraient jouer un rôle important dans la reconstitution d’une population viable de guépards à Liuwa.