Heureux événement chez le renard d’Arctique
En Finlande, le renard polaire s’est reproduit pour la première fois dans la nature depuis 25 ans.
L’espèce a bénéficié des efforts de conservation déployés mais aussi du retour aussi providentiel que spontané de ses proies favorites.
Pour approfondir le sujet :
Effet PandaUn habitat bouleversé
C'est le nombre de renards arctiques adultes vivant actuellement en Norvège, en Suède et en Finlande.
En hiver, il enroule sa queue touffue autour de lui comme une écharpe pour affronter les températures glaciales. Sa fourrure épaisse et blanche lui permet de résister jusqu’à -50°C. En été, son pelage, plus fin, vire au gris-brun pour mieux se fondre dans le paysage.
Opportuniste, le renard d’Arctique emboîte souvent le pas à un ours polaire pour se délecter des restes de ses proies.
Les peuples nordiques continuent de chasser l’animal car il demeure un gibier terrestre prisé. La baisse du nombre de rongeurs, ses proies favorites et la concurrence croissante que lui livre le renard roux, poussé vers le nord par le réchauffement, mettent sa survie en péril. Mais la plus grande menace pesant sur l’espèce, c’est bien le changement climatique, qui bouleverse son habitat. Si la glace fond plus rapidement, la quantité de nourriture disponible pour le renard polaire diminue également.
Dans les pays scandinaves, sa population continentale est en déclin. En Finlande, l’animal est classé dans la catégorie des espèces en danger critique d’extinction.
Au début des années 2000, l'ensemble de la population de renards arctiques nordiques a atteint un niveau historiquement bas, avec environ 100 individus adultes. Actuellement, la Norvège, la Suède et la Finlande comptent environ 450 renards arctiques adultes.
Mettre l’Arctique à l’abri
L’Arctique, incluant la mer de Beaufort et la mer des Tchouktches, voit aujourd'hui son avenir menacé par les changements climatiques, l'exploitation minière, le commerce maritime, les exploitations gazières et pétrolières, ainsi que la pêche excessive dans certaines zones clés.
Dans la région, les températures augmentent deux fois plus vite que dans le reste du monde. Face à l’ampleur des risques, le WWF - membre actif du conseil de l'Arctique (États-Unis, Canada, Russie, DK, Norvège) - recommande de ne pas exploiter les ressources naturelles présentes dans la région.
Nous militons sur différents points cruciaux, parmi lesquels le développement des recherches scientifiques, la création de meilleurs outils technologiques pour intervenir en cas de déversement, la définition de zones « interdites » pour protéger les secteurs où vivent des espèces sauvages vulnérables et la promotion de mesures de prévention anti-déversement. Le WWF lutte également contre les prises accidentelles et la pêche illicite non déclarée et non réglementée dans le cadre de l’initiative « Fish Forever ».
Carnet rose pour les renards polaires
C'est le nombre de nouvelles naissances de renardeaux d'Arctique recensées dans la région chute d'Enontekiö.
Pour la première fois depuis 25 ans, en Finlande, le renard polaire s’est reproduit dans la nature ! La dernière fois qu’un renard polaire s’était reproduit dans la nature en Finlande, c’était en 1996 à Utskokin, au nord-est de la Laponie, à la frontière norvégienne.
Alors, quand les équipes ont mis en évidence la présence de trois nouveaux petits dans la région chute d'Enontekiö, il y a quelques semaines, la nouvelle a été accueillie avec un immense enthousiasme. Il faut dire que cet heureux événement vient récompenser un travail de longue haleine.
Depuis plus de vingt ans, le WWF et les experts des parcs nationaux installent des distributeurs d’aliments dans les zones où se trouve le renard polaire et à proximité d'anciens sites de reproduction. Les distributeurs ont été conçus de manière à ce que les renards roux, ses principaux concurrents pour la nourriture, ne puissent pas les utiliser. Ce dispositif d’alimentation complémentaire vise à augmenter les chances de survie des renards polaires et de leurs petits, en particulier durant les années où les effectifs des campagnoles, leurs proies favorites, sont faibles.
Le renard polaire étant bien entendu totalement hermétique à la notion de frontière terrestre, des travaux de conservation sont menés en étroite collaboration avec les pays limitrophes.
En Norvège, l’un des projets phares consistait à remettre dans la nature des animaux nés en captivité, aux abords de la frontière finlandaise. Pour l’heure, on ne sait pas encore si le mâle ou la femelle du couple qui vient de se reproduire appartient à ce groupe. Les échantillons d'ADN collectés, qui seront analysés prochainement, vont nous permettre d’élucider ce mystère.
En attendant, la reconquête d’une espèce qui avait cessé de se reproduire est porteuse d’espoir, d’autant qu’elle survient à un moment où le changement climatique s’accélère.
Si les efforts de conservation déployés ne sont évidemment pas étrangers à ce succès, force est de reconnaître que la nature a donné un petit coup de pouce. En effet, depuis 2007, les cycles de population des campagnols, sont redevenus réguliers, alors que dans les années 80, pour une raison inconnue, ils avaient brusquement disparu.