Île des Galápagos : 36 tortues retrouvent la liberté
Une trentaine de tortues géantes, élevées en captivité, viennent d’être réintroduites dans leur habitat d’origine sur l’île San Cristobal de l’archipel. Petit à petit, l’espèce reconquiert son milieu naturel.
Une espèce vulnérable
Dans de nombreux pays, les tortues sont braconnées, puis « empaillées » et vendues comme souvenir aux touristes
Partout dans le monde, les effectifs des tortues sont en baisse… Elles peuplent la terre depuis plus de 200 millions d’années. Elles ont côtoyé les dinosaures et surmonté toutes les crises climatiques. Mais après tant de chemin parcouru sans encombre, voici que l’homo sapiens - encore lui ! - met leur survie en péril. Dans de nombreux pays, les tortues sont braconnées, puis « empaillées » et vendues comme souvenir aux touristes. D’autant que, lentes et profondément pacifistes, elles sont faciles à capturer. Leurs œufs, soi-disant “aphrodisiaques”, sont mangés crus. Malgré les réglementations visant à protéger les tortues, en vigueur dans nombre de pays, la vente illégale de viande et de carapaces continue à prospérer.
L’archipel des Galápagos, doté d’un parc national et d’une réserve marine, héberge de nombreuses espèces animales et végétales uniques au monde. Le site est inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco. Mais les tortues n’y sont pas plus en sécurité qu’ailleurs. Si autrefois la région abritait quinze espèces différentes, à la fin des années 1800, les baleiniers ont importé une série de ravageurs envahissants qui ont finalement surpassé les tortues. Résultats : les effectifs ont chuté et plusieurs espèces se sont éteintes.
Protéger les doyennes de l’humanité
Aux îles Galápagos le WWF travaille aux côtés des autorités locales afin de combattre les menaces auxquelles la région doit faire face.
Depuis plus de 40 ans, le WWF soutient les efforts de conservation dans les îles Galápagos pour préserver l’intégrité écologique de l’archipel. Pour cela, nous travaillons avec les autorités locales pour développer la recherche scientifique, améliorer la gestion du parc national et de la réserve marine et combattre les menaces auxquelles la région doit faire face : espèces exotiques introduites, braconnage, pêche excessive, tourisme et agriculture non responsables...
Face à la prédation que l’homme exerce sur la faune et la flore, nous soutenons l’application des lois existantes régissant le commerce des espèces sauvages et contribuons à la formation des patrouilles de surveillance et au financement de leurs équipements. Avec TRAFFIC (réseau international de surveillance du commerce des espèces), nous menons des campagnes de sensibilisation pour convaincre les consommateurs de renoncer à acheter des produits dérivés d’espèces menacées.
Le goût de la liberté
L'archipel des Galápagos abriterait 6 700 tortues géantes (Chelonoidis nigra) à l'heure actuelle.
Depuis les années 1960, de nombreux efforts de conservation ont été menés dans le but d’aider à restaurer les populations de neuf des onze espèces survivantes. Trois centres dédiés aux tortues ont été fondés, tous gérés par la Direction du parc national des Galápagos. Grâce aux efforts de ces trois structures, on estime aujourd’hui à environ 6 700 le nombre de tortues géantes en liberté dans l’archipel. Il y a quelques mois, le centre de San Cristóbal, qui depuis sa création en 2004, se consacre spécifiquement à la restauration des effectifs de l’espèce Chelonoidis chatamensis, a relâché 36 spécimens dans la nature. Les nouvelles arrivantes ont entre six et huit ans. Elles sont donc très jeunes et ne pèsent que cinq kilos. Mais à l’âge adulte, certaines d’entre elles pourraient atteindre jusqu’à 250 kg.
Dans la nature, le taux de mortalité des jeunes tortues est très élevé, en particulier durant les deux premières années, principalement en raison du manque d’eau et de nourriture. Les nouveau-nés sont également des proies faciles pour les prédateurs. Une fois qu’une tortue atteint l’âge de cinq ans, elle a plus de chances de survivre jusqu’à sa maturité. Élever ces jeunes reptiles en captivité permet donc de les mettre à l’abri durant les premières années où ils sont si vulnérables et de les relâcher dans la nature quand ils sont mieux armés. Cela augmente leurs chances de survie et permet donc de reconstituer plus rapidement les effectifs de cette espèce fragilisée. Analyses de sang et de selles, relevés de températures et de rythmes cardiaques ont permis d’exclure toute maladie ou présence de parasite avant la réintroduction. Les 36 tortues sont en excellente santé. Elles rejoignent les 75 autres Chelonoidis chathamensis relâchées ces huit dernières années sur l’île de San Cristobal. Souhaitons leur longue vie !